[BP2015] Intervention de Jacques Cochy sur le volet agriculture
Monsieur le Président, chers collègues,
Le volet agricole de ce budget régional 2015 inaugure la mise en œuvre de la nouvelle PAC. Je ne reviendrai pas sur les travers du premier pilier qui a favorisé dans notre Région le développement de systèmes d’élevages intensifs basés sur le couple maïs chimique – soja OGM au détriment des systèmes herbagers économes et respectueux de l’environnement. Les collectivités, c’est-à-dire les contribuables, n’en peuvent plus de payer les pots cassés : le commissariat général au développement durable estimait en 2011 le coût de dépollution des eaux potables françaises des nitrates et pesticides d’origine agricole entre 54 et 91 milliards d’euros ! Pour mémoire, le déficit du budget de la France est de 84 milliards d’euros : je vous laisse méditer sur ces chiffres …
Et sur l’incohérence du vote des sénateurs, censés défendre les collectivités, qui ont rejeté la proposition de Joël Labbé sur l’interdiction des nécotinoïdes en agriculture. Je rappelle là la démarche du conseil régional qui avait déjà réclamé cette interdiction. Cela s’ajoute à l’échec du Plan ecophyto puisque l’usage des produits chimiques en agriculture a même augmenté de 9% entre 2012 et 2013 et l’année dernière.
Le Conseil Régional est devenu chef de file de l’économie et maitre d’œuvre de la concertation puis de l’application du deuxième pilier de la PAC au côté de l’Etat. Destiné à soutenir les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, de la santé des consommateurs comme de celle de leur portefeuille, ce deuxième pilier a presque doublé, passant de 286 M€ à 457 M€ pour les Pays de la Loire.
Il peut enfin constituer un levier efficace pour la transition durable de notre agriculture. Parce que le Conseil Régional a le souci, non seulement de la vitalité de l’agriculture et de l’agroalimentaire, mais également de la qualité des milieux comme du bon usage des finances publiques, nous avons décidé de soutenir les pratiques agricoles qui répondent à ces enjeux : agriculture biologique, systèmes économes en intrants, ainsi que les Mesures Agro-Environnementales sur les zones humides nombreuses en Région. C’est un bon choix qui nécessite des moyens à la hauteur des enjeux. C’est le volet offensif de ce deuxième pilier en Région.
Nous déplorons cependant un volet défensif voulu par ce qu’on a coutume d’appeler « la profession », et qui consiste avec le plan bâtiments d’élevage à soutenir pour plusieurs décennies encore un système d’élevages industriels qui ne veut pas changer, et que nous pensons condamné. Condamné à la fois par la concurrence mondiale et parce qu’il n’est pas à même de répondre aux défis climatiques et alimentaires de demain. Nous soutenons, en revanche, l’appui renouvelé aux bâtiments sous signes de qualité non-OGM, Bio et SIQO qui ont fait de notre Région un leader national et européen, de même que les bonus apportés aux investissements des artisans et industriels qui transforment ces productions.
Notre engagement pour développer l’autonomie protéique de nos élevages est à amplifier et nous l’approuvons. De même, nous félicitons-nous de l’appui nouveau apporté par la Région à la transformation fermière et la vente directe et insistons sur la différenciation nécessaire dans le traitement des dossiers suivant la nature des pratiques agricoles. Cela concerne également notre politique sur les circuits alimentaires de proximité à destination des consommateurs comme des lycéens. Si agriculture biologique ou SIQO non-OGM sont porteurs d’externalités positives en termes d’emplois créés, de lien social et de santé humaine et environnementale préservées, il faut savoir que l’agriculture conventionnelle laisse aux collectivités locales les coûts de réparation, environnementale notamment. Je n’y reviendrai pas.
Je terminerai par le volet installation du FEADER qui est d’une importance extrême en en soulignant deux points sensibles pour notre Région :
- Tout d’abord pour évoquer la menace qui pèse sur l’installation des paludiers : la DJA un temps suspendue semble devoir être rétablie suite aux mobilisations locales dont celle du Conseil Régional, mais, avec l’évolution de ses critères et le désengagement du Conseil Général de Loire-Atlantique se recentrant sur ses compétences, ces paludiers qui s’installent, 4-5 par an, perdront de 10 000 à 17 000 € d’aides alors qu’elles leur sont nécessaires pour attendre trois ans le paiement de leur première récolte ; la région doit se mobiliser, Adeline Lhonen l’a évoqué.
- Enfin, je rappellerai notre ambition de début de mandat qui était de doubler les surfaces régionales consacrées à la production biologique : cela nécessite un accompagnement fort et volontariste des agriculteurs conventionnels. La loi d’avenir, portant la même ambition, a d’ailleurs souhaité que les candidats à l’installation puissent être accompagnés par les réseaux bio et durable, ce afin de mieux promouvoir ces systèmes que ne le faisaient les seules chambres d’agriculture. Or, celles-ci refusent cette ouverture voulue par la loi et par les Régions. Cette position est inadmissible et nous comptons sur la fermeté du Conseil Régional sur ce dossier pour que l’argent de la PAC permette des installations nombreuses au plus près des attentes de la société.