Mieux vivre ensemble, c’est mieux vivre avec ses proches, sa famille, ses amis mais aussi les voisins, les collègues de travail et les autres citoyens.
Mieux vivre ensemble, c’est prendre le temps de décider de son avenir, c’est s’intéresser à la chose publique, à la politique.
Le temps manque pour cela. Le temps nous a été confisqué, volé. Alors on confie à d’autres le soin de nous représenter pour décider de notre avenir, décider de ce qui fait notre quotidien.
Nous pensons être libres et nous sommes assujettis.
Alain Colombel, Conseiller Régional EELV, s’est intéressé au temps qui manque, au temps qui a disparu. De ses réflexions, il en a tiré un livre, « l’entreprise et le temps ».
« Avec l’entreprise et le temps », Alain Coulombel signe un ouvrage qui fera date et constituera une référence dans la synthèse des relations qu’entretient l’homme avec le temps.
A.Coulombel rappelle ce que nous disait E.Jünger de l’horloge : « Ce fut l’une des plus grandes inventions, plus révolutionnaire que celle de la poudre à canon, de l’imprimerie et de la machine à vapeur, plus lourde de conséquences que la découverte de l’Amérique ».
A. Coulombel fait une analyse historique de la relation de l’homme au temps, et à l’argent évidemment ; depuis « le temps n’appartient qu’à Dieu » de l’Ancien Testament, devenu doctrine de l’église et condamnation sans appel de l’usure, jusqu’à la chrono compétition devenu « une arme stratégique et le fondement d’une nouvelle morale de la production impliquant toutes les ressources (…) du salarié (jusqu’à provoquer son exténuation) ».
Le salarié des 20 et 21 ème siècles a été dessaisi de son temps propre, il est devenu un matériau servile.
Dans l’entreprise et dans la vie règne un sentiment d’urgence permanent qui se traduit par la déconstruction du vivre ensemble, la confusion des sphères de l’entreprise et du privé.
L’homme dans sa recherche permanente de la démesure, non seulement n’a pas vaincu le temps, mais celui-ci lui échappe et provoque stress professionnel (les fameux risques psycho-sociaux), dislocation de la vie privée et familiale, perte d’idéal…
Même les produits que nous fabriquons subissent la lutte contre le temps par la recherche de la réduction de leur durée de vie. Notre époque est celle des déchets, déchets des produits manufacturés, produits financiers pourris, mais pas seulement ; déchets et superflus humains caractérisent notre époque, ghettos urbains, réfugiés, mais aussi chômeurs, déclassés, désaffiliés, victimes de la course contre le temps.
Mais alors, que faire contre cette dictature du temps ? Résister, dit en conclusion de son ouvrage Alain Coulombel.
Nous sommes tentés d’ajouter, « comprendre, c’est déjà résister ! »
Pour aller plus loin, le livre d’Alain Coulombel , L’entreprise et le temps, Editions L’Harmattan, 2013
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