Pour inverser la courbe du chômage, il faut des politiques de l’emploi et de la formation ambitieuses, créatives et vraiment nouvelles !

Logo EELV CR PDL

Oui, M. Le Président Hollande, à votre agenda de deux ans pour inverser la courbe du chômage et réussir le changement. Il y a en effet urgence d’une mobilisation nationale.

Mais notre conviction est que les réponses traditionnelles ne suffiront pas. Depuis trente ans, nous avons observé une litanie de « contrats aidés » dont l’impact a varié selon la pertinence des gouvernants du moment… Félicitons-nous en tous cas que le rôle de la puissance publique – tenter d’accompagner les personnes laissées de côté de la route de l’emploi, pour ne pas dire tombées dans le fossé – fasse dans notre pays à peu près consensus. Et parions que les Contrats d’Avenir et les Contrats de Génération en train d’être élaborés figureront parmi les mesures les plus efficaces. Mais posons pour autant la question de l’évaluation et de l’efficacité durable de ce type de dispositifs, en prenant le risque d’une réflexion sur le structurel de l’emploi dans notre société.

Il faut en effet tout changer, ou presque. Projetons-nous vers la société de demain plutôt que de se contenter d’accompagner celle d’hier. Les modèles économiques et sociaux évoluent, inventons à l’unisson une autre façon de concevoir les politiques de l’emploi et de la formation.

Les écologistes pensent ainsi que le principal levier de création d’emplois durables est d’accompagner la transformation écologique et sociale de l’économie. Nous ne sommes pas seuls à mener cette analyse : selon le Conseil d’Analyse Stratégique*, les prochaines créations d’emplois seront écolos ou ne seront pas : « 783 000 emplois seraient créés dans le secteur marchand de 2011 à 2016″. En y ajoutant le secteur non-marchand, on voit bien que sont confortées nos estimations d’1 million d’emplois nets créés d’ici 2020 dans l’ »économie verte » et le « vivre mieux ». A long terme, la prévision la plus optimiste du Conseil d’Analyse Stratégique estime une baisse du chômage à 6,3%, grâce, notamment, à « la transition verte » qui s’appuie sur des « gains d’efficience (énergétique notamment) », sur « l’éclosion de nouveaux besoins et services, et à une montée en gamme des biens durables (hausse du confort thermique des logements) » et « des investissements publics spécifiques favorables au développement de nouveaux biens et services (infrastructures pour les services de mobilité) ».

Pour entamer le changement en profondeur des politiques de l’emploi et de la formation, nous proposons trois ré-orientations fortes, appuyées naturellement sur les réformes que lance la majorité et sur le choix d’un ancrage de proximité des décisions, notamment au niveau régional.

1. La banque publique doit investir en majorité dans les secteurs d’avenir.

Avec ce nouvel outil, misons enfin majoritairement sur la transformation écologique et sociale. Très concrètement, l’Etat doit imposer que plus de la moitié des 30 milliards d’euros de capacité d’intervention de la Banque Publique d’Investissement soit investie dans les secteurs d’avenir, le mieux vivre et l’économie verte. Chaque Région assumera ensuite la déclinaison de cette objectif en fonction des enjeux locaux et des atouts territoriaux, sur les nouveaux métiers (mobilité, services à la personne, énergie, animation culturelle, accompagnement social, distribution, alimentation…) et dans la transformation de secteurs tout entiers (naval, automobile, agriculture…), mais aussi dans la promotion d’un autre entreprenariat, plus collectif, de type économie sociale et solidaire, qui réinvente un modèle d’initiative économique et de circuits courts de réponse à la demande des citoyens.

2. Il faut ré-inventer le lien formation-emploi.

En formation initiale, les chiffres confirment que l’obtention du premier diplôme est encore plus fondamentale en temps de crise. Il faut innover sur la lutte contre le décrochage scolaire, en laissant carte blanche aux établissements scolaires et à leurs partenaires pour proposer de nouvelles solutions, qui ne considèrent pas seulement l’acquisition des savoirs, mais prennent en compte la globalité de la personne : le jeune, son estime de soi, sa famille et ses difficultés, ses envies. Passons aussi d’une orientation subie à une orientation choisie et éclairée sur les possibilités d’emplois. Il ne s’agit pas de céder à un quelconque adéquationnisme. Mais d’assumer, au moment où, dans certains quartiers, plus de la moitié des jeunes sont au chômage, qu’il est fondamental de commencer sa vie professionnelle par un emploi. Il faut également enfin démocratiser la formation continue, ne plus accepter qu’elle soit majoritairement destinée à ceux qui ont déjà les diplômes initiaux les plus élevés et qu’elle soit considérée par les entreprises, institutions et collectivités comme un véritable outil d’évolution professionnelle tout au long de la vie.

3. Il faut assumer de favoriser les filières locales dans les marchés publics.

Oui, nous préférons que l’argent public serve à soutenir le photovoltaïque français plutôt que le photovoltaïque chinois, et donc la création de valeurs et les emplois ici plutôt qu’ailleurs. Les filières industrielles des énergies renouvelables, et les filières vertes en général, doivent se développer sur le territoire. C’est aussi cela le « produire en France ». Nous devons maîtriser la concurrence des pays sans ou avec moins de normes environnementales ou sociales. En complément des nécessaires décisions au niveau européen, cela passe par une évolution d’urgence du code des marchés publics, que le gouvernement peut activer, pour favoriser – n’ayons pas peur des mots ! – le local pour les achats alimentaires, les matériaux de nos territoires pour l’éco-construction, etc.

Orienter délibérément et sans réserve les investissements publics sur la transformation écologique et sociale, expérimenter des actions locales qui renouent la formation et l’emploi, donner à l’économie créative locale les moyens de son essor… voilà quelques pistes structurantes qui participeront à coup sûr à faire reculer durablement le chômage.

 

* En janvier 2012, le CAS a produit 2 notes sur l’avenir de l’emploi en France. www.strategie.gouv.fr/Les-notes-d-analyses

 

Jean-Philippe Magnen, porte-parole d’EELV, vice-président de la Région des Pays de la Loire en charge des politiques de l’emploi, de la formation professionnelle et des métiers de demain

Matthieu Orphelin, vice-président EELV de la Région des Pays de la Loire en charge de l’éducation et de l’apprentissage

Laissez un commentaire

Remonter