Aéroport de Clermont : Le point sur sa gestion et son financement en 2013
Par nicole rouaire le jeudi 24 janvier 2013, 14:38 - Actu - Lien permanent
Dans le cadre de la loi de décentralisation du 13 août 2004, l'Etat a transféré aux collectivités territoriales la propriété, l'aménagement, l'entretien et la gestion de 150 aérodromes. Seuls les aéroports de Lyon, Marseille, Nice, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg et Montpellier sont encore la propriété de l'Etat, tandis que les aéroports d’Orly et de Charles-de-Gaulle à Paris appartiennent à la société anonyme Aéroports de Paris, détenue majoritairement par l’Etat.
En Auvergne, ce transfert de propriété s'est effectué le 1er janvier 2007 au profit d'un syndicat mixte créé à l'initiative du Conseil régional d’Auvergne, en partenariat avec le Département du Puy de Dôme et la Communauté d'Agglomération de Clermont Ferrand. Ce syndicat mixte, le SMACFA (syndicat mixte de l'aéroport de Clermont Ferrand Auvergne) est financé selon la clé de répartition suivante : le Conseil régional y contribue à hauteur de 40%, le Conseil général du Puy-de-Dôme à 32%, et Clermont Communauté à 28%.
Depuis le 1er janvier 2008, le SMACFA délègue la gestion de l'exploitation de l'aéroport à la SEACFA (société d’exploitation de l’aéroport de Clermont-Fd Auvergne), une société détenue à 99% par le groupe Vinci et à 1% par le groupe Keolis. Ce contrat de délégation de service public, courant jusqu'au 31 décembre 2014 (auparavant la chambre de commerce était l'exploitant de la plateforme), est de type affermage, le Syndicat ayant à sa charge les opérations d’investissement utiles au développement des activités de l’aéroport et au gros entretien.
Le budget 2013 du SMACFA s’élève à 6,5 M€ répartis grosso modo en 2,5 M€ de dépenses de fonctionnement et en 4 M€ de dépenses d’investissement.
Les dépenses d'investissement sont importantes et relèvent pour l'essentiel des opérations obligatoires d'entretien et de sécurité (piste, taxiways, signalisation, parkings) en dehors du relookage du hall de l'aérogare.
De leurs côtés, les dépenses de fonctionnement comportent :
- les frais de personnel du SMACFA : 165 000 €
- les intérêts d'emprunt : 127 000 €
- la taxe foncière : 750 000 €
- et surtout les dépenses de développement du trafic : 1 million
d'euros
Ces 1M€ sont en réalité des subventions aux compagnies qui ont été
sollicitées par le SMACFA pour créer des lignes nouvelles au départ de
Clermont. C'est à ce titre que Ryanair obtient 475 000€ pour créer
deux lignes vers Porto et Charleroi, dont le taux de remplissage annuel devra
atteindre 70% en moyenne, sous peine de voir éventuellement Ryanair abandonner
les liaisons concernées…
Outre le cas emblématique de Ryanair, habituée au chantage financier et dont
on connaît les pratiques en matière de droit du travail, il convient de bien
avoir à l’esprit aujourd’hui que les offres d'autres compagnies
aériennes sont en cours de négociation avec le SMACFA, afin de créer ou recréer
des liaisons supprimées (car non rentables) vers Amsterdam, Lille, Londres,
Strasbourg, Nantes, et Rome.
Les propositions de ces compagnies envisagent des subventions publiques de l'ordre de 120€ par passager, soit environ 50% du prix du billet moyen pris en charge par la collectivité. Ces liaisons aériennes seraient assurées par des avions de petite taille (environ 50 places) dont le taux de remplissage espéré serait de 50%. Autant dire que le coût énergie/climat rapporté au passager transporté est très élevé !
Au final, le gain de trafic attendu pour l'aéroport serait de l'ordre de 30 000 passagers par an, quand le trafic de l'aéroport représente 380 000 passagers au total en 2012. Soit à peine 10% de trafic supplémentaire escompté pour 2 M€/an environ de dépenses nouvelles, voilà ce qui est en cours de négociation en ce moment... Autant dire là aussi, que le coût économique rapporté au passager transporté est très élevé !
Rappelons que les autres compagnies, Air France et sa filiale Régional, qui assurent 80% du trafic de l'aéroport avec les lignes régulières en direction d’Orly et de Roissy, de Nice, mais aussi des liaisons saisonnières vers la Corse, Flybe, qui assure un trafic saisonnier vers Southampton, ainsi que les charters , fonctionnent sans subvention.
En définitive, la contestation du groupe écologiste à la Région
porte donc sur les subventions aux lignes nouvelles qui ne nous paraissent pas
légitimes sur le plan de l'intérêt général et sans grand intérêt économique
pour l'Auvergne.
Sans elles, contrairement à ce que l’on peut entendre ici et là, la viabilité économique de l’aéroport ne serait pas remise en question. L’aéroport de Clermont, utile à notre région, peut continuer d’exister avec son trafic actuel via les lignes non subventionnées, d'autant plus que l'alternative TGV n'est pas pour demain, ni même sans doute pour après-demain…
C'est la raison pour laquelle je me suis abstenu lors du vote du budget 2013 du SMACFA. Je voterai contre les subventions aux lignes nouvelles comme je l'avais déjà fait pour celle de Ryanair au SMACFA.
Pierre Pommarel
Commentaires
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