[Tribune] Retraites, du temps subi au temps choisi.

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Pouvions-nous attendre autre chose qu’une réforme injuste de l’équipe de MM. Sarkozy, Fillon et Woerth ? Non.  


 

Pouvions-nous attendre autre chose qu’une réforme injuste de l’équipe de MM. Sarkozy, Fillon et Woerth ? Non. Au mépris des plus pauvres, elle affaiblit le système de répartition, socle indispensable de la solidarité nationale qu’elle fait voler en éclats. Et surtout, en aucun cas on essaie d’imaginer de nouvelles vies. On nous les découpe en tranches : éducation, travail, retraites, sans jamais penser que ça pourrait être autrement, parce que nous voulons vivre autrement. Toujours les mêmes vieilles lunes : des façons de penser, des façons de vivre qui ne correspondent pas à nos réalités, et encore moins à nos aspirations.

 

Premier débat, les temps de vie. Découpés en tranches, des séquences figées entre « temps d’éducation » / « temps de travail » / « temps de retraite ». Alors qu’elles changent, nos vies : la formation ne se contente plus d’un temps « initial » puisque nous tendons vers la formation tout au long de la vie ; le travail n’est plus uniquement et linéairement de type « salariat », et on invente heureusement chaque jour de nouvelles façons de « gagner notre vie » sans la perdre ; et enfin la retraite des « petits vieux » et des « pensionnés » d’hier n’a plus beaucoup à voir avec l’engagement très actif des « seniors » d’aujourd’hui.

 

Le plus grave dans tout ça est qu’on est qu’on nous contraint à raisonner en temps subi et jamais en temps choisi : vieille dictature des temps et des statuts, que ne résume certes pas la seule question de la retraite à 60 ans, mais qui s’y cristallise quand-même. Plutôt que de compter les trimestres et de s’arc-bouter sur des calculs qui seront toujours défavorables aux salariés -d’autant plus pour ceux d’entre eux qui se situent sur le bas de l’échelle des revenus- essayons de penser autre chose, de penser autrement..

 

L’autre débat, également escamoté dans cette affaire, est celui du salariat. Alors que depuis longtemps –André Gorz en reste la référence – on a heureusement lancé la réflexion sur le « revenu d’existence » : dire que nous ne sommes pas des machines et que le revenu peut se fonder sur autre chose que le rapport à une contribution strictement « productive » relèverait donc encore de l’utopie ? Assumons-la ! Revendiquons-la !

 

Nous, écologistes, sommes sans doute les mieux placés pour ouvrir ce débat. Avec Europe Écologie, nous sommes en train de construire une autre voie – voix –, une autre façon d’envisager le monde dans toutes ses dimensions, affrontant le social et l’économique en incluant la question de l’écologie entendue au sens du bien-être et de la qualité de vie. Nous tâchons d’inventer de nouvelles façons de faire tourner la mécanique du monde – « L’écologie à l’épreuve du pouvoir » s’interrogeaient les récentes journées d’été d’Europe Écologie à Nantes…

 

Dans notre grand projet de transformation écologique et sociale de la société, nous proposerons des réponses innovantes pour la nécessaire réforme des retraites et nous continuerons à construire une vraie politique de l’emploi, basée sur le partage des richesses et du travail. Les Etats généraux de l’emploi et de l’écologie, programmés cet automne dans la France entière, seront l’occasion, avec tous les acteurs sociaux et environnementaux, de formuler des réponses vraiment nouvelles pour imaginer l’avenir de notre société.

 

Jean-Philippe MAGNEN Vice-Président Région Pays de la Loire, Groupe « Europe Ecologie »

Marie-Pierre BRESSON Adjointe au maire de Lille, Groupe « Les Verts »

 

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