Grenoble, 10 mars 2014 : Aucun autre projet urbain que celui de l’Esplanade ne symbolise mieux l’échec de la politique de la majorité socialiste et de ses alliés de droite : à lui seul, il représente un déficit démocratique, une absence de bonne gestion, le non-respect de la réglementation et un gaspillage d’argent public. Rappelons que le 17 décembre 2013, ce projet a été mis en arrêt par jugement du Tribunal Administratif de Grenoble qui a annulé la révision simplifiée du Plan Local d’Urbanisme (PLU) sur ce secteur nécessaire à sa mise en œuvre. Cette décision a été prise suite à un recours du groupe des élus ADES-Alternatifs-EELV et de l’association « Vivre à Grenoble ».
Il serait trop facile de s’arrêter là. Bien sûr, l’Esplanade a besoin d’être requalifiée, cette entrée de ville se doit d’être accueillante, ce secteur historique avec la Porte de France doit être mis en valeur, et ses résidants et visiteurs souhaitent un quartier plus agréable.
Le choix du candidat de l’UMP à la Mairie qui annonce l’arrêt du projet Esplanade comme mesure-phare de son projet, alors que le Tribunal Administratif l’a déjà arrêté, relève donc de l’électoralisme et du refus de construire des logements abordable pour tous.
Mais le secteur de l’Esplanade reste un nœud d’enjeux des plus complexes : faut-il densifier cette entrée de ville qui n’a pas évolué depuis cinquante ans, et comment ? Comment cadrer un projet avec l’autoroute qui a du mal à disparaître, et l’arrivée du tram ? Et comment le concilier avec les habitants déjà installés ? La majorité PS/droite n’a voulu discuter que « de hauteurs d’immeubles » au lieu de débattre avec les Grenoblois d’une vue d’ensemble partagée sur l’avenir. La droite ne propose que le statu quo.
Nos propositions, largement inspirées des propositions d’avril 2011 du Collectif des habitants de l’Esplanade, ouvrent la perspective de co-construire un quartier embelli, moins impacté par la circulation automobile et qui ne renie pas ses racines.
- Le projet ne sera repris qu’après une grande et véritable concertation avec les résidants, collectifs et associations concernés. Plusieurs scénarios de projet seront étudiés avec eux. Voici les grandes lignes directrices que nous leur soumettrons :
- La Grande Esplanade, entourée d’arbres centenaires, doit garder sa vocation historique d’accueil de la Foire des Rameaux et des cirques à Grenoble. L’accueil d’autres manifestations sera possible grâce à la bonne desserte par le tram.
- La construction d’immeubles neufs dans toutes les parties actuellement bâties de l’Esplanade doit s’accompagner de la réhabilitation et rénovation thermique de l’existant. Les nouveaux immeubles, selon le PLU de 2005, auront des volumes et hauteurs maîtrisés et de l’espace entre immeubles. Les terrains appartenant à la Ville permettent de construire majoritairement des logements sociaux et en accession sociale.
- Des espaces verts seront distribués dans l’habitat et le long des berges de l’Isère, en particulier dans la perspective d’une trame verte et bleue d’agglomération et en respectant la loi sur l’eau (espaces naturels conservés le long des cours d’eau).
- Un parking-relais est nécessaire le long de l’ex-A48 pour favoriser le report modal sur le tram, en particulier pour les voitures qui descendent du col de Clémencière. La Grande Esplanade sera utilisée comme parking-relais dont le nombre de places sera progressivement réduit au fur et à mesure du report sur le tram et sur les parkings-relais gratuits en amont (St-Egrève etc.).
- Il n’est pas acceptable d’accroître, comme le prévoit la majorité PS/droite, la circulation sur la route de Lyon et le Bd de l’Esplanade à 20.000 véhicules/jour au mépris des riverains. L’ex-autoroute pourrait être conservée mais réduite à 2×1 voie.
- Nous proposons de ne pas construire un 5e pont routier sur l’Isère dans l’axe de la rue Durand Savoyat, proposé par la Ville depuis 2011, car il ne résoudrait pas les problèmes de la circulation mais le déplacerait seulement. Il coûterait près de 20 millions d’Euros et ne serait pas prêt avant 2020.
- Une passerelle piétons/vélos entre l’Esplanade et le quartier Jean Macé serait utile notamment aux habitants de l’Esplanade pour l’accès aux écoles rive gauche. Elle faciliterait l’accès aux événements sur la Grande Esplanade depuis la gare.
- L’artisanat, le commerce et les services sont une composante importante d’un quartier du centre ville. L’offre immobilière, la voirie et le stationnement devront permettre le maintien voire le développement de cette mixité d’activités.
- Le besoin de créer une ZAC Esplanade doit être réévalué. Ces structures engendrent d’importants coûts de gestion pendant de nombreuses années qui doivent être comparés avec les bénéfices tirés de ce choix de gestion.
- A partir de 2015, les PLU et les grands projets urbains relèvent de la compétence de la future Métropole Grenoble Alpes. Nous ferons de la requalification du quartier de l’Esplanade, grâce à sa valeur symbole, un projet phare pour un urbanisme métropolitain élaboré avec et pour les habitants.
- Le quartier de l’Esplanade devrait notamment accueillir un équipement métropolitain de centre-ville comme il a été proposé dans l’Avis du Conseil Consultatif du Secteur 2 (CCS2). Cet équipement pourrait être une future Maison du Climat, noyau d’une force innovatrice de Grenoble dans ce secteur d’avenir.
Bonjour,
D’abord, pour être franc avec vous, je n’ai pas signé la pétition contre le projet de l’Esplanade portée par le collectif d’habitants ; à l’époque leurs arguments ne m’ont pas du tout convaincus : nécessité de garder un grand parking à l’entrée de Grenoble, une autoroute aux portes de la ville, mise en doute du nombre de demandeurs de logements sociaux et donc de la nécessité d’en construire… et qui prônaient donc un statu quo du no man’s land. Les collégiens à mes côtés qui ont signé cette pétition ont je pense été convaincus par l’argument « foire des rameaux ». Je voudrais revenir sur certains points :
2. J’ai des amis riverains de la Porte de France qui pestaient contre les nuisances induites par cette foire et les cirques. Depuis ils ont démangé en dehors de Grenoble, « au calme » et viennent à Grenoble en voiture et pestent maintenant contre les embouteillages aux entrées de Grenoble.
3. Dans votre fiche désintox (http://unevillepourtous.fr/2014/02/10/savoir-sur-la-speculation-immobiliere-clip-video-fiche-desintox/) vous craigniez des opérations immobilières avec 50% de logements sociaux (à moins que je n’aie pas compris). Le projet actuel prévoit 30% de logements sociaux (en location ?) et 10% en accession sociale. Votre proposition est d’en construire « majoritairement », soit plus de 50%. Il n’y a pas une incohérence ?
De plus vous prévoyez d’une part de construire 500 logements sur les ateliers municipaux et 150 logements sur la Petite Esplanade (au nord du boulodrome). En calculant sur une carte la surface de ces ateliers municipaux, celle-ci est de l’ordre de 1,25 ha (dites-moi si je me trompe). Cela fait donc 400 logements/ha soit plus que l’opération « le clos des fleurs » (320 logements/ha), c’est bien ça ? Pour construire les 150 logements sur la Petite Esplanade, il faudra bien couper la cinquantaine d’arbres, non ?
650 logements représente un peu moins de 2000 nouveaux habitants, je ne suis pas sûr qu’ils apprécient longtemps « l’animation » de la foire ou des événements à proximité immédiate. Enfin bon puisque ce sera des logements sociaux ils n’oseront sans doute pas se plaindre (ironie).
5. Le P+R près de la route de Clémencière est prévu dans le projet actuel. Combien de temps encore devrons nous supporter cette verrue qu’est le parking de l’Esplanade ?
6. Alors là je ne vous suis pas du tout. Ne faites pas la même erreur que celle de l’extension du Parc Mistral : ne coupez pas l’accès aux berges de l’Isère par une route ! Je trouvais, dans le projet actuel, le fait d’aménager l’ex A48 en boulevard urbain puis de supprimer complètement l’ex autoroute à l’entrée de Grenoble très ambitieux d’un point de vue du report modal (en diffusant aussi une partie du trafic sur la rive gauche, comme vous le souligniez, avec la création d’un pont) mais là votre proposition est plutôt décevante ; pour le grand parc, on repassera, c’est ça !? C’est comme pour les quais de l’Isère côté St Laurent (même si je dois le reconnaître que c’est beaucoup plus plaisant qu’avant), on aurait pu avoir une zone entièrement piétonne, non il a fallu garder cette rue pour les automobiles.
Par contre, je vous remercie de proposer (même si c’est un peu « léger » et que cela arrive un peu tard à mon avis) au moins quelque chose pour ce quartier qui est pour le moment indigne d’une entrée de ville comme Grenoble.
Cordialement
Bonjour,
Merci de vos remarques. Notre projet se veut participatif, notamment sur les grands projets. Nous accueillerons donc volontiers les réactions des habitants dont la vôtre pour l’améliorer et surtout co-construire. Dans une campagne électorale, il est difficile d’aller dans les détails, mais nous voulons donner la vision que nous portons.
Pour répondre rapidement à vos interrogations, nous ne voulons pas nécessairement adosser les réalisations de logements sociaux à des logements privés surtout par un même opérateur. Il y aura une commande publique de logements sociaux faite par un opérateur public qui peut nous permettre de monter à 50% si cela est possible (et souhaitable dans des zones de la ville encore dépourvues de logements sociaux). Nous ne proposons pas de construire 500 logements sur les seuls ateliers municipaux mais sur une zone bien plus grande, indiquée sur le plan sur notre site. Ensuite, la zone indiquée sur ce même plan autour de la Petite Esplanade sur laquelle 150 logements sont possibles, comporte des terrains sans arbres.
Pour le parking de l’esplanade, nous avons dit que nous voulons le réduire petit à petit, mais nous ne voulons pas priver Grenoble de ce parking d’un seul coup sans offrir des alternatives viables. Ce parking relais sera nécessaire le temps que nécessite la construction de nouveaux parking relais en amont, le long de la ligne de tram E, qui n’a malheureusement pas été entreprise en parallèle avec la construction du tram.
La réduction de la circulation à cette entrée nord de Grenoble prendra beaucoup de temps. Nous voulons transformer la route qui débouche sur la Porte de France en route normale, limitée à 50km/h. Le casse-tête c’est de trouver où rediriger le flux entrant (18.000 véhicules/jour). Actuellement, il n’y a pas de solutions, puisque le pont prévu n’est même pas programmé par le Conseil Général (le 5ème pont sur l’Isère ne se fera pas, car le Conseil général ne le financera pas et la Métropole aura des projets plus vitaux à financer, à hauteur de 20 millions d’euros, que ce pont). De plus, la solution du pont signifie rediriger tout le flot de voiture vers la Presqu’île qui ne peut pas se le permettre de le digérer. Deux fois 18.000 véhicules/jour sur la route de Lyon et le Bd de l’Esplanade seraient une bien plus grande nuisance que le besoin de traverser une route pour rejoindre un aménagement vert de l’Isère. Les personnes arrivant par la passerelle piétons/cycles ne sont d’ailleurs pas concernées. Notre vision c’est que cette entrée de ville sera aussi moins fréquentée par les automobilistes à cause de l’existence du tramway. C’est une solution parmi plusieurs autres qui devra être discuté.
Votre réaction montre qu’il n’existe pas de projets ficelés qui conviennent. Il faut travailler à la rénovation de ce quartier avant tout avec les habitants.