[C_PRESSE] Pêche au bar : il y a aussi urgence à soutenir la transition vers une pêche durable !
Ce matin, Christophe Clergeau allait à la rencontre des pêcheurs pélagiques pour réaffirmer le soutien des élus régionaux à leur égard et annoncer les mesures d’urgence qui seront prises. Si les écologistes se joignent à cette démarche, ils regrettent cependant que le vice-président du Conseil régional des Pays de la Loire n’ait pas rappelé le bien-fondé de la décision de la Commission européenne ni formulé des propositions pour accompagner les pêcheurs sur le long terme.
Comme nous l’avons exprimé la semaine dernière en séance plénière du Conseil régional, nous regrettons le caractère brutal de la décision de la Commission, prise dans l’urgence, sans anticipation et sans accompagnement des pêcheurs concernés. Elle met de fait des dizaines de pêcheurs et leurs familles en difficultés sociales et économiques.
Toutefois, le soutien de la Région en faveur des professionnels de la pêche pélagique n’aura de sens que si les mesures d’urgence sont associées à un accompagnement sur le long terme vers une réorientation des pratiques des professionnels de la pêche pélagique.
Car cela fait des années que les scientifiques et écologistes tirent la sonnette d’alarme : le prélèvement actuel sur la ressource en bar est quatre fois trop important par rapport à ce que la ressource peut supporter tandis que la pêche au chalut pélagique représente 25% de l’impact sur la ressource durant la période de reproduction. La situation est tellement critique que l’interdiction partielle de la Commission, aussi sévère soit elle, ne suffira même pas à atteindre le RMD (rendement maximum durable) en 2015 pour le bar : il faudrait pour cela, selon le Ciem (Conseil international pour l’exploration de la mer), diminuer de 70 % les captures.
De manière plus générale, nous appelons à regarder la réalité en face : celle d’une industrie de la surpêche largement subventionnée par les pouvoirs publics, qui surexploite les ressources halieutiques, ravage les écosystèmes et détruit emplois et savoirs-faire. Ces dix dernières années, on a enregistré 25 % de prises en moins et 30 % d’emplois supprimés.
Nous ne pouvons continuer à subventionner les logiques productivistes d’exploitation des ressources halieutiques et à soutenir sur le long terme des méthodes de pêche dévastatrices pour les ressources naturelles et les hommes et les femmes qui en vivent.
Il y a donc aussi urgence à bâtir non seulement un plan de gestion durable de la ressource en bars, mais aussi plus largement une politique commune de la pêche réellement soutenable, respectueuse des ressources naturelles, des hommes et de leurs savoirs-faire.
Bonsoir
ce texte me semble plus conforme à une position écologiste que la première version publiée, suite à l’intervention de S Bringuy en plénière.
je suis à votre disposition pour vous faire part de l’avis des pécheurs de loisirs.
laurent
Bonjour Monsieur,
Merci de votre réaction.
En ce qui concerne notre intervention sur le vœu, il faut la resituer dans son contexte. Nous avons reçu le mercredi pour le jeudi une proposition de vœu de l’UDI, en faveur du soutien aux pêcheurs pélagiques concernés par la décision de la Commission européenne. Ce vœu ne comportait aucune mention sur la situation grave de la ressource en bar, ni sur le manque de moyens scientifiques, ni sur le caractère discriminatoire de la mesure qui ne vise pas la pêche récréative (j’y reviens après).
Comme l’écologie se préoccupe aussi de l’humain, et que quoi que l’on pense de la pêche pélagique, les personnes impactées par la mesure ont des visages et des familles, ce vœu nous semblait le bienvenu sur le principe d’une aide régionale. Par contre, nous ne pouvions voter un vœu faisant silence sur l’état de la ressource en bar. Nous avons donc fait des propositions d’amendement qui ont été acceptées. C’est ce processus que nous mettons en avant dans mon intervention. Et effectivement, dans le feu de l’action, nous avons omis de rappeler quelques basiques, qui pour nous était évidents. Nous aurions pu faire un pas en arrière et nous rendre compte que nous avions le nez dans le guidon. Le titre initial de ce billet pouvait aussi être mal interprété. Nous l’avons changé pour lever toute ambigüité.
Notre position ne rejoint en rien celle des lobbies de la pêche industrielle, même si nous aurions dû, avec le recul dénoncer à nouveau les pratiques irresponsables et dévastatrices pour les écosystèmes marins. Car nous avons bien entendu en tête la position des experts d’EELV sur le sujet : renforcement de la sélectivité des techniques de pêche et moratoire sur les techniques les plus prédatrices, interdiction des pélagiques dans la zone des 12 milles, respect des repos biologiques, mise sous quotas de toutes les espèces pêchées et vendues, mise en place d’une politique communautaire de pêche responsable et durable… (cf. la fiche thématique produite par la commission nationale « Mer et Littoral » EELV : http://mer-littoral.eelv.fr/la-peche/).
Ce que nous dénonçons en revanche c’est le caractère brutal de la décision, prise dans l’urgence, sous la pression des Anglais, sans accompagnement des pêcheurs concernés, et qui va mettre de fait des hommes et leurs familles en difficulté. Nous dénonçons également son caractère discriminatoire puisque pour le moment seule la pêche pélagique est concernée par cette mesure d’interdiction, alors que les pêches au chalut de fond, au filet ou à la ligne impactent elles aussi lourdement les ressources.
Le chiffre de 25% des captures de bar par la pêche récréative est avancé par la Commission européenne (http://www.cpml50.fr/), sans préciser si c’est en période de reproduction. Le Parlement européen avance quant à lui le chiffre de 30% des captures professionnelles (http://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2014/529083/IPOL_STU%282014%29529083_FR.pdf), mais les chiffres disponibles restent imprécis, provisoires et surtout les distributions des tailles de capture sont très mal cernées, d’où notre demande de disposer de davantage de moyens pour l’évaluation des ressources, afin de pouvoir mettre en place les mesures les mieux adaptées.
Sur le caractère discriminatoire de la mesure, c’est un point soulevé par nos eurodéputés, que nous avons interrogés sur leur position. De leur point de vue, l’interdiction devaient concerner toutes les pêches. Mais les Anglais feraient un lobbying intense pour préserver la pêche récréative, beaucoup plus rémunératrice que les autres.
Nous pouvons bien entendu nous rencontrer pour en parler, et encore mieux, organiser un temps d’échange sur le terrain. La pêche est un sujet que nous avons trop peu suivi durant ce mandat, et ce serait bien de préparer la suite.
Sophie BRINGUY
Merci pour cette mise au point