La résolution de l’ONU donnant mandat aux pays occidentaux d’intervenir en Libye est sujette à interprétation. Ce n’est pas seulement la neutralisation de l’espace aérien. Les abstentions du Brésil, de l’Inde, de l’Allemagne notamment, m’ont alerté. Les réserves (le mot est faible) de l’Organisation de l’Unité Africaine et de la Ligue arabe m’interpellent. L’affaire prend une tournure à la limite du colonialisme.
De même, il faut noter l’absence de réaction des pays instigateurs de la résolution devant l’envoi de troupes d’Arabie Séoudite (1000 hommes) au Bahrein pour soutenir un régime qui ne vaut pas mieux que celui de Kadhafi, et où ont lieu des manifestations populaires et pacifiques. Là aussi, comme au Yémen et maintenant en Syrie, le sang a coulé et coule encore. Pourquoi ces deux poids, deux mesures ? Pourquoi cette mansuétude vis à vis de l’Arabie Séoudite qui n’a rien d’une démocratie, non plus ? Pourquoi n’avoir pas réagi plus tôt avec d’autres moyens que des bombes.
Il est temps de remettre en question les ventes d’armes dans le monde. Qui a armé Kadhafi ? Qui lui a vendu les armes qui donnent prétexte à cette intervention ?
Rappelons également que la France, ou plutôt, son Président a signé un accord nucléaire avec Kadhafi le 25 juillet 2007 à Tripoli qui autorise »les institutions et entreprises industrielles des deux pays à œuvrer conjointement en vue de la réalisation de projets de production d’énergie nucléaire »
Sans commentaire.
Jean-Pierre Bigorgne
Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, met en garde :
‘ »on s’engage dans un engrenage épouvantable. ce qui me gêne dans cette opération, c’est qu’on prétend installer la démocratie et un Etat de droit avec des bombardiers ; à chaque fois qu’on a essayé de le faire, non seulement on a échoué mais le remède était pire que le mal. Des interventions destinées à prévenir des massacres, j’en ai vu d’autres, elles ont gelé la situation et les massacres qui se sont produits ultérieurement ont été pires. On ne va pas faire la révolution à la place des Libyens. »