Depuis 2009, la Commission "suit de très près la manière dont les impacts cumulatifs du projet seront pris en compte", avait déjà indiqué en septembre 2013 le directeur général de l'environnement de la Commission, Karl Falkenberg. Il était auditionné par la commission des Pétitions du Parlement européen, suite à l'ouverture fin janvier 2013 par l'exécutif européen d'une procédure de précontentieux contre ce projet aéroportuaire.

Suite à cette saisine, Bruxelles avait déjà demandé à deux reprises des informations aux autorités françaises compétentes concernant le respect des exigences prévues par la législation environnementale européenne.

Des travaux freinés par les recours judiciaires

La France dispose de deux mois pour de nouveau répondre à Bruxelles. Les porteurs du projet se veulent rassurants. Aéroports du Grand Ouest, concessionnaire, est "confiant sur le fait que les réponses qui seront apportées par la France dans les délais satisferont aux demandes de la Commission".

Interrogé par l'AFP, la préfecture de Loire-Atlantique quant à elle, "prend acte" de la décision de Bruxelles et assure que "sur le fond du dossier, ça ne change rien". La préfecture y voit "une petite formalisation des points qui restent à traiter" et estime que la mise en demeure européenne n'annule pas les arrêtés autorisant la reprise des travaux.

Les premières actions de transferts des espèces et de défrichage étaient prévues le premier semestre 2014 par la préfecture. En février dernier, plusieurs associations opposées à l'aéroport ont déposé des recours judiciaires contre ces quatre arrêtés dénonçant les insuffisances du projet en matière de compensation environnementale.

Johanna Rolland, la nouvelle maire socialiste de Nantes, a signé un accord électoral avec l'écologiste Pascale Chiron soulignant "l'orientation du gouvernement de ne pas débuter les travaux avant l'épuisement de tous les recours juridiques actuellement déposés". La nouvelle ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a réaffirmé cette position. Cette semaine, le Conseil national de protection de la nature a donné un avis défavorable à la destruction d'une espèce menacée à Notre-Dame-des-Landes, le campagnol amphibie.

"Ségolène Royal n'a jamais caché son scepticisme quant à ce projet, il lui appartient maintenant en tant que ministre de l'Ecologie de faire un geste fort en faveur de l'environnement en mettant un terme définitif à ce projet", a déclaré Denez L'Hostis, président de la fédération France Nature Environnement.

Rachida Boughriet