Eau Secours

Bonjour,

 

Je vous remercie pour votre interpellation sur cette question de l’Eau, bien commun par excellence, qui doit être protégé des prévarications et pollutions.

En tant que médecin et ancien député européen, je me sens particulièrement concerné par cette question, d’autant qu’ancien vice-président de l’Assemblée parlementaire ACP-EU, j’ai eu à de nombreuses reprises l’opportunité de réagir sur ce dossier avec les ONG du Sud.

 

Dans le monde, 88 % des maladies ont pour origine une consommation d’eau non potable, des installations sanitaires inadéquates ou encore une mauvaise hygiène.

Chaque jour, ce ne sont pas moins de deux millions de tonnes de déchets qui sont déversés dans des cours d’eau.
Dans les pays développés 70 % des eaux usagées d’origine industrielle sont déversées dans la nature sans être traitées.

Dans 60 % des villes européennes  de plus de 100 000 habitants, l’eau souterraine est utilisée à une vitesse supérieure à son renouvellement.

Appropriées par les grands groupes transnationaux du secteur, causes de conflits entre Etats, victimes de pollution du cœur des océans jusqu’à la sortie de notre robinet, l’eau et sa gestion à l’échelle globale sont un enjeu majeur au XXIe siècle.

L’agriculture productiviste entraine des rejets importants dans l’eau de nitrates et de pesticides particulièrement dans notre région.

C’est pourquoi, si je suis élu  député , je m’engage à agir pour répondre à cet enjeu.

 

Au niveau mondial, je souhaite promouvoir :

 

* La reconnaissance de l’eau comme patrimoine commun de l’humanité et la garantie de l’accès à l’eau potable pour chacun.
* Le soutien de projets d’assainissement, de production et de distribution d’eau dans les pays qui en sont démunis par un partenariat « Public-Public » qui exclue toute recherche de rapport de domination.

* Le refus de tout type de « solidarité » comme prétexte pour ouvrir des marchés aux entreprises françaises de l’eau,
* La suppression de l’Accord Général sur le Commerce et les Services (AGCS) ayant fait entrer l’eau dans le domaine marchand et avec le FMI, impose aux pays exploités d’avoir recours aux entreprises privées pour bénéficier de l’aide internationale.

* La perspective d’un “contrat mondial de l’eau”, reconnu sur le plan international et dont le respect soit garantit par une organisation internationale appropriée.
* La création d’une Autorité́ mondiale de l’eau (AME) indépendante et intégrée aux Nations Unies, en sus et place de l’actuel Conseil mondial de l’eau, mis en place par Veolia et la Lyonnaise des Eaux.

 

De la même manière, en France, une nouvelle politique de l’eau, écologique et publique, est nécessaire.

 

Chaque citoyen doit pouvoir bénéficier d’une eau non polluée au moindre coût, en renforçant la gestion publique et en préservant l’environnement.

Une nouvelle loi sur l’eau devra voir le jour et remplacer celle de 2006. Quels en seront les fondements ?
- Protéger la qualité de l’eau en appliquant de façon rigoureuse les lois en faveur de la protection des milieux aquatiques, en renforçant l’arsenal législatif et en se dotant des moyens humains et matériels de faire appliquer les lois et règlements.
- Arrêter le gaspillage de la ressource en eau, en généralisant les programmes d’économie, en créant un double réseau pour l’utilisation des eaux potables ou non, en limitant les pompages afin d’assurer la protection des nappes.
- Interdire les constructions en zone inondable, appliquer strictement les PPRI (Plans de Prévention du Risque Inondations), réduire l’enrochement, et reconquérir les champs d’expansion des crues.

- Mettre en place une gestion de l’eau et de l’assainissement, publique et démocratique, par un retour à la régie directe des services d’eau et d’assainissement par les municipalités. Il faut développer les commissions locales de l’eau (consommateurs et associations de protection de l’environnement) en renforçant la présence des associations d’usagers et de citoyens.

- Instaurer une équité entre utilisateurs en supprimant les tarifs dégressifs accordés aux industriels et les coefficients de collecte et de prélèvement des redevances qui établissent une discrimination à l’encontre des consommateurs domestiques ; faire contribuer les agriculteurs en fonction de leurs prélèvements en eau et pollutions.

- Mettre en place une politique sociale de l’eau afin de faire respecter le “droit à l’eau pour tous” inscrit dans la constitution en assurant la gratuité de l’accès à l’eau par la suppression des parts fixes et abonnements, et en instaurant une tarification sociale progressive.
- Démocratiser les instances en réformant en profondeur les Agences de l’eau qui devront avoir une politique essentiellement préventive et les comités de bassin qui devront être réellement représentatifs de la contribution des usagers.

- Créer un Haut Conseil de l’Eau et de l’assainissement en charge du conseil aux services publics locaux de l’eau et du contrôle de l’équité entre utilisateurs.

 

Voilà les principales actions que je souhaite promouvoir, engager, et faire voter, si je suis élu député le 17 juin prochain, bien sûr en travaillant avec la société civile, et notamment les associations d’usagers que vous représentez.

 

Vous le voyez, mon engagement sur la question de l’eau est important, car je suis convaincu comme vous que c’est un enjeu majeur de notre siècle.

 

Bien cordialement,

 

Didier Rod