Une politique pour l’emploi sans Gallois
Intervention à l’Assemblée : Une politique pour l’emploi sans Gallois
Christophe Cavard, député Europe Ecologie Les Verts du Gard, membre de la commision des affaires sociales de l’Assemblée Nationale, est intervenu aujourd’hui dans l’hémicycle pour apporter la position du groupe sur le budget de la mission travail emploi de la loi de finances 2013.
Il s’est félicité du soutien renforcé au service public de l’emploi, de la création des emplois d’avenir et des orientations pour la formation. Il a par ailleurs critiqué l’approche du rapport Gallois, et lui a opposé une autre vision du mode de développement souhaitable pour créér de l’activité et de nouveaux emplois.
Pour voir l’intervention en video
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Voir l’intervention ci-desssous:
Mission travail-emploi
Loi de finances 2013
Intervention de Christophe Cavard, Député Europe écologie Les Verts du Gard, membre de la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale,
le 8 novembre 2012
Monsieur le ministre, Messieurs les rapporteurs, Madame la présidente de la commission,
Fin septembre, il y avait en France plus de 4,5 millions de Chômeurs inscrits à Pôle Emploi.
Ce très fort niveau de chômage entretient la modération salariale et fait grossir le nombre de travailleurs pauvres aux côtés des chômeurs.
Les revenus des français sont devenus fortement inégalitaires et on compte aujourd’hui plus de 8 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté, dont je rappelle qu’il s’établit en France à 954 Euros par mois !
Sur le front du logement et avant le lancement d’une politique résolument volontariste de notre gouvernement, on compte désormais, selon la fondation Abbé Pierre, plus de 3,6 millions de mal logés.
Sur le plan de la santé, avec plus de 2 millions de personnes bénéficiant de la CMU, on sait que de plus en plus de personnes arbitrent désormais entre des soins et des besoins du quotidien.
Les politiques sociales et de solidarité envers les personnes qui rencontrent des difficultés à se nourrir, se loger, se soigner, se chauffer, se déplacer, sont indispensables en temps de crises, sinon c’est « non-assistance à personnes en danger ».
Dans le même temps, nous devons réaffirmer très clairement que l’objectif de nos politiques n’est pas le maintien dans la précarité, mais bien le retour ou l’accès à une autonomie financière satisfaisante pour chacun.
Pour cela, le budget 2013 de la mission travail emploi, prévoit des moyens nouveaux pour le service public de l’emploi.
Pour Pôle emploi 2000 postes supplémentaires et 2000 postes redéployés, marquent notre volonté d’un meilleur accompagnement des personnes en recherche d’emploi.
Ces personnes ne sont pas des marchandises qui devraient être traitées à la va vite au faux prétexte de performance ou de soi-disante rentabilité du service: ces personnes ont des profils différents, des projets de vie différents, et donc des besoins différents. Afin de poursuivre dans l’amélioration du service public, nous devrons être attentifs aux pratiques de Pôle emploi, notamment dans son recours à des prestataires de service, et prévoir des évaluations plus qualitatives que quantitatives de leurs interventions. Evaluations, bien entendu, conduites avec les usagers, personnes en recherche d’emploi et entreprises en recherche de salariés.
Ce budget 2013 prévoit également la mise en œuvre des 100 000 emplois d’avenir, qui seront bientôt renforcés par les contrats de génération. Nous n’y revenons pas ici, nous avons largement soutenu leur création.
Je rappellerai juste que pour nous, groupe écologiste, ces emplois n’ont bien entendu pas vocation à remplacer les emplois créés par les entreprises et les services publics dans la marche quotidienne de leurs activités.
Je souhaite revenir ici sur le fameux débat du choc de compétitivité. Je lance un avertissement à mes collègues de droite qui restent fidèles à de vieilles rengaines et se tournent vers le passé pour y lire l’avenir !
A ce sujet, le rapport Gallois a le mérite d’exister, mais plutôt que des solutions maintes fois éprouvées, nous préférerions des solutions nouvelles qui prennent en compte la nécessité d’un changement de mode de développement. Les théories et pratiques de « l’emploi pour l’emploi », ou « la croissance pour la croissance » ont produit trop de dégâts sociaux et environnementaux.
Nous pensons que l’objectif d’une croissance sélective permettrait de soutenir des secteurs à forts potentiels car répondant aux besoins d’aujourd’hui : non l’automobile n’est pas un secteur d’avenir ! Oui les transports collectifs et les énergies renouvelables en sont, oui il faut booster le secteur du bâtiment et de l’éco-construction ! Oui une fiscalité écologique peut être un outil efficace pour la transformation de notre économie, oui les régions en lien avec l’Europe doivent avoir les moyens d’impulser un développement économique adapté à leurs ressources et potentiels.
Pour qu’il y ait création d’activités et donc d’emplois, nous devrons accompagner les entreprises dans le développement de nouvelles filières et dans le renforcement d’un tissu de PME non délocalisables.
Nous devons favoriser un accompagnement des salariés, des chômeurs, des jeunes, vers des formations nécessaires à la reconversion de certaines activités, ou à la création de nouvelles. C’est le sens de l’amendement que je soutiens concernant la mise en place d’un dispositif d’expérimentation destinés aux jeunes apprentis afin d’améliorer leur taux de qualification. Nous y reviendrons tout à l’heure.
Toutes les innovations politiques qu’il nous faudra porter ensemble montrent l’enjeu central que représente la formation des jeunes ou la formation tout au long de la vie. C’est une des conditions d’une croissance sélective privilégiant l’utilité sociale et la qualité environnementale.
Mais puisque c’est pour la mission « travail emploi » que je m’exprime ici et non pour celle du développement économique, j’insiste pour que nous portions une attention renforcée aux personnes concernées par ces politiques : nous devons donner les moyens aux différents acteurs intervenant pour l’accès à l’emploi et à la formation de préférer les valeurs humaines à celles de l’argent, de restaurer « l’estime de soi » au travers d’accompagnements attentifs, respectueux, un accompagnement qui valorise et soutient les créativités individuelles et collectives.
Les français nous ont donné mandat pour redonner du souffle à leur quotidien. Cela passera par un changement de méthode et de conception du développement économique.
Christophe Cavard, député Europe écologie Les Verts du Gard