Monsieur le Président,

La commission Mobilité 21 s’apprête à rendre ses conclusions sur la révision du Schéma national des infrastructures de transport, un schéma dans lequel la droite avait empilé les projets sans clairvoyance, sans vision d'ensemble, et sans tenir compte de l’état des finances publiques. Parmi les 245 milliards d’euros de projets inscrits, plusieurs concernent l’Auvergne, en particulier la LGV POCL, repoussée a priori autour de 2030/2035, comme nous n’avons jamais cessé de le dire. Sa réalisation dépend de deux critères :

- les finances publiques tout d'abord. Or, sans l'affectation d'une nouvelle ressource nationale pérenne dédiée au financement des infrastructures ferroviaires, il est inimaginable d'envisager de tels projets de LGV et la modernisation du réseau classique, des trains de la vie quotidienne et du fret.

- Deuxièmement, la date de saturation de la ligne Lyon-Paris, toujours inconnue, mais qui devrait intervenir plutôt entre 2030 et 2035.

Dans la période de crise que nous traversons, où un euro d’argent public dépensé doit plus que jamais être un euro utile, sachez qu’il existe une alternative trois fois moins chère aux projets de LGV POCL et Poitiers Limoges, une solution qui permettrait, en moins de 10 ans, de désaturer les LGV Paris-Lyon et Atlantique, et donc de reporter des dépenses de plusieurs milliards d’euros.

Ce projet alternatif focalisé sur l’aménagement, le maillage, et l’équilibre du territoire, c’est celui que notre groupe a élaboré avec les écologistes de 5 autres régions et des experts ferroviaires.

Il permettrait de désenclaver le Massif Central sans attendre les calendes grecques et d’offrir enfin aux usagers un train rapide qui n’oublie personne, un train abordable pour les usagers : moins de LGV, c’est moins de péages, et donc des billets moins chers de 20 à 30%.

Comment ? En combinant la construction de lignes nouvelles, seulement là où elles sont nécessaires et utiles, notamment au sud de Paris où le réseau est saturé, et en optimisant les lignes existantes.

Avec ce projet, nous proposons de connecter les territoires de manière intelligente, d'améliorer les relations nord-sud, mais aussi les liaisons est-ouest. L'espace central serait à nouveau desservi par ces relations transversales injustement détournées par Paris, une logique centralisatrice qui n'a fait que renforcer le fait métropolitain, la dualisation ferroviaire et la fracture territoriale.

Monsieur le Président,

Nous devons aujourd'hui nous prononcer sur le Schéma stratégique de l'offre de formation technologique et professionnelle par voie scolaire du Grand Clermont, un sujet sur lequel notre groupe s'est beaucoup interrogé ces derniers mois, sur la forme comme sur le fond.

Sur la forme tout d'abord, car ce projet a été mal emmanché, dès le départ, avec l'annonce brutale par voie de presse de la fermeture du Lycée Vercingétorix, qui plus est pour des raisons bâtimentaires exagérées. Alors, bien sûr, Monsieur le Président, vous avez multiplié, par la suite, les rencontres et les réunions de travail, mais vous avez pu constater qu'il n'est pas aisé de renverser la tendance et d'essayer de rattraper un déficit de concertation en amont. Inévitablement, c'est dans un climat délétère et de méfiance que les personnels des lycées et leurs représentants, les élèves et leurs parents, mais aussi que les élus du Conseil régional ont appréhendé ce Schéma.

Dans ce contexte, bien entendu, il a été difficile pour chacun de faire la part des choses entre les propositions d'orientations globales et les aspects opérationnels d'un Schéma qui n'a eu de cesse d'évoluer, dans le bon sens heureusement. J'en prends pour exemple l'intégration des métiers verts, le report de la date du transfert de la majorité des formations du Lycée Vercingétorix à 2015 et le transfert en bloc des formations du lycée Vercingétorix au Lycée Lafayette, qui permettra de ne pas perdre la cohérence et la dynamique de l'offre de formation et de l'équipe éducative de ce lycée.

Néanmoins, le schéma reste encore en l'état imprécis ou perfectible sur certains points, trop discret voire muet sur d'autres, ce qui me permet d'en venir au fond.

En effet, j'espère que la Session d'aujourd'hui permettra d'adopter plusieurs amendements, en particulier les 6 déposés par mon groupe, et qui conditionnent un vote favorable de notre part.

Permettez-moi de rappeler quelques éléments incontournables qui nous amènent, dans un esprit constructif, à vous proposer ces modifications aujourd'hui. Pour nous, il est absolument indispensable que ce schéma :

1) ne débouche sur la suppression d'aucune formation, de division, de postes d'agents des lycées, ni sur la révision à la baisse du taux d'encadrement sur les lycées du Grand Clermont (j'entends par là les enseignants, les personnels administratifs, de la vie scolaire, et les personnels de santé).

2) qu'il permette d'offrir un cadre propice à l'épanouissement et à l'accompagnement individualisé des élèves les plus fragiles ou requérant des besoins éducatifs particuliers, à savoir les élèves des classes ULIS, de 3ème prépa-pro, des plateformes d'insertion et de lutte contre le décrochage scolaire, ou encore des anciens élèves de SEGPA. Cela suppose d'accueillir ces jeunes dans des petites structures éducatives, dans des lycées où les effectifs sont les plus réduits afin de leur offrir un parcours de formation individualisé et un accompagnement approprié.

3) qu'il appréhende la formation par voie scolaire et l'apprentissage comme deux voies de formations complémentaires, ce qui implique de ne pas ouvrir des sections par la voie de l'apprentissage lorsque la formation concernée n'est pas ouverte par la voie scolaire.

4) qu'il affirme que les lycées jouent un rôle structurant pour les populations en milieu rural, qu'ils participent à l'attractivité d'un territoire et au maintien des populations. Ainsi, l'offre territoriale de formation doit être dimensionnée par rapport à la démographie bien sûr, mais aussi par rapport à l'équité territoriale et aux nécessités d'aménagement et d'équilibre du territoire. Dans les schémas de formation à venir, en dehors du Grand Clermont, cet aspect sera tout à fait crucial.

Ceci étant dit, notre groupe adhère aux objectifs, aux grands principes qui régissent ce Schéma, à savoir :

- la recherche de mixité entre les jeunes et la lutte contre les discriminations et les déterminismes sociaux, ce qui nous conduit à considérer que les élèves issus des formations générales, technologiques, et professionnels, sont capables de vivre ensemble dans les lycées de l'agglomération du Grand Clermont.

- la facilitation des passerelles et des changements d'orientation entre les voies de formation, grâce à des établissements polyvalents et des pôles de compétences clairement identifiés pour les jeunes, qui offriront dès que possible des formations de Bac -3 à Bac +3, voire plus ;

Ainsi, en votant ce schéma, sous réserve que nos amendements soient adoptés bien sûr, nous faisons le choix de ne pas stigmatiser les élèves des lycées professionnels, de ne pas considérer que certains élèves ou certaines formations sont plus légitimes ou plus simples à gérer que d'autres, bref, nous donnons la même chance à chaque jeune de s'épanouir dans son environnement scolaire et éducatif.

Enfin, nous réaffirmons que la construction de Camille Claudel 2 est nécessaire, et je vous rappelle d'ailleurs que nous avons déjà acté le principe de sa construction il y a plusieurs années, et à l'unanimité.

Je vous remercie.