POI

POI : le projet d’autoroute Castres-Toulouse et le projet de nouveau traité européen

 

Monsieur Jacques Dumeunier P.O.I.

 

Monsieur,

 

Par 2 courriers récents, vous m’avez sollicité sur des sujets politiques qui me tiennent à cœur : le projet d’autoroute Castres-Toulouse et le projet de nouveau traité européen. Ma réponse retardée tient pour l’essentiel à une erreur de transmission informatique de l’adresse.

Vos courriers posent questions quand à la forme et au fond.

Sur la forme, ils énoncent un certain nombre de prises de positions de votre organisation quand à ces dossiers et m’interrogent donc en tant que candidat et c’est à ce titre que j’y répondrai sur le fond, souhaitant un large débat entre tous les candidats. Ils font également un certain nombre de propositions d’actions communes qui ne me semblent pas, elles, relever du débat entre candidats, mais d’actions plus larges, spécifiques de chaque dossier.

Ainsi, contre l’autoroute Castres-Toulouse, nous vous invitons, comme je le fais moi même et Europe Ecologie-les Verts à soutenir les associations regroupées dans le Collectif « Lauragais sans autoroutes », et le Comité pour des Alternatives à l’Autoroute qui regroupe associations, élus et formations politiques.

Par ailleurs, comme vous le verrez ci-dessous, notre opposition au nouveau traité européen ne se fait pas sur les mêmes appréciations politiques par rapport à l’Europe que les votres et il ne me semble pas possible qu’Europe Ecologie-les Verts fasse une campagne commune sur les bases proposées par votre organisation.

Je vais maintenant vous répondre sur le fond.

 

Autoroute Castres-Toulouse :

 

Notre opposition à ce projet de liaison autoroutière, ne tient pas comme semble l’être la position du POI, au caractère privé de la concession. Mon opposition à ce projet, comme celle d’Europe Ecologie-les Verts, se résume en une phrase : « pas de 2 x 2 voies gratuites ou concédées entre Castres et Toulouse » . Pour nous, c’est le principe même d’une liaison autoroutière que nous contestons : absurdité économique, destruction de terres agricoles, extension de l’urbanisation, destruction de l’environnement, erreur d’aménagement du territoire…la liste est longue des raisons que nous opposons à ce projet. Cette infrastructure autoroutière dans la vallée agricole du Girou constitue à l’évidence le premier maillon d’un grand contournement de Toulouse, véritable couloir à camions Espagne, Méditerranée, Castelnaudary, Revel, Puylaurens, Gragnague (A68), Castelnau d’Estretefons, Eurocentre appelé également Le port sec de Barcelone, puis les autoroutes Bordeaux , Paris.

Cette infrastructure autoroutière éloignée des pôles de développement retenus (InterScot), de l’aire urbaine toulousaine, éloignée des lignes ferroviaires, amènera dans les riches terres agricoles, habitat, zones commerciales, étalement urbain. Ces nouveaux habitants du Girou ne disposeront ni des équipements nécessaires , ni de gares ferroviaires, et seront condamnés au seul « tout voiture ».

L’incohérence de ce projet au regard du modèle d’aménagement retenu aggravera l’artificialisation des sols et terres agricoles, phénomène 2 fois plus fort en Midi-Pyrénées que dans les autres régions françaises (chiffre 2000-2006). L’équivalent d’un département français de terres agricoles disparaît sous une urbanisation diffuse tous les 7 ans en France métropolitaine.

Bien entendu, la concession autoroutière ajoute encore une injustice sociale par le péage au profit des multinationales mais une liaison gratuite aurait les mêmes conséquences environnementales.

Comme vous, nous trouvons scandaleux que des fonds publics servent à la rentabilisation de ce projet et c’est la raison pour laquelle, nos élus régionaux, départementaux et européens se sont opposés et s’opposent encore à toute subvention publique, y compris déguisée par la rétrocession des ouvrages publics déjà construits. L’argent public doit servir à la sécurisation du réseau routier, y compris secondaire, et au développement de transports collectifs.

Je réaffirme donc, solennellement mon opposition à une liaison autoroutière entre Castres et Toulouse gratuite ou concédée.

 

Traité pour la souveraineté, la coopération et la gouvernance (TESG)

 

Europe Ecologie-les Verts a réaffirmé à plusieurs reprises son opposition au TESG et nous souhaitons une renégociation totale de ce traité, afin dedéfinir un traité social, écologique et solidaire européen.

Cependant, contrairement à ce que semble être la position défendue par le POI, nous nous situons résolument dans le cadre européen, non pas la seule Europe économique mais une Europe politique au service des citoyens.

Nous voulons reproposer le fédéralisme européen, qui est le meilleur moyen de construire une Europe forte et de remettre de la démocratie dans l’Europe.

Nous proposons la mise en place d’une réelle union politique, budgétaire, fiscale, un trésor européen, des eurobonds, une politique monétaire officielle (la BCE a déjà une action de rachat des dettes publiques, autant l’officialiser).

Nous rappelons que ce transfert de compétences depuis les Etats vers l’Europe doit se traduire par un transfert de moyens, via une substantielle augmentation du budget de l’UE (qui n’est aujourd’hui que d’un peu plus de 100 milliards annuels).

Pour réaliser ce changement de gouvernance européenne, nous préconisons un parlement constituant pour réécrire une constitution européenne, avec un vote le même jour dans tous les pays.

 

Mécanisme Européen de Stabilité (MES)

 

Le MES (Mécanisme Européen de Stabilité) est un Traité entre les 17 Etats Membres de la zone Euro visant à pérenniser en droit international , les objectifs et les interventions conditionnelles du FESF (structure de droit privé) à compter de Juillet 2012. Présenté comme dernier rempart contre les crises de confiance pouvant affecter la stabilité de la zone, il a vocation à se substituer aux marchés financiers dès lors qu’un des signataires ne pourrait plus ou risquerait de ne plus pouvoir accéder normalement à leurs financements.

Europe Ecologie-Les Verts n’est pas opposé au principe d’un mécanisme européen de solidarité, afin que la solidarité européenne puisse venir en aide aux pays et aux peuples en crise, mais s’est opposé à celui qui nous est actuellement proposé pour plusieurs raisons :

- le caractère anti démocratique et autoritaire d’un embryon de structure fédérale organisant le contrôle des marchés sur la gouvernance et l’indépendance économique des signataires sans aucun contrôle politique de la seule instance démocratiquement élue, le Parlement Européen et introduisant comme tutelle le FMI, dont on connaît les conséquences dramatiques de ses interventions ;

- l’absurdité économique et le caractère antisocial des mesures de conditionnalité, qui vont accentuer la crise pour les plus pauvres, comme on a pu le voir en Grèce ;

- le lien organique avec le TESG.

En conclusion ce MES se présente comme une nouvelle structure fédérale ultra libérale, antidémocratique et antisociale, soumise aux seuls intérêts des investisseurs internationaux  à l’extrême opposé du projet européen solidaire et écologiste que défend EELV.

 

En espérant que ces réponses auront répondu à vos interrogations, je vous prie de recevoir mes salutations militantes et écologistes.

 

Didier Rod