Le Monde – « EELV : Emmanuelle Cosse, chef de file des non alignés »
EELV : Emmanuelle Cosse, chef de file des non alignésArticle publié sur lemonde.fr le 24 mars 2015
La secrétaire nationale d’EELV, Emmanuelle Cosse, à Paris, en 2014. | AFP
Emmanuelle Cosse est à l’image de son mouvement : elle marche sur un fil et ne sait pas si elle parviendra à traverser le précipice. Au lendemain d’élections départementales décevantes pour son parti, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) tente de maintenir l’équilibre entre les partisans d’un retour au gouvernement et ceux qui souhaitent ouvrir des perspectives à gauche, loin de la politique défendue par MM. Hollande et Valls. Les résultats du premier tour du scrutin ne devraient pas l’aider, puisque les deux camps assurent y trouver leur compte.
Dans les cas – majoritaires – où les candidats d’EELV se présentaient en autonomie ou en duo avec au moins une des composantes du Front de gauche, le parti a recueilli respectivement 9,7 % et 13,6 % des voix. Quand ils étaient alliés avec le PS, ils ont obtenu 27 % des suffrages. Et sur les 80 cantons où EELV est qualifié pour le second tour, 55 sont concernés par un accord avec le PS.« L’avenir de l’écologie n’est pas dans une dilution-disparition au sein d’un Front de gauche rebaptisé, mais bien dans un partenariat renouvelé au sein d’une gauche qui agit », a réagi le coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, François de Rugy, satisfait de ce rapport de forces en apparence favorable à l’alliance avec le PS.
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Du côté des partisans d’une ouverture vers le Front de gauche, l’on s’efforce de mettre en avant quelques résultats encourageants, comme les 21,5 % glanés par un binôme Front de gauche-EELV à Lille ou les près de 30 % obtenus en moyenne à Grenoble par l’alliance EELV-Parti de gauche. « Comme les résultats sont moyens, chacun peut faire les analyses qu’il veut. Le débat n’est pas clos », relève un proche de Mme Cosse.
UNE ATTITUDE QUI DÉRANGEToujours est-il que le travail de la secrétaire nationale va être compliqué pour faire oublier ces maigres 2 % des voix affichés et répétés au niveau national à partir de 20 heures, dimanche soir. Un chiffre qui ne prenait pas en compte le petit nombre de candidats écologistes, présents dans seulement la moitié des cantons, ni leurs alliances multiples, classées sous les étiquettes « divers gauche » et « union de la gauche ». Il n’empêche. Si la conseillère régionale d’Ile-de-France a d’emblée appelé au rassemblement pour le second tour, elle espère encore pousser le gouvernement à infléchir sa ligne politique au lendemain du scrutin. Et ces 2 % risquent de lui être renvoyés au visage.
Depuis quelques semaines, la secrétaire nationale d’EELV entretient des « échanges informels » avec l’exécutif, selon son entourage. Son nom circule pour entrer au gouvernement en cas de remaniement, et elle prépare l’agenda souhaité par les écologistes pour la fin du quinquennat, préalable à toute participation. Un dîner organisé lundi par le député du Gard, Christophe Cavard, a réuni ses proches dans le but de formaliser l’espace politique de Mme Cosse, qui tente de se placer au-dessus des clivages. « Ce dîner est une initiative de la part de personnes qui éprouvent une lassitude face au débat caricatural Placé-Duflot et qui se retrouvent dans les positions d’Emmanuelle Cosse. Elle critique le gouvernement, mais elle n’est pas dans le radicalisme », explique un de ses conseillers.
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Cette attitude dérange : sa présence le 4 avril à une réunion d’écologistes pro-Hollande a du mal à passer. « Le périmètre de cette réunion est regrettable, elle est commanditée par l’Elysée pour réunir les soutiens de François Hollande et de Manuel Valls », estime David Cormand, numéro deux d’EELV et proche de Cécile Duflot, en éludant le cas de Mme Cosse : « La secrétaire nationale est maître de son agenda. »
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