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Le droit de l’environnement et la biodiversité en péril

8 avril 13 in environnement

Au sortir du deuxième Comité interministériel pour la modernisation de l’action publique (Cimap), qui s’est tenu le 2 avril, le Premier ministre a envoyé aux ministres et aux préfets une circulaire de 4 lignes : «A l’exception des normes touchant à la sécurité, il vous est désormais demandé de veiller personnellement à ce que vos services utilisent toutes les marges de manœuvre autorisées par les textes et en délivrent une interprétation facilitatrice pour simplifier et accélérer la mise en œuvre des projets publics ou privés.»
La doctrine issue du Grenelle I: «Eviter, réduire, compenser» tend à se muer en un brutal «détruire, compenser». Selon Roamin Ecorchard, juriste de Bretagne vivante, «Il suffirait finalement de payer une taxe lors de la réalisation de chaque projet, à laquelle correspondrait une compensation, qui serait réalisée de manière automatique (…) Nous pensons que ce rapport, sur la question de la biodiversité, est une terrible régression, juridique, écologique et intellectuelle.»
Le travail qui oriente aujourd’hui les décisions du gouvernement pour «redonner des marges de manœuvre au politique, redonner de la compétitivité à notre économie, réaffirmer la solidarité qu’incarnent nos services publics», selon les mots de Jean-Marc Ayrault, a été mené sans solliciter une seule association de protection de l’environnement et sans s’appuyer sur aucune référence bibliographique sérieuse.
La lecture de la notice (auto)biographique de Jean-Claude Boulard, co-auteur avec Alain Lambert du rapport « sur la lutte contre l’inflation normative » annonçait la couleur: «Il a pu parfois, sans délai, sans autorisation, sans schéma directeur préalable et sans étude d’impact, prendre des décisions utiles à ses concitoyens», est-il en effet écrit en ouverture du rapport. «Un élu local se vante de prendre des décisions sans autorisation? Sans étude d’impact? (…) Sans consultation, ni participation du public?», s’interroge, presque incrédule, Romain Ecorchard. «Libre à chacun de croire au mythe de l’homme éclairé prenant seul et sans autorisation ni consultation des décisions éclairées pour le bien de tous. Si c’est cela l’avenir de la prise de décision en démocratie… peut-être convient-il de s’en inquiéter», conclut-il.

Oui, l’écologie, c’est social !

21 mars 12 in solidarité

Un luxe, l’écologie ? Un supplément d’âme quand tous les autres problèmes sont réglés ? Non ! Le projet écologiste est profondément social et générateur de plus d’égalité. Il apporte des réponses aux deux préoccupations majeures de la société : l’emploi et le pouvoir d’achat.

Non seulement une politique écologiste est source d’emplois nouveaux – et de meilleure qualité – mais elle favorise une articulation plus sereine entre travail et non-travail. Elle interroge également « le pouvoir d’acheter », et promeut un accès pour tous aux biens et services indispensables, tels que l’eau, le logement, la santé, l’éducation, la mobilité, mais aussi les loisirs ou la culture, car le bien-être ne se mesure pas à l’aune de la seule consommation matérielle.

Loin de toute « régression », loin aussi des vieilles recettes inefficaces, ce livre dessine une société innovante et créative, plus juste et plus épanouissante.

auteur : Sandrine Rousseau, 5 € aux éditions du petit matin

Après Fukushima : « l’écologie est la plus grande des nécessités dans nos démocraties »

5 avril 11 in énergie, environnement, solidarité

Questions réponses à Eloi Laurent, économiste à l’OFCE et auteur du livre Social-écologie (Flammarion).

(extraits d’une interview donnée au Monde.fr)

Q : Comment peut-on parler de la fin du nucléaire sachant que les énergies renouvelables comme le photovoltaique ou l’éolien ne peuvent pas satisfaire les besoins en électricité, même à moyen terme, et que cette décision va à l’encontre de la décision écologique la plus importante de ces 50 dernières années : le protocole de Kyoto ?

 R : Il y a au moins deux questions dans votre question. La première concerne l’importance de l’énergie nucléaire dans l’approvisionnement en électricité des pays du monde, et de ce point de vue-là, il faut savoir que l’exceptionnalisme nucléaire français masque la réalité suivante : l’énergie nucléaire compte moins dans la génération d’électricité que les énergies renouvelable. Deuxième pan de votre question : le changement climatique.

 Et là aussi, l’énergie nucléaire compte relativement peu. Elle représenterait, selon l’Agence internationale de l’énergie, 6 % de la solution au problème de l’émission de gaz à effet de serre. La très grande majorité des solutions tient en trois volets : économies d’énergie, efficacité énergétique et énergies renouvelables.

Q : A part « il faut arrêter le nucléaire », quelles réponses peuvent formuler les écologistes ?

R : Précisément, si l’on regarde les scénarios proposés par l’association Négawatt, on voit se dessiner un scénario énergétique à horizon 2050 qui permet de décarboner l’économie sans pour autant nucléariser l’énergie. Il existe d’autres scénarios énergétiques semblables qui laissent une place majeure aux efforts énergétiques et aux renouvelables. Par exemple, ceux qui sont élaborés par l’université Stanford.

 Les écologistes, en tout cas ceux qui s’opposent au tout-nucléaire, ont donc des arguments extrêmement convaincants à faire valoir en matière énergétique, technologique et économique. Prenons dans le détail ces trois mesures. Economies d’énergie, cela veut dire développement de nouvelles technologies de l’énergie et de l’environnement, comme par exemple les réseaux intelligents qui sont capables d’éviter les gaspillages en régulant les consommations.

 Efficacité énergétique, cela veut dire, par exemple, investissement dans les technologies automobiles, mais aussi dans la rénovation thermique des bâtiments, qui est de loin le gisement le plus important d’emplois verts. Enfin, énergies renouvelables, et là aussi, en particulier en France, tout reste à faire ou, dans le cas du photovoltaïque, à ne pas défaire.

Q : Quel impact peut avoir Fukushima sur notre conscience écologique ?

 R : Votre question rejoint ma première réponse : Fukushima nous rappelle que les enjeux écologiques ne sont pas des contraintes qui pèsent sur notre compétitivité économique, comme on l’entend trop souvent depuis quatre ou cinq ans. Les enjeux écologiques déterminent notre bien-être, ils déterminent aussi l’hospitalité de la planète pour l’espèce humaine.

 Fukushima nous a fait brutalement sortir de l’idée que l’écologie est un luxe que nous ne pouvons pas nous offrir en temps de crise sociale, pour nous rappeler qu’elle est peut-être la plus grande des nécessités dans nos démocraties.

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