« NOUVEAUX » INDICATEURS DE RICHESSES : APRES LA RESTITUTION, PASSONS A L’ACTION !

Après plusieurs mois de travail constructif et collaboratif entre associations, habitants, institutionnels et experts, une conférence régionale autour des « nouveaux indicateurs de richesse » a eu lieu le vendredi 16 septembre 2011,. Mais « nouveaux » est un bien grand mot ! Aujourd’hui, pour donner sens à ce projet et être vraiment innovants, il va falloir passer à l’action.

 

C’est à la Conférence de Rio, en 1992, que la nécessité de développer de nouveaux indicateurs de richesse a été reconnue, alors même que des indices sociaux étaient déjà apparus en même temps que nos classiques indicateurs économiques que sont le PIB ou le taux de croissance par exemple.

 

Politiques publiques et « nouveaux » indicateurs : un travail porté depuis des années par les écologistes !

 

En 2000, pour tenter de dépasser le paradoxe généré par les indicateurs indexés à la croissance et au PIB, et suite aux catastrophes de l’Erika ou de la vache folle qui ont considérablement fait augmenter le PIB français, le Vert Guy Hascoët, alors Secrétaire d’État sous le gouvernement Jospin, demande à Patrick Viveret un rapport sur la question des nouveaux critères et indicateurs de richesse.

 

A la même époque, dans les régions où sont élu-e-s des écologistes, le travail sur cette question commence. Ainsi en 2003, le Nord-Pas-de-Calais se lance dans l’aventure : établir de nouveaux indicateurs régionaux afin d’évaluer les politiques publiques et les confronter à une réalité qui ne soit pas purement économique mais aussi et surtout sociale et environnementale.

 

Ici même, en Pays de la Loire, dès le démarrage du travail sur l’Agenda 21 régional début 2009, le groupe des élu-e-s Verts avait demandé qu’un groupe de travail spécifique soit monté ; ce qui sera fait autour d’Hélène Combe, dont les écologistes apprécient d’ailleurs le travail.

 

Des indicateurs de richesse « classiques » en contradiction avec les priorités des ligériens.

La crise globale que nous traversons rend encore plus criante cette nécessite de s’appuyer sur de nouveaux indicateurs. Elle met en avant les limites des outils d’évaluation conventionnels. Car en effet, la méthode actuelle d’appréciation de notre richesse repose sur une logique de production matérielle et financière, sur une logique de valeur marchande. Le PIB, par exemple, calcule les transferts monétaires qu’ils soient issus de créations bénéfiques ou d’événements destructeurs (marée noire, accident nucléaire, etc.), ce qui a pour effet de déconnecter complètement l’information positive du PIB de la satisfaction réelle de la population. Un angle de vue que les écologistes défendent depuis plusieurs dizaines d’années. En bref : on peut aujourd’hui creuser un trou et le reboucher, et ainsi enrichir le PIB ! N’est-ce pas oublier que le bien-être, la santé, l’éducation, la culture, l’environnement, le lien social sont tout autant de richesses nécessaires qui ne s’obtiennent pas par l’avoir mais par l’être ?

 

Les ligériens ne s’y sont pas trompés : ils ont ensemble construit leur arbre des richesses tout au long du processus de concertation qui a eu lieu, associant presque 2 000 participants à plus de 160 débats, avec une base de 7 000 contributions.

 

Force est de constater que notre socle commun n’est pas la création de valeur ajoutée. Le travail réalisé conclut par exemple, dans l’arbre des richesses qu’il serait grave de perdre, que le socle minimum concerne l’environnement et la préservation de la biodiversité, ainsi que la liberté et le choix autonome. Dans l’arbre des richesses à transmettre, le socle minimum concerne les bonnes valeurs à léguer à nos enfants, ainsi qu’un monde vivable et une capacité d’insertion par le travail.

 De « nouveaux » indicateurs, oui, mais pour quoi faire ?

Les enjeux autour du travail initié par le Conseil régional sur les « nouveaux » indicateurs de richesse sont de taille.

 

Premier enjeu, celui de la gestion : remettre les hommes et les femmes au cœur de nos politiques publiques, réorienter ces dernières le cas échéant et mieux redistribuer les aides, de manière plus juste mais aussi plus économe.

 

Le second enjeu est celui de notre capacité à poser un autre regard sur le monde, à redéfinir ensemble la notion de progrès. Le développement (durable) est avant tout l’accroissement du bien-être pour le plus grand nombre possible d’êtres humains, aujourd’hui et demain. La définition elle-même du bien-être repose sur la capacité et la liberté pour les hommes et les femmes à se réaliser. Cela comprend en partie un aspect matériel mais aussi et surtout des conditions sociales, environnementales, sanitaires et psychologiques.

 

Le troisième enjeu, et sans doute le plus important dans la période que nous vivons, est celui de la démocratie. Les nouveaux indicateurs permettent la perception et la compréhension par toutes et tous de la situation et de ces implications. Ils nous offrent la possibilité d’évaluer les politiques publiques et l’évolution de la société. Ces indicateurs constituent ainsi des éléments pour la définition collective d’un monde commun, des conditions d’un bien vivre ensemble, plus en lien avec ce que sont les hommes et les richesses qu’ils produisent ou encore dont ils bénéficient ; des richesses qui ne sont pas forcément matérielles ou monétaires.

 

Le travail mené par la région depuis fin 2009, en collaboration étroite avec l’École des Mines de Nantes, l’Observatoire de la décision publique et plus largement avec les ligérien-ne-s, prend pleinement la mesure de ce troisième enjeu. En définissant tous et toutes ensemble ce qui fait richesse sur notre territoire, nous précisons les contours ce monde commun, nous redéfinissons ce qui fait sens, ce dont nous avons vraiment besoin. Le travail est bien sûr loin d’être terminé puisqu’il s’agit maintenant d’affiner ces indicateurs pour leur donner la place adéquate.

 

La conférence du vendredi 16 septembre a été une première étape pour porter un autre regard sur notre territoire et plus largement la société, une société qui n’est pas réduite à des mouvements d’argent et de produits mais une société plus authentique, où chacun se tourne vers l’autre, partage et trouve l’espace qui lui convient. A présent, il s’agit de passer à l’action et de donner corps à cette démarche. Bien entendu, nous n’allons pas nous construire de nouvelles œillères et ne faire que de l’environnement, de la culture, du lien social ou encore de l’éducation ! Mais nous devrons être vigilants à ce que chaque euro du contribuable dépensé nourrisse aussi ses aspirations profondes et intègre toutes ces dimensions. Si nous voulons aller jusqu’au bout de la démarche, la mise en œuvre des indicateurs de richesse s’accompagnera nécessairement de la mise en œuvre (enfin !) d’une véritable conditionnalité des aides, ainsi que de l’intégration concrète du développement durable dans l’ensemble de nos politiques (pour exemple, la démarche des établissements éco-responsables et l’innovation sociale, pilotées par les écologistes, se doivent d’être déclinées à l’ensemble des projets régionaux).

 

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