Le Contrat écologiste pour les régions françaises
Répondre aux crises, construire l'avenir, réveiller nos régions !
1. Faire face à la double urgence écologique et sociale
La crise économique mondiale n'est pas finie. Les chiffres de croissance anémique dont se glorifie le gouvernement ne peuvent pas cacher la réalité du chômage en hausse spectaculaire, de la précarité croissante, de la menace de déclassement. Cette crise ajoute une terrible urgence sociale aux urgences écologiques chaque jour plus évidentes : changement climatique, dégradation de la biodiversité, épuisement des ressources naturelles. Il est impensable de hiérarchiser ces urgences – et encore moins de traiter l'une sans l'autre. Car elles sont liées. Nous subissons aujourd’hui les conséquences de l’épuisement d’un système basé sur l’exploitation infinie de ressources finies, et sur la captation d’une part toujours plus grande de richesse par une minorité, laissant à la collectivité le soin de prendre en charge toutes les conséquences sociales et environnementales négatives de leur activité.
Nouvelles bulles financières et mise en garde des grandes banques montrent que la crise est loin d’être finie, tous les signes annoncent une prochaine vague de cette crise systémique mondiale. Des milliers d’emplois sont en train de disparaître, plongeant des familles entières dans le chômage et l’inquiétude du lendemain – en France, c’est déjà 800 000 chômeurs supplémentaires pour l’année 2009. Or l’une des racines du mal se nomme justement « chômage de masse ». Depuis trente ans, les chiffres du chômage qui pèsent sur les finances publiques et minent le pacte social dans les grands pays industrialisés ont accompagné la mise en place du modèle néolibéral : salaires comprimés compensés par un accès facilité à la consommation et à la propriété, grâce à une expansion démesurée du crédit. Le chômage de masse accompagne l’ultrafinanciarisation de nos économies, il accompagne la segmentation croissante du marché du travail, il accompagne l’extension de la précarité et la menace de déclassement. Entre traitement social et traitement économique de ce mal, depuis 30 ans, le serpent se mord la queue : on compte sur la croissance pour sortir de la crise sociale, mais ce sont le chômage et la précarité qui augmentent, donc la crise sociale s’aggrave et la croissance ralentit encore. Même verte, la croissance n’est pas la solution. Ce n’est pas en gérant, même intelligemment, l’enrichissement matériel d'une société structurellement inégalitaire, que l’on fera renaître la justice sociale et la solidarité.
Ces urgences écologiques et sociales mettent à nu la fragilité de nos économies à court terme, basées uniquement sur des critères de rentabilité maximum, qui se moquent des écosystèmes et déshumanisent les rapports sociaux, conduisant parfois jusqu’aux suicides. Que la relance se fasse par la consommation ou par l'investissement, elle ne résoudra rien. Ce genre de relance classique ne fait que perpétuer un modèle productiviste qui exploite la nature et les ressources humaines jusqu’à épuisement, un modèle économique où règnent l’insécurité, la précarité et la pression sur tous les employés. En somme, ce n’est pas de plans de relance dont nous avons besoin, mais de plans de transformation. Nous voulons évoluer vers une société où cette pression est relâchée, où l’on n’est pas condamné à s’épuiser derrière une chaîne de montage, un métier à tisser, un atelier technique ou un service soumis à des objectifs toujours croissants. Nos réponses à la crise socio-économique sont qualitatives, pas quantitatives : mieux produire, mieux consommer, mieux travailler pour vivre mieux !
2. Protéger pour transformer, transformer pour protéger
Si le danger des pollutions (air, eau, construction, nourriture) pour notre santé commence enfin à être compris par l’opinion, il faut cependant souligner les inégalités de situation devant un environnement dégradé et pathogène. Régulièrement, des études scientifiques rappellent par exemple le lien entre certaines maladies (diabètes, obésité, maladies cardio-vasculaires, certains cancers), la médiocre qualité de l’alimentation et les conditions sociales des populations les plus concernées. Les écologistes savent bien qu’au cœur de la question sociale se trouvent les inégalités écologiques : il y a ceux qui ont les moyens ou non de choisir s’ils prennent leur voiture, s’ils habitent plutôt ici que là, s’ils mangent sainement ou non, s’ils peuvent échapper au stress, à la malbouffe, aux cancers professionnels, etc. Combattre les inégalités sociales c’est combattre aussi les inégalités écologiques. C’est pourquoi justice sociale et partage des richesses sont un pilier fondamental de notre action.
Notre contrat pour les régions est à la fois un plan d’urgence pour répondre à la crise et un programme de sortie définitive d’un système qui ne fonctionne plus. Alors qu’il devient chaque jour plus évident qu’on ne peut plus continuer comme avant, les solutions envisagées par les autres formations politiques ne sont que du replâtrage et préparent les crises financières, économiques et sociales de demain, tout en aggravant la dégradation de notre environnement. On ne résoudra pas les crises avec les politiques qui les ont provoquées. Pour en finir avec un modèle de développement qui exploite et épuise les ressources naturelles et humaines, il est urgent de changer.
Le Contrat d’Europe-Ecologie pour les Régions repose sur deux idées simples :
à pour protéger la planète et les hommes, il faut changer : une autre régulation économique et la transformation écologique de nos façons de produire, de travailler, de consommer – de vivre.
à et pour changer notre modèle de développement, il faut protéger : les Français ne s’engageront dans cette réorientation profonde que s’ils ont l’assurance que cette mutation apporte un mieux-être. Par conséquent, les droits fondamentaux, sociaux et environnementaux, doivent être garantis.
3. Un projet national pour les régions
Face aux crises, l’inaction des uns et l’impuissance des autres sont autant de scandales. Le maintien des politiques menées depuis une trentaine d’années ne permettra pas de sortir de l’obsession productiviste. Il est temps de faire émerger une force nouvelle et de lui donner les moyens d’agir. Cette force, c’est Europe-Ecologie.
Rassemblement de tous les écologistes, de citoyens et citoyennes, élu-e-s, acteurs et actrices du mouvement social, le rassemblement Europe-Ecologie a désormais fait la preuve de sa pertinence et de sa cohérence. Il a montré qu’il était possible de faire de la politique autrement. Il a élargi l’audience de l’écologie, tout en renforçant les Verts, le parti historique de l’écologie politique en France. Il a rappelé enfin que la biodiversité politique est une valeur fondamentale de la démocratie.
Aujourd’hui, Europe-Ecologie fait appel à tous ceux qui veulent rejoindre cette mobilisation salutaire de renouvellement dans la vie politique française. Pour fédérer les énergies de celles et ceux qui veulent vraiment changer quelque chose – ici, là-bas et dans le reste du monde. Cette dynamique politique positive poursuit un triple objectif : réunir la grande famille et les amis de l'éco-politique, restructurer l’opposition autour d'un projet de civilisation vraiment alternatif à celui de la France de Nicolas Sarkozy et mettre en œuvre la transformation écologique de la société.
Nos listes présentent dans toutes les régions des femmes et des hommes appuyés sur un programme détaillé et crédible adapté aux réalités locales, et portés par un projet national commun, celui d'une mutation écologique et sociale des territoires.
Les régions constituent un levier puissant pour mettre en œuvre cette indispensable transformation écologique et sociale de la société. Transports, logement, formation et emploi, environnement, santé, culture..., elles interviennent au cœur même de notre vie quotidienne, façonnent notre habitat, aménagent notre territoire. Elles sont un espace idéal d'initiative pour changer le monde et la vie. Pour vivre mieux en vivant autrement, c'est à dire en travaillant différemment, en se formant à de nouveaux métiers, en se logeant dans des habitations d'un autre type, en se déplaçant, en se nourrissant et en se soignant autrement, en respectant l'environnement et en améliorant son cadre de vie.
Depuis leur création, les régions sont progressivement devenues un acteur majeur des investissements locaux, loin devant les autres collectivités qui disposent pourtant de compétences plus larges. Elles sont aussi la structure privilégiée pour recevoir et redistribuer les aides européennes. Suppléant, sans en avoir toujours les moyens, les carences d'un État centralisé souvent aveugle aux réalités locales, les régions sont le lieu stratégique pour imaginer et mettre en œuvre de nouvelles politiques publiques de proximité.
Mais ces politiques ne se limitent pas à la seule défense des enjeux locaux, si pressants soient-ils. Le Contrat Europe-Ecologie pour les Régions porte un message à la fois régional, national et européen – car toutes les régions françaises, même les plus centrales, s’inscrivent dans un espace plus large, l'Europe. Le rêve européen reste le cadre fondamental de notre projet politique national et de ses incarnations régionales.
Parce que l’écologie politique va bien au-delà de l’urgente et nécessaire protection de l’environnement. Parce qu’au cœur de son message se trouvent la justice sociale, la répartition des richesses, les rapports humains et la place de l’homme dans son environnement. Parce qu’il devient chaque jour évident pour tous qu’il est impossible de continuer avec un système productiviste qui exploite la nature et les hommes jusqu’à l’épuisement, au nom du rendement et des profits. Parce que la protection de la planète, et notre futur à tous, passent aussi par une transformation radicale de notre façon de vivre.
Face à la droite décomplexée de Nicolas Sarkozy et à ses graves insuffisances sociales et environnementales, il est urgent de porter un projet pour une majorité de rupture.
Un projet politique alternatif qui embrasse et réponde à la complexité des défis du XXIe siècle.
Un projet de civilisation.
La transformation écologique des régions
Le malaise des concentrations
Ce sont les hommes et les femmes qui font la richesse d’un territoire, et pas la concentration de bureaux, le montant de ses recettes fiscales ou le trafic de son aéroport. Le potentiel humain de nos territoires est trop souvent négligé, gaspillé, épuisé par un modèle de développement qui préfère la concentration et la concurrence à la répartition et la cohérence. Concentration des richesses, concentrations des activités, concentration des pouvoirs, concentration des populations, concentration des problèmes…
· mise en concurrence des territoires
· ruptures et discontinuités, ségrégation sociale, concentration de la précarité dans certaines zones, ghettos riches vs. cités à l’abandon…
· inégalités sociales et écologiques, entre ceux qui peuvent choisir ou non de prendre leur voiture, d’habiter plutôt ici que là, d’envoyer leurs enfants à tel ou tel lycée, de manger sainement ou non, de souffrir de stress, d’hypertension, de malbouffe, de cancers etc., ou non… Etc.
4 principes inspirent notre action
1. le fédéralisme différencié : des régions innovantes
Pour des raisons culturelles et politiques, le processus de décentralisation initié en 1982 est loin d’être achevé. Contre l’empilement actuel des administrations centralisées, nous voulons défendre une véritable décentralisation appuyée sur le droit à l’expérimentation pour les régions. Il s'agit de redonner la possibilité aux citoyens et à leurs élus de prendre des initiatives pour imaginer des politiques de proximité et préparer l'avenir.
2. la coopération territoriale : des régions solidaires
Le Grenelle proposait des schémas directeurs régionaux de l’écologie. C'est effectivement une nécessité. Nous sommes favorables à une forme décentralisée de planification écologique des territoires. Le PS comme l'UMP s'appuient sur un principe de compétition entre les régions, et au sein des régions entre les différents espaces. Notre écologie suppose la mise en cohérence des politiques publiques sur le territoire, aux deux échelles nationale et régionale. Il s'agit ainsi d'utiliser les outils de la coopération interrégionale pour mener des politiques communes avec les autres régions au lieu d’être en concurrence pour attirer les activités, et même bâtir un contre-pouvoir régional face aux politiques nationales de déménagement du territoire
3. la transparence éthique : des régions exemplaires
Il s’agit d’identifier et mettre en contexte toutes les parties prenantes des politiques publiques, y compris l’environnement, et d’assurer que toutes les responsabilités soient assumées, et non diluées. Il s’agit de définir collectivement les frontières, les limites, les problématiques, les enjeux et ainsi éviter les collusions, cooptations et le népotisme. Pour un contrôle citoyen sur les comptes et sur l'application du code des marchés publics. Pour la transparence dans les commandes publiques, afin que chaque citoyen puisse être à lui seul une Chambre régionale des Comptes.
4. le partage des richesses : des régions équitables
Parce que combattre les inégalités écologiques passe aussi par la réduction des inégalités sociales, la justice sociale est au cœur de notre projet. Parce que la fiscalité est un levier majeur de cette justice sociale, nous voulons agir sur la fiscalité aux niveaux régionale et nationale. Enfin, parce que la valeur d'un individu n'est pas dans sa productivité marchande, nous voulons mettre en place un revenu minimum d'existence.
3 priorités
1. répondre aux urgences climatiques et environnementales
2. réaliser la transformation écologique de l'économie
3. garantir la démocratie, les libertés et le bien vivre-ensemble
12 grandes propositions pour y répondre
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1ère priorité
Répondre aux urgences climatiques et environnementales
C'est à dire répondre aux trois dimensions des urgences écologiques : le dérèglement climatique, l'épuisement des ressources et la dégradation du vivant. C’est aussi combattre l'extension des maladies du mode de vie en faisant de la santé et de l’accès aux soins dans tout l’espace régional un objectif politique prioritaire.
Le dérèglement climatique est déjà en marche : nos glaciers sont en recul spectaculaire, les périodes pluvieuses s’allongent, les températures extrêmes comme la canicule de 2003 se font plus fréquentes, les périodes de floraison ou de vendanges avancent nettement. L’épuisement des ressources est un phénomène global qui se traduit dans les fluctuations des prix de l’énergie ou de certaines matières premières qui ne sont pas que dues à la spéculation. Par ailleurs la disparition accélérée de la biodiversité menace les équilibres naturels et à terme pose la question de la survie de l’espèce humaine.
Enfin, nous sommes de plus en plus malades de notre mode de vie : si au Sud on crève de faim, chez nous on crève de cancers, de malbouffe, d’hypertension et autres maladies directement liées à un environnement urbain ou rural saturé de pollutions diverses et soumis à un rythme productiviste démentiel. La simple suppression des pesticides utilisés dans le système agricole français suffirait à terme à la réduction de moitié des cancers, en particulier ceux des agriculteurs, qui sont les plus exposés à ces poisons légaux.
Du sommet de Copenhague à celui de Mexico, 2010 peut être le tournant historique où l’humanité commence enfin à se mobiliser pour changer un modèle de développement inégalitaire et destructeur pour l’environnement et les hommes. Ne laissons pas passer l’occasion d’inscrire cette dynamique globale dans l’espace local. A travers leur action sur les transports, leur politique énergétique sur le bâti, la gestion des parcs naturels, ou leurs compétences en matière agricole, les régions disposent de leviers multiples – qui vont s’accroître avec l’application du Grenelle.
L’écologie est devenue un sujet à la mode : la droite en parle mais casse, la gauche ne fait pas et passe, l’extrême-gauche découvre et déclasse, l’extrême-droite maltraite et chasse, le MoDem sous-traite et ne peut rien faire.
Europe Ecologie veut faire et sait comment ! et propose quatre grandes mesures :
1. un plan « facteur 4 » de lutte contre le réchauffement climatique
Il s’agit de faire de la région l’espace stratégique pour mener la lutte contre le dérèglement climatique et la dégradation de l’environnement. Facteur 4, c'est l'engagement de diviser par 4 les émissions nationales de gaz à effets de serre, d'ici 2050.
Ces plans climats territoriaux reposent sur deux axes essentiels : réduire les émissions de gaz à effet de serre pour respecter les engagements de l’Ultimatum Climatique (réduction de 40% à l’horizon 2020) ; adapter le territoire pour limiter les conséquences du dérèglement climatique.
Ces plans transversaux concernent l’ensemble de l’activité économique de la région et se traduiront notamment par le développement du fret, la priorité aux énergies renouvelables, la rénovation thermique de l’habitation, l’introduction de nouvelles normes pour une éco-construction et une stratégie pour la relocalisation de l’économie régionale.
2. le bouclier sanitaire régional contre les épidémies modernes
La région doit servir de base à un plan « santé solidaire » contre les maladies modernes liées à l’environnement et à nos modes de vie (obésité, cancer, stress, pollutions chimiques…). Dans toute la filière agricole, la région peut initier et accompagner l’évolution vers des pratiques plus respectueuses des agriculteurs et des consommateurs – en particulier dans la restauration scolaire dont la région garantit l’approvisionnement. De même les mesures prises en faveur des transports en commun, de la relocalisation de l’emploi ou dans la lutte contre les nuisances sonores permettront de réduire l’impact des maladies physiques et psychiques liées au stress comme l’hypertension artérielle, les angines de poitrine, certains ulcères, les insomnies, anxiétés, migraines, etc.
Enfin la prévention, les soins et l’environnement étant indissolublement liés à l’action régionale, nous initierons les bases d’un nouveau partenariat réunissant usagers, élus territoriaux et professionnels de la santé pour qu’à l’avenir les nouvelles Agences Régionales de Santé soient vraiment indépendantes des laboratoires pharmaceutiques et prennent en compte la totalité des acteurs de la santé : usagers, associations, travailleurs sociaux, agents économiques, pour privilégier les politiques de préventions et la réduction des inégalités sanitaires, en particulier dans l’accès au soin.
3. un objectif contractuel : la réduction du temps de transport
Aménagement du territoire et réduction du temps de transport sont indissociables et influent directement sur la qualité de la vie. La promotion d’une politique de mobilité sous toutes ses formes (rail, vélo, cabotage, tram et transports en commun…) a un objectif principal : réduire significativement le temps et le coût de transport entre travail et habitat.
Nous organiserons dans chaque région des Etats Généraux de la mobilité pour arriver à un objectif contractuel sur cette réduction, prenant en compte les spécificités de chaque situation.
4. une « trame » verte et bleue pour protéger l’environnement et la biodiversité
La trame verte et bleue pilotée localement en association avec les collectivités locales et en concertation avec les acteurs de terrain sera considérée par l’exécutif régional, comme opposable aux grandes infrastructures. Il s’agit de parvenir à restaurer la nature en ville et ses fonctions multiples : anti-ruissellement, énergétique, thermique, sanitaire (eau, air, bruit, déchets), prévention de l’usage de produits chimiques, mais aussi esthétique. L’application stricte des lois 1 et 2 sur le Grenelle de l’environnement proposera aux PLU des objectifs chiffrés de lutte contre la régression des surfaces agricoles et naturelles.
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2ème priorité
Réaliser la transformation écologique de l'économie
Cette transformation écologique repose sur trois grands axes.
1. la transition de notre modèle économique vers un autre modèle de développement plus sobre en énergie, plus respectueux de l’environnement et des hommes. C'est par exemple l'évolution de la construction classique à l’éco-construction, permettant au passage de réduire considérablement la facture énergétique des ménages. C'est reconnaître les limites d'un agrobusiness dépassé, qui épuise la terre, empoisonne les agriculteurs à coups de pesticides, et les appauvrit à coup de surproduction intensive, sans jamais profiter aux consommateurs, pour passer à une agriculture biologique et raisonnée. C'est aussi le développement de l'économie sociale et solidaire et d'un secteur non-marchand créateur de lien social, pour sortir des logiques déshumanisantes du tout-marchand et de la pression morbide de l'obsession concurrentielle qui mène trop souvent à de terribles tragédies personnelles.
2. la reconversion des secteurs condamnés par les impasses de notre modèle actuel (automobile, pétrole, chimie, etc.). Car il ne suffit pas de rêver par exemple à remplacer chaque moteur à explosion par un véhicule électrique à pile au lithium – il s’agit de repenser toute la filière automobile et la formation de ses 2,5 millions d’employés directs ou indirects en France. Cette reconversion suppose évidemment un effort prioritaire en matière de formation professionnelle, et un effort budgétaire significatif, pour financer le revenu de transformation des milliers de travailleurs de ces secteurs, et les accompagner dans la transition vers d'autres emplois industriels ou tertiaires. Car la reconversion suppose aussi la création de nouveaux emplois et de nouvelles activités économiques.
3. la relocalisation de l’économie. L’économie de demain est une économie de proximité. La crevette qui fait le tour du monde, le yaourt qui fait le tour d’Europe avant d’arriver dans nos assiettes, c’est absurdement coûteux – et de toute façon condamné par la hausse prochaine du prix du pétrole. Contrairement aux politiques publiques qui se focalisent uniquement sur les échanges lointains, il s'agit de privilégier les réponses aux besoins du territoire. Cette relocalisation passe d'une part par une politique de soutien à la demande, par les commandes publiques, par le conditionnement des subventions, et éventuellement le développement de monnaies locales. Et d'autre part par une politique de l’offre, c'est à dire les infrastructures et les équipements nécessaires à la consommation locale, comme par exemple, le conditionnement des productions agricoles qui permettent de consommer toute l’année les produits locaux, ou le développement d'une filière bio complète, du foncier au menu des cantines scolaires dont la région gère l'approvisionnement.
De l’économie tout-marchand à la croissance du tiers-secteur, du quantitatif au qualitatif, la transformation écologique de l’économie régionale permet de répondre aux urgences écologiques et sociales, d’engager la construction d'un autre modèle de développement, avec à la clef la création de milliers d’emplois verts et non-délocalisables. Elle se traduit par quatre grandes mesures.
5. des contrats de conversion écologique et sociale des territoires
La transformation écologique de l'économie au niveau industriel, agricole et tertiaire suppose d’utiliser le bassin d’emploi et de vie régional comme le levier de la conversion des filières.
Nous organiserons dans chaque région, en concertation avec tous les acteurs de l’économie régionale, des « Etats Généraux de l’emploi et de l’économie verte » pour chiffrer et déterminer le nombre, la nature la qualification des emplois créés grâce aux contrats de conversion des filières.
La région proposera aussi un moratoire sur les aides et les subventions régionales aux entreprises, pour les soumettre à une conditionnalité écologique et sociale tournée vers l’adoption et le respect de ces contrats de conversion écologique et sociale. Ces contrats pourront ainsi comporter par exemple, des engagements en matière de déconcentration des pôles d’activité, en matière de transports collectifs des employés, en matière de sobriété énergétique ou de maîtrise de l’empreinte carbone.
Elle mettra en place enfin un plan régional de développement de l’agriculture biologique.
6. une politique intelligente et ambitieuse de formation
La politique de formation est centrale en tant que compétence majeure des régions et en tant que secteur stratégique pour la transformation de l’économie et la perspective de créer des milliers d’emplois verts et non-délocalisables : cela doit commencer par la formation des formateurs, en particulier en matière d’éco-production et d’éco-construction.
La région mettra aussi en place des Contrats de Sécurité Emploi-Formation garantissant la pérennité des droits tout au long de la vie, en priorité pour les employés, cadres ou ouvriers, des secteurs les plus directement concernés par la crise de notre modèle industriel, comme l’automobile. Ces contrats devront apporter la garantie d’un Revenu de Transformation co-financé par la région et des entreprises volontaires.
Ensuite, même si les contenus éducatifs restent déterminés au niveau national, la région doit pouvoir, en liaison, avec l’Education Nationale, lier l’éco-construction des établissements scolaires dont elle a la charge, à une transformation du contenu de l’enseignement, notamment dans les zones dites sensibles. Cette politique de haute qualité éducationnelle concerne l’ensemble de la chaine éducative (primaire, collège, lycée, universités, recherche). La Région s’engagera à réduire la fracture éducationnelle entre les zones riches et les zones défavorisées. Elle combattra de même la fracture numérique.
7. un pacte de solidarité urbaine et d'habitat écologique
Le logement est indispensable à la construction d'un projet de vie et à l'équilibre de chacun. Ce n'est pas un produit comme les autres. Il ne suffit pas d'augmenter la production même en appliquant les mesures d'éco-construction pour réduire la consommation donc la facture énergétique.
Ce pacte visera à encadrer les prix du logement privé, à gagner la bataille du logement social et à favoriser les formes d'habitat écologique, diversifié et participatif.
8. une nouvelle donne financière
La région peut devenir un acteur de la lutte globale contre l’ultrafinanciarisation de l’économie, le système de bulles spéculatives et contre les paradis fiscaux. Pour en finir avec les cartels bancaires qui étouffent les finances régionales, pour contribuer à l’asphyxie des paradis fiscaux, pour offrir des marges de manœuvre aux exécutifs régionaux, cette nouvelle donne financière signifie principalement : un moratoire sur la coopération avec les établissements qui maintiennent leur présence dans des paradis fiscaux et une renégociation d’ensemble des contrats financiers de chaque région.
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3ème priorité
Garantir la démocratie, les libertés et la solidarité
Notre ambition est de faire de la région un espace garant de l’autonomie et l’émancipation individuelle de tous les citoyen-ne-s. Contre l’anonymat général et le chacun pour soi néolibéral, contre l’ignorance et la méfiance réciproques, contre la domination de quelques uns ou quelques groupes sur les autres, il est temps de traduire dans la réalité des territoires notre projet de société vraiment solidaire, soucieux des libertés de tous et respectueux des identités de chacun.
De même, l’innovation, la création, la connaissance, les savoirs, les arts ne peuvent pas être considérés et traités comme des marchandises et la région doit s’attacher à être le premier soutien à ces activités essentielles. Nous voulons faire des politiques régionales le fer de lance d’une nouvelle forme de démocratie de proximité, à l’échelon intermédiaire entre conseil de quartier et parlement national.
Il s’agit donc premièrement de renforcer le rôle politique de la région, au niveau national comme au niveau local. En particulier il faudra défendre la clause de compétence générale menacée par la réforme en cours, car c’est cette clause qui fait de la région un espace d’imagination politique et d’innovation sociale. Il s’agit aussi de faire de l’exécutif régional un lieu paritaire de représentation de toute la diversité de la société.
Il revient enfin à la région de poser les termes d’un débat général et dépassionné sur les droits de tous à une forme sécurité, lutter contre l’insécurité sociale et la méfiance réciproque. C’est enfin repenser le rôle international de la région en particulier avec les pays d’origine des populations immigrées qu’elle accueille...
Quatre grandes mesures
9. Construire une démocratie locale, vibrante et apaisée
La démocratie participative est aujourd’hui galvaudée. Pourtant, au niveau régional, les politiques publiques peuvent être élaborées par les élus appuyés sur une réelle participation citoyenne. Gouverner autrement, de façon transparente et solidaire, signifie ouvrir largement l’institution régionale sur la société et renforcer les corps intermédiaires : associations, syndicats, mouvements.
Nous proposons de mettre en débat public les politiques régionales, en rendant compte de l’action des élus, en développant les outils d’un contrôle citoyen sur les grands services publics, en facilitant l’accès aux informations et aux expertises, en soutenant partout les pratiques participatives.
Nous voulons aussi mettre en place un vrai parlementarisme régional. L'inflexion forte en matière de compétences et de budgets doit s'accompagner de l'institutionnalisation d'un véritable gouvernement régional.
10. une Convention de coopération solidaire avec le Sud
Pour que la coopération au développement se fasse désormais en incluant tous les acteurs et les parties prenantes. Aujourd'hui, on constate que l'envoi de l'épargne des immigrés est plus supérieur aux différentes aides publiques au développement. Il y a des milliers d'associations qui portent des projets, le plus souvent déconnectés des aides officielles.
La région peut ainsi contribuer à la mise en place d’éco-filières solidaires, comme pour le textile, du coton malien aux ateliers bretons. Elle peut aussi encourager les transferts de technologies et d’expertise dans les deux sens.
Nous proposons donc que la région joue un rôle de coordinateur entre ces associations régionales, les acteurs institutionnels comme l’Union européenne et le ministère de la coopération et les destinataires de l’aide au développement, pour mettre en cohérence et rendre plus efficace les canaux de la coopération.
11. un Pacte social de solidarité pour la sécurité régionale
Vivre mieux et vivre ensemble, c’est vivre en toute liberté dans le respect et la confiance mutuelle. Bruits, incivilités, dégradations des logements et des espaces publics, développement d’une économie parallèle basée sur la drogue… l’accumulation de ces maux urbains génère une « mal-vie » qui débouche souvent sur la peur de l’autre, du voisin, de l’étranger qu’on côtoie mais ne voit pas.
Les écologistes reconnaissent le sentiment d’insécurité, mais refusent de tomber dans une stratégie du « tout sécuritaire ». La sécurité est une politique globale qui doit reposer sur quatre piliers : la prévention, la dissuasion, la répression et la réinsertion. Si l'un des piliers manque, tout est déréglé.
Nous proposons la convocation de véritables Etats Généraux pour la mise en œuvre d’un pacte de solidarité pour la sécurité régionale, véritable espace de rencontre et de dialogue entre associations de quartier, travailleurs sociaux, formateurs et enseignants, entrepreneurs locaux, représentants de l’autorité publique, etc.
Pour répondre aux inquiétudes légitimes et au sentiment d’insécurité sans le recours aux solutions répressives et liberticides comme la vidéosurveillance ; pour renforcer la solidarité et la coopération entre les générations ; pour répondre à la détresse et aux impasses d’une jeunesse privée d’horizon ; pour remettre la solidarité et le vivre-ensemble au cœur du lien social.
12. un Agenda Mieux-Vivre pour le soutien aux activités non-marchandes
Activités non-marchandes par excellence, les pratiques culturelles, artistiques et sportives contribuent à l’émancipation et à l’épanouissement de chacun. Elles doivent être relativement protégées de la normalisation exercée par la seule contrainte du marché. L’action de la région doit en intégrer la dimension sociale, économique et territoriale et se traduire par un grand chantier de l’économie sociale et solidaire de la culture, des arts et des sports. Finissons en avec la logique de guichet pour passer à des pratiques de partenariat avec les autres collectivités, avec le monde associatif et les acteurs économiques.
Cela passe par la mise en œuvre de forums culturels régionaux, un soutien réaffirmé aux sports amateurs, aux artistes et acteurs de la vie culturelle locale.
L’objectif est d’accompagner ces secteurs vers une réelle autonomie économique, à travers la mise en valeur des circuits courts de diffusion, un système de solidarité, un financement solidaire et la mutualisation des recherches de financement.
Cela passe aussi par la mise en place d’un statut des bénévoles et des aides régionales spécifiques pour l’emploi individuel et la formation.
Enfin, les politiques tarifaires et les politiques de transports doivent contribuer à favoriser l'accès à la culture et aux sports pour le plus grand nombre.
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Si nous envisageons tant d’Etats généraux, c’est que nous sommes conscients que ce grand dessein ne sera rien sans l'implication de la population et de tous les acteurs de la société. Bien sûr, pour apporter son soutien à ce projet au moment du vote et permettre ainsi que celui-ci soit porté au sein de l'institution régionale par une représentation écologiste nombreuse. Mais aussi, pour se mobiliser au quotidien, car il n'y aura de véritable changement que si la société s'en empare, que si chaque citoyenne et chaque citoyen en toute conscience, décident de devenir acteurs de cette transformation nécessaire.