École – Rythmes scolaires : que faut-il attendre de la réforme à Talence ?

12 mars 2014

Actualités

La réforme des rythmes scolaires ne cesse de provoquer le débat depuis sa première application dans certaines communes de France en septembre 2013. Dans quelques mois, elle devrait se généraliser à l'ensemble du territoire. Mais que doit-on attendre de cette réforme ? Le passage à la semaine de 4 jours et demi permet-il un enseignement plus adapté aux rythmes de nos enfants ? Et surtout, comment appliquer cette réforme au mieux dans la ville de Talence ?

Le 4 mars, un débat public organisé par Monique de Marco, candidate écologiste aux élections municipales, réunissait plusieurs spécialistes pour discuter largement des différents aspects de la question :

Barbara Pompili, députée Europe Écologie-Les Verts de la Somme, co-présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale,
Martine Alcorta, maître de conférence en psychologie de l'éducation,
Didier Cugy, médecin spécialiste du sommeil,
Didier Tran Manh Sung, directeur d'école à Eysines (où la réforme est déjà appliquée).

(De gauche à droite : Didier Cugy, Monique de Marco, Martine Alcorta, Barbara Pompili et Didier Tran Manh Sung)

Les effets de la réforme sur les rythmes de l'enfant

Comme l'a rappelé Barbara Pompili, la réforme des rythmes scolaires a pour but de mieux adapter les rythmes scolaires aux rythmes de l'enfant, en instaurant une semaine de 4 jours et demi et en ajoutant des temps d'activité périscolaires dans la journée des enfants (tous les soirs, certains soirs, ou le midi – la formule étant différente selon les communes).

Pour Martine Alcorta comme pour Didier Cugy, le système de la semaine de 4 jours (où les enfants ne vont à l'école ni le mercredi ni le samedi), instauré sous la présidence de Nicolas Sarkozy, s'est révélé être une catastrophe. En effet, les enfants, surtout les enfants jeunes, ont besoin de beaucoup de sommeil (10 heures environ pour un enfant de 10 ans) et ils ont leurs propres rythmes biologiques, ou rythmes de l'attention. En principe, la capacité de concentration augmente au cours de la matinée, baisse en début d'après-midi, puis augmente à nouveau pendant l'après-midi. Mais avec la semaine de 4 jours, les rythmes de l'enfant sont décalés par rapport aux rythmes naturels.

Avec la semaine de 4 jours et demi, le rythme des enfants est davantage préservé, ce qui apporte des effets bénéfiques sur la santé et le développement du cerveau. De plus, le décalage avec les rythmes naturels diminue beaucoup (si les enfants vont à l'école le mercredi matin) voire disparaît complètement (si les enfants vont à l'école le samedi).

D'après l'expérience de Didier Tran Mahn Sung dans son école à Eysines, la réforme a été très positive pour les élèves de primaire, moins fatigués et plus concentrés à l'école. En revanche, les résultats sont moins probants pour les élèves de maternelle, pour lesquels les journées sont trop longues.

Quelle application à Talence ?

Mais comment appliquer au mieux cette réforme, dont les résultats paraissent plutôt positifs ? D'après Didier Tran Mahn Sung, la concertation entre enseignants, parents, personnels d'accompagnement et associations est essentielle et a permis une application réussie de la réforme à Eysines. Des activités sont proposées aux enfants chaque jour de 16h à 17h : sport, arts plastiques, ou encore exploration de la ville. Une grande majorité des élèves d'Eysines y participe et enfants comme parents en sont satisfaits. Pour mettre ces activités en place, il a fallu de la volonté et surtout un dialogue de bonne qualité avec les associations qui prennent en charge les temps périscolaires, ainsi qu'avec les parents.

En bref, tout n'est pas parfait – il peut-être difficile, par exemple, d'organiser les temps périscolaires quand un animateur est absent – mais cette première année réforme s'est globalement bien passée.

A Talence, où la réforme n'est pas encore appliquée, il est manifeste que l'information à destination des parents est insuffisante et génère des inquiétudes. Monique de Marco s'engage donc à favoriser la concertation et le dialogue si elle est élue à la mairie, pour que la réforme se fasse dans les meilleures conditions possibles

La réforme de l'école : quel avenir ?

Enfin, il faut rappeler que la réforme de l'école ne se limite pas aux rythmes scolaires. C'est une véritable révolution qu'il faut mener dans notre système éducatif, qui est aujourd'hui plus inégalitaire que jamais et laisse une grande partie des élèves « décrocher » et partir de l'école sans aucun diplôme.

Comme le souligne Barbara Pompili, le projet du gouvernement est beaucoup plus ambitieux : amélioration de l'encadrement des élèves, pédagogie basée sur la coopération plutôt que sur la compétition, alternatives au redoublement... Ces mesures doivent améliorer le bien-être des enfants à l'école, permettre à chacun de réussir et de relancer l'ascenseur social aujourd'hui en panne.