Elévation du niveau des mers : toujours plus haut !
30 mars 12 in environnement
Selon une étude, qui montre le lien complexe entre fonte des glaces, notamment en Antarctique, circulation des océans et climat, l’élévation du niveau des mers pourrait être trois fois plus importante que ne l’estimait le GIEC.
Les coraux ont parlé et ont permis de lever le voile sur le mystère Melt-Water Pulse 1A. Ce « nom de code » désigne l’accélération de la montée des niveaux de la mer, entamée il y a 14.650 ans. Depuis la fin de la dernière ère glaciaire, il y a 21.000 ans, les océans ont vu leur niveau s’élever de 120 m. L’épisode Melt-Water Pulse 1A aurait été marqué par une hausse du niveau marin de 14 mètres en moyenne sur l’ensemble du globe en moins de 350 ans, soit 40 mm par an contre 3mm par an observés aujourd’hui. Il coïnciderait également avec le début de la période chaude, dite du Bølling.
Jusque-là controversé, ce phénomène a été confirmé par les travaux d’une équipe du Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement (Cerege) en collaboration avec les universités d’Oxford et de Tokyo, dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature.
Des hypothèses remises en question
L’analyse de coraux prélevés autour de l’île de Tahiti (Polynésie) et des simulations géophysiques ont permis d’établir la source de l’accélération de l’élévation du niveau des mers. Alors que jusque-là, les spécialistes pensaient qu’elle était due à la fonte des glaces dans l’hémisphère Nord, l’étude estime que la calotte antarctique aurait contribué à ce phénomène à hauteur de 50 %.
En comparant les niveaux d’élévation en Polynésie et à la Barbade (Caraïbes), les chercheurs ont démontré que la montée des eaux était équivalente dans ces deux régions du globe alors que jusque-là, les scientifiques pensaient que la hausse des mers avait été deux fois plus importante à Tahiti qu’à La Barbade.
Une dynamique complexe mise à jour
« En montrant la simultanéité entre le Melt Water Pulse 1A et le réchauffement de la période du Bølling, [ces travaux] montrent en particulier le rôle qu’a pu jouer cet afflux massif d’eau douce vers l’océan dans la déglaciation de la planète. Celui-ci a très certainement fortement perturbé la circulation thermohaline de l’océan mondial, qui elle-même a un impact sensible sur le climat global. Cette étude illustre également la réponse complexe des calottes glaciaires à une perturbation climatique majeure, en particulier l’instabilité potentielle de la calotte antarctique », indique Pierre Deschamps, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) ayant participé à l’étude.
« Ces résultats sont très importants au regard de l’élévation actuelle et future des océans. En effet, ils mettent en avant le comportement dynamique des calottes polaires en réponse à une augmentation de température, phénomène encore mal pris en compte dans les prévisions du GIEC à l’horizon 2100″. Dans son dernier rapport, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estimait que l’élévation du niveau des mers à l’horizon 2100 pourrait se situer entre 20 et 60 cm. En prenant en compte la réponse dynamique des calottes polaires au réchauffement mondial, cette estimation pourrait être revue à la hausse avec une élévation située entre 60 et 180 cm en 2100.