Élections départementales : l’écologie politique n’est ni à brader ni à diluer

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Sénateur EELV

LE PLUS. Europe Ecologie-Les Verts n’a remporté que 2,03% des voix au premier tour des élections départementales, selon le ministère de l’Intérieur. Un chiffre contesté en interne : le parti affirme être 9,7% dans les cantons où il était autonome. La faute aux divisions ? Ronan Dantec, Yannick Jadot, Michèle Rivasi et plusieurs autres personnalités politiques d’EELV appellent ici à un sursaut écologique.

 

Un meeting Europe Écologie-Les Verts, le 27 mai 2012 (R. YAGHOBZADEH/SIPA)

 

Le premier tour des élections départementales a souligné la gravité des désarrois qui traversent la société française, se traduisant par une grave crise démocratique, une remise en cause de la représentation politique et la montée, à des niveaux insoupçonnés, du vote en faveur de l’extrême-droite.

 

Ce résultat nous interroge dans notre capacité à forger des réponses politiques crédibles, nous interpelle tous sur notre exercice des responsabilités. L’écologie, même si elle reste bien implantée, ne peut échapper à cette remise en cause.

 

Nos divisions ont brouillé notre message politique

 

Le spectacle de nos divisions, les affichages de positions simplistes et antagonistes ont brouillé la lisibilité de notre message politique, et donné une image caricaturée de notre engagement qui entame notre crédibilité. Nous réaffirmons ici l’autonomie de l’écologie politique et la spécificité de son projet. L’écologie politique n’est ni à brader ni à diluer. Du niveau local au niveau européen, la construction et la défense de notre projet, avec les citoyens et les acteurs organisés de la société, reste notre horizon. C’est donc fort de nos valeurs et de nos propositions que nous devons construire des coalitions de projets.

 

Ainsi, alors que la gravité des crises environnementales menace notre avenir commun, que la France va accueillir en décembre une conférence essentielle pour tenter de répondre aux défis du dérèglement climatique, nous risquons de perdre notre capacité à convaincre les citoyens et à influer sur les grandes décisions publiques.

 

Nous ne nous résignons pas à cette situation et appelons aujourd’hui au renforcement d’une force d’écologie politique crédible, car lisible sur ses priorités. La lutte contre le dérèglement climatique est une opportunité extraordinaire de convaincre nos concitoyens de nos solutions de reconquête économique, sociale, culturelle et démocratique des territoires, d’une nouvelle solidarité internationale et de la construction d’un avenir bienveillant pour l’humanité.

 

Notre force doit se consolider dans la durée 

 

Depuis le début des années 90, à travers les Verts puis Europe-Ecologie, nous avons construit une force politique dont les succès ont été réels aux Européennes de 2009 et aux Régionales de 2010 mais sans consolidation dans la durée, même si les dernières élections départementales ont confirmé un socle électoral bien plus conséquent que certaines estimations fortement minorées.

 

Nous nous inscrivons comme pôle incontournable de la gauche réformiste, assumant des accords politiques et la prise de responsabilité dans la conduite des politiques publiques, mais avec l’exigence de contrats intégrant nos priorités dans le projet porté en commun. Cette orientation, socle historique de notre rassemblement, est généralement qualifiée d’autonomie contractuelle.

 

Une coalition entre les écologistes et les gauches réformistes

 

Le scrutin de dimanche dernier appelle une réponse politique vigoureuse. L’absence de réaction, la poursuite sans inflexion des politiques publiques actuelles, aggraveraient le fossé avec des électeurs dont le vote manifeste chaque fois davantage la colère. Nous pensons donc urgent d’explorer les conditions de coalitions entre les gauches réformistes et les écologistes autour de projets réaffirmant l’urgence sociale, écologique et démocratique, depuis le niveau local jusqu’à l’échelle européenne.

 

Il est évident aujourd’hui que sans nouvelle dynamique, la gauche et l’écologie politique se retrouveront non seulement écartées de la gestion de nombre de régions, territoires pourtant clefs pour engager la transition écologique, mais surtout, sans cette réponse à l’interpellation, elles se condamnent à une rupture durable avec les citoyens et laisseront le champ libre aux dangers réels d’une extrême droite de plus en plus influente.

 

Explorer les conditions de ce contrat ne peut se confondre avec un casting de remaniement précipité. Les conditions doivent être réunies sur le fond et la forme.

 

Dans la manière, il s’agit d’assurer la transparence des discussions et de tout accord politique collectif s’il devait y en avoir un. Sur le fond, il s’agit de faire de la réponse aux enjeux écologiques et démocratiques un des moteurs d’une réponse globale, où transition énergétique rime avec création d’emplois, renforcement de la fiscalité écologique avec solidarité renforcée et meilleure répartition des richesses, dialogue environnemental avec rénovation démocratique.

 

De même, la question de la proportionnelle doit être remise à l’agenda des réformes institutionnelles pour enfin sortir d’une société paralysée dans sa capacité de réforme, et d’un jeu politique perverti par un scrutin majoritaire qui n’apparaît même plus comme un rempart à l’accès au pouvoir de l’extrême-droite.

 

Sans posture et en toute responsabilité, nous sommes disponibles pour cet exercice, pour explorer les possibles afin d’apporter des réponses concrètes aux cris de colère et de désarroi qui se sont exprimés dimanche dernier.

 

 

Signataires :

Christophe Cavard, député

Ronan Dantec, sénateur

Yannick Jadot, député européen

Laurence Abeille, députée

Danielle Auroi, députée

Sandrine Bélier, ancienne députée européenne

Célia Blauel, adjointe à la maire de Paris

Sophie Bringuy, vice-présidente région Pays de la Loire

Jean-François Caron, maire de Loos-en-Gohelle

Françoise Coutand, vice-présidente région Poitou-Charentes

Guillaume Cros, conseiller régional Midi-Pyrénées

Françoise Diehlmann, conseillère régionale Ile de France

Pierre Hémon, conseiller municipal de Lyon

Bernard Jomier, adjoint à la maire de Paris

Nicole Kiil-Nielsen, ancienne députée européenne

Jean-Philippe Magnen, vice-président région Pays de la Loire

Michael Marie, conseiller régional Basse-Normandie

Michèle Rivasi, députée européenne

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