Manduel, une gare nouvelle qui ne se justifie pas: contribution à l’enquête publique
Christophe Cavard a remis en main propre, vendredi 17 mars, sa contribution à l’enquête publique sur la gare nouvelle de Nîmes-Manduel-Redessan au Président de la commission d’enquête en Mairie de Manduel. Sur ce dossier qu’il suit avec attention depuis 2012 et pour lequel il a eu l’occasion d’interpeller le gouvernement ainsi que d’avoir des échanges avec Guillaume Pepy, Président du directoire de la SNCF, il invite le Président de la commission d’enquête à donner un avis négatif à ce projet pour les différentes raisons suivantes:
1. De façon globale, le modèle des gares périphériques est un modèle dépassé. Depuis 40 ans qu’on en construit, les évaluations se sont multipliées pour dire qu’elles ne créaient pas de développement économique, conduisant la cour des comptes à écrire, dans son rapport de 2014 sur la grande vitesse ferroviaire, qu’elles sont sans gain global avéré sur l’activité économique locale.
2. L’intérêt public prétexté reposait sur l’urgence de raccorder Nîmes à la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP), et la soi-disant saturation de la gare de Nîmes Feuchères, ce qui ne semble pas être établi sur des éléments tangibles.
En effet, depuis la dernière instruction ministérielle du 1er février 2017, seul le tronçon Béziers-Montpellier de la LNMP sera mis à l’étude en 2017-2018, le tronçon Perpignan-Montpellier n’étant pas financé. Le phasage de la LNMP n’indique plus de date pour sa globalité.
Sur la saturation de la ligne, on sait par ailleurs, depuis la mise en fonction de l’Observatoire de la saturation ferroviaire au sein de la Dreal, que la gare de Nîmes Feuchères n’est pas saturée, et que le contournement Nîmes Montpellier (CNM) contribuera, par le déport du fret, à lui donner encore des marges de manœuvre.
3. Il existe une alternative raisonnable, qui est le scénario « sans gare nouvelle ». Il comprend le maintien de l’actuelle gare de Nîmes-Feuchères, non saturée, le raccordement du CNM à la ligne classique par Saint Gervasy au nord-est et la construction d’un raccordement au sud par Saint-Brès.
Outre que le dossier présenté ne satisfait pas à la nécessité de comparaison de tous les scénarios présentés, puisque ce scénario « sans gare nouvelle » n’est pas comparé aux autres, Réseau Ferré de France (FFF) a établit lui-même dans une note complémentaire au dossier LNMP qu’une nouvelle gare à Nîmes ne se justifiait pas.
Le dossier actuel mentionne simplement ce scénario comme « le plus onéreux », et l’écarte de ce fait, en usant d’un artifice : les scénarios « avec gare nouvelle » ne prennent pas en compte les voies d’accès par route, train et navettes, et donc les financements complémentaires induits qui sont à la charge des collectivités locales.
4. Les collectivités locales sont financièrement sollicitées dans un contexte ou elles-mêmes réduisent les budgets attribués au financement de leurs compétences obligatoires. Il est donc difficile de justifier cette dépense dans ce contexte.
5. Le dossier repose sur une demande de dérogation à la destruction d’espèces protégées par une zone Natura 2000 « Costières de Nîmes ». Cette dérogation ne peut se justifier que par la combinaison de 3 critères:
– « l’intérêt public majeur », « l’absence d’alternatives raisonnables » et les mesures de compensation adéquates. L’intérêt public majeur n’étant pas démontré, et une alternative raisonnable existant, le dossier se trouve grandement fragilisé juridiquement.
Toutes ces raisons justifient, sur la forme et sur le fond, sa suspension. C’est le sens de la contribution déposée ce jour par Christophe Cavard.
Retrouvez sa contribution complète là: contribution manduel
Eléments de l’enquête publique: http://enquetepublique.gare2-nimesmanduel.com/
La région a mis en place un moratoire sur le financement des deux gares nouvelles, Manduel et Montpellier-La Mogère: http://www.midilibre.fr/2016/10/31/faute,1417432.php