Rapport Gallois et Gaz de schiste : « un faux débat qui est dangereux »

La Marseillaise du Gard – mercredi 7 novembre 2012

Interview . Christophe Cavard réagit au rapport Gallois qui demande l’exploitation du gaz de schiste pour réduire le déficit et créer des emplois.

« un faux débat qui est dangereux »

La marseillaise :

Dans son rapport remis au premier ministre, Louis Gallois demandent l’exploitation du gaz de schiste. Comment réagissez-vous ?

Christophe Cavard, député Europe Ecologie-Les Verts du Gard : 

Depuis le début, nous pensions que le lobbying des industriels interviendrait juridiquement en essayant de remettre en cause la loi contre la fracture hydraulique ou l’arrêt des permis d’exploiter. Or, il intervient sur le terrain médiatique en essayant d’accréditer l’idée que la sortie de la crise passerait par exploitation d’énergies nouvelles comme le gaz de schiste. Ce qui est vrai, c’est que le déficit de la France est dans une large mesure du à l’achat d’énergie. Mais, que l’idée que l’exploitation du gaz de schiste permettraient de réduire le déficit de la France en lui redonnant une indépendance énergétique se retrouve intégralement dans le rapport gallois est inquiétante. Concrètement, c’est un faux débat et un débat dangereux ! C’est une poule aux peux d’or : on fait briller l’idée que ce serait la solution, mais on minimise les conséquences environnementales économiques.

Beaucoup d’éléments prouvent en effet que l’exploitation du gaz de schiste entraine des dégâts environnementaux et que ce n’est économiquement pas viable. À ceux qui croient que l’on pourrait créer des emplois nouveaux avec l’exploitation du gaz de schiste, il faut préciser qu’il y a de graves dangers dans une telle exploitation. C’est un débat de fond, et pas seulement économique !

 

 

 

La marseillaise :

Il faut pourtant bien développer d’autres énergies ?

Christophe Cavard : 

Il y a effectivement des filières à développer pour l’indépendance énergétique de la France ! Mais, pour cela, il faut développer l’exploitation d’énergies renouvelables. D’ailleurs, dans le cadre de la réforme du code minier, nous souhaitons obtenir que la réglementation soit pus contraignante par rapport aux conséquences de l’exploitation.

La marseillaise :

Pour l’instant, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault dit non…

Christophe Cavard : 

Il y a une vision purement patronale que de venir ainsi chercher l’argent pour quelques actionnaires qui ont bien envie de se gaver avec ce type d’exploitation. Je me réjouis de la réaction du premier ministre qui a fermé la porte à cette éventualité. C’est plutôt une bonne nouvelle. Après, l’autre débat – et nous nous sommes pas dupes – c’est que la porte était fermée sur la base de la loi Jacob qui, pour résumer, consiste à dire : on pourrait exploiter le gaz de schiste si il n’y avait pas de fracture hydraulique. Mais le « si » n’existe pas puisqu’on ne connaît aucun autre moyen d’exploitation. Nous faisons donc partie de ceux qui disent : plutôt que de mettre des millions d’euros dans la recherche d’une autre technique que la fracturation hydraulique, abandonnons le gaz de schiste pour trouver un autre outil de production énergétique.

La marseillaise :

Le gouvernement va-t-il pouvoir tenir ?

Christophe Cavard : 

Il va falloir faire preuve de beaucoup de pédagogie pour expliquer que c’est une fausse piste et que ce n’est qu’un débat patronal et d’actionnaires qui ont envie de se faire l’argent. Il faut faire la démonstration que ce n’est pas seulement un problème environnemental. On n’exploite pas le gaz de schiste parce qu’il y a des conséquences environnementales, mais parce qu’on reconnaît qu’il y a des risques. On doit démontrer également qu’il n’y a aucune possibilité de développement économique à travers une telle exploitation. Il y aurait par contre des conséquences écologiques avec des conséquences économiques majeures pour notre pays. En effet : des conséquences écologiques engendrent automatiquement les conséquences économiques : réparation, etc…

La marseillaise :

Avec votre groupe en faites…

Christophe Cavard : 

Un casus belli ! Là-dessus, nous sommes clair. On est assez tendus sur la question de l’aéroport de notre dame des Landes sur lequel, par ailleurs nous ne lâcherons rien. C’est certes une problématique régionale mais elle devient un mini Larzac ! Sur le gaz de schiste, si par malheur la majorité lâchait, cela engendrerait pour nous des conséquences fortes au sein de la majorité. J’aurai occasion de revenir sur le rapport gallois car en dehors du gaz de schiste il propose la baisse des charges patronales. C’est un vrai débat !

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