Gabriac, Gollnisch, Boudot… : quelques figures parmi les élus du Front National

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Derrière Bruno Gollnisch, le Front National rhônalpin aligne des conseillers régionaux bien différents les uns des autres, mais tous unis par une culture d’extrême droite très classique : ancien para, catholique intégriste, jeune fasciste… Voici une petite galerie de portraits.

Bruno Gollnisch

gollnischLe ténor du FN rhônalpin ne rate jamais une occasion de s’enorgueillir de son riche bagage universitaire : droit, langues orientales. Il s’enorgueillit aussi dans sa biographie personnelle d’être le descendant du ministre « initiateur de l’alliance franco-russe », celle qui, exaltée par l’extrême droite, précipita la France dans la guerre en 1914.

Bruno Gollnisch est un rhéteur très doué. On ne le prendra jamais en flagrant délit d’exprimer ouvertement des paroles racistes ou antisémites. Il est maître dans l’art des propos savamment ambigus et inattaquables, prenant un malin plaisir à s’approcher de la ligne rouge sans jamais être vu en train de la dépasser. Perrot, Gabriac ou Boudot sont avec lui à bonne école. Cependant, l’examen attentif du contexte de ses déclarations ne laisse aucun doute sur le fond de sa pensée.

Bruno Gollnisch a été poursuivi pour négationnisme. Avec de multiples précautions oratoires, il s’amuse à manier le champ lexical du négationnisme afin d’instiller le doute sur la réalité des atrocités commises par les nazis. Il invoque ainsi la supposée judéité de tel historien, présente la Shoah comme une « vérité officielle », donc contestable. Implicitement, Gollnisch nous conduit à penser que les nazis, au fond, n’étaient pas forcément de si mauvais bougres que ce qu’« on » nous oblige à croire.

A l’assemblée plénière de décembre 2011, Bruno Gollnisch faisait une proposition au président de la Région : « Je vous dédicacerai prochainement le livre de Mme Anne Kling, La France LICRAtisée, cette organisation de police de la pensée. ». C’est la même Anne Kling qui sur son blog fait preuve d’un acharnement obsessionnel contre la communauté juive, ironise sur la Shoah, soutient les négationnistes, répertorie les membres juifs du gouvernement…

En 2008, Gollnisch a soutenu un policier des Renseignements Généraux qui avait demandé par courrier au conseil régional de Rhône-Alpes les origines religieuses « autres que chrétiennes » de ses agents et s’ils avaient « demandé des aménagements d’horaires pour pratiquer leur religion ».

Parlementaire européen, Gollnisch est l’initiateur de l’Alliance européenne des mouvements nationaux qui rassemble l’extrême droite la plus radicale d’Europe, parmi laquelle le Jobbik hongrois, les néofascistes italiens de Fiamma tricolore… Des mouvements dont les dirigeants n’ont pas toujours les mêmes préventions oratoires que M. Gollnisch.

Sans s’en prévaloir directement, Gollnisch cultive de très proches affinités avec l’Œuvre française, un mouvement pétainiste et antisémite. C’est d’ailleurs bien sous l’aile de Bruno Gollnisch qu’ont grandi, entre autres, Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac, respectivement président de l’Œuvre française et créateur de son mouvement de jeunesse, les Jeunesses nationalistes, dont l’emblème est un aigle très proche de celui du parti nazi. Les deux groupuscules ont été dissous en 2013 par le Conseil d’Etat.

 

Charles Perrot

perrotLigérien. Fait fréquemment référence à une droite légitimiste inspirée par l’Action Française, en opposition à « la pseudo-droite qui est dans mon dos » à l’assemblée régionale.

Perrot est un admirateur de Charles Maurras, « le Grand Charles », qu’il cite dans la plupart de ses interventions. Maurras est le père spirituel d’une extrême droite monarchiste, antirépublicaine, antisémite, belliciste, qui a inspiré le pétainisme.

Il déteste par-dessus tout les francs-maçons qu’il soupçonne de guider en sous-main bien des politiques comme, étrangement, celle de la coopération solidaire.

Directeur général d’une société de composants électroniques, il intervient fréquemment sur les questions économiques et entrepreneuriales. Il aime particulièrement faire étalage d’une culture encyclopédique pour, croit-il, ridiculiser ses adversaires politiques sur un ton assuré.

 

Blanche Chaussat alias Anne Sigrist

chaussatComme bien des candidats FN, l’une des plus jeunes conseillères régionales jongle avec son nom de jeune fille et son second prénom.

Mère de deux jeunes enfants, elle se spécialise dans la défense de la famille, « cellule de base de la société ». Elle était très présente aux manifs « contre le mariage homosexuel », et s’en est même fait expulser parce qu’elle portait une pancarte qui allait plus loin que la « manif pour tous », refusant aussi la possibilité d’un contrat d’union civile.

Au conseil régional, c’est lors d’un débat sur le soutien aux associations qu’elle propose de « réactiver les préparations militaires » et pense que la politique pour la vie associative doit encourager le scoutisme, la protection civile et la protection militaire.

 

Dominique Martin

martinSavoyard, conseiller municipal de Cluses. Ancien para. Réputé proche de Marine Le Pen. Lors de ses interventions, il lui arrive facilement d’user d’une ironie lourde et déplacée. Il lui arrive aussi de perdre son calme. En octobre 2011, pendant le débat sur la politique de formation, il interrompt des orateurs en hurlant « Soviet ! Soviet ! », puis s’absente avant la fin du débat. Philippe Meirieu est contraint de répondre en son absence à ses propos particulièrement agressifs.

En mars 2012, il s’énerve contre le Front de gauche alors qu’on ne lui a pas donné la parole : « Fascistes ! Nous, nous n’avons pas 100 millions de morts sur la conscience ! Allez donner vos leçons en Corée ! ».

Il a été piégé il y a deux ans en flagrant délit de démagogie assumée et vulgaire, en formant des militants à être « bien, bien démagos » : « Il faut aller aux paëllas des Portugais. Ça vote aussi. J’entre par la cuisine. Ils font tout eux-mêmes, roulé à la main sous les aisselles. Ils sont flattés. C’est monsieur Coca-Cola qui frappe à leur porte. Et là, les voix, vous les empilez. ».

Dominique Martin aime intervenir sur la question de la formation professionnelle, non pas parce qu’il maîtrise le sujet, mais parce qu’il abhorre Philippe Meirieu. Avec le FN, il est partisan de remplacer tous les dispositifs d’enseignement professionnel par de l’apprentissage. Ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas de voter contre les dispositifs d’aide à l’apprentissage. Allez comprendre.

Pour Dominique Martin, les demandeurs d’emploi se contentent « de profiter de tous les avantages sociaux qui entretiennent l’oisiveté et la décadence de votre société ». La formation professionnelle des adultes ne servirait, selon Dominique Martin, qu’aux personnes immigrées à qui on propose « le Club Med (…) toutes options, sauf (…) l’assurance rapatriement. » (octobre 2011).

 

Alexandre Gabriac

gabriac-ak47On ne présente plus ce très jeune homme qui n’aime rien tant que de faire parler de lui. Protégé de Bruno Gollnisch, il fréquente les groupuscules fascistes les moins recommandables et fonde le sien, les Jeunesses Nationalistes, en lui donnant pour emblème un aigle couronné très proche du logo du parti nazi. En fait, ce petit groupe, dont on voit les affiches dans les tunnels imbibés d’urine, est une émanation de l’Oeuvre française. Il cultive une certaine vocation touristique, partant à la rencontre des groupes fascistes italiens et phalangistes d’Espagne. On retrouve aussi souvent cet élu à la rubrique « faits divers ».

Sur Facebook, le 6 mai 2012, Gabriac appelait « à préparer et à conduire une Deuxième Révolution nationale qui seule peut rendre la France à son destin en la nettoyant des parasites qui la détruisent avec une virulence accrue depuis plus de 60 ans ». Un Pétain bis, en somme, avec élimination des opposants, et peut-être des gens de gauche en général. S’il y avait encore une ambiguïté sur le projet politique de l’extrême droite, la voilà levée.

Depuis janvier 2011, Alexandre Gabriac et Olivier Wyssa, exclus du FN, ont été mis à l’écart du groupe d’élus à la Région, mais le groupe lui-même, par la même occasion, s’est renommé « FN et apparentés », ce qui constitue de fait une main tendue. Bruno Gollnisch a d’ailleurs confié, dans une interview à La Chaîne Parlementaire : « Je souhaite personnellement qu’on ménage des réconciliations ultérieures. Je pense que le pardon des offenses est non seulement moralement louable mais politiquement utile ».

D’autres élus du groupe Front National continuent d’apporter un soutien explicite à Alexandre Gabriac, comme Liliane Boury, présente au procès où il comparaissait pour menaces de mort. Les Jeunesses nationalistes ont été dissoutes en 2013 par le Conseil d’Etat : selon le ministre de l’intérieur, elles propagent « la haine et la violence », « exaltent la collaboration », « rendent hommage à des miliciens ou à des Waffen SS, avec pour certains de ses membres aussi des saluts hitlériens ».

 

Joël Cheval

chevalResponsable du FN dans la Drôme. Son cheval de bataille : le négationnisme climatique.

De manière frappante, les élus FN utilisent pour la question du dérèglement climatique les mêmes méthodes que les négationnistes : mise en question d’un consensus scientifique unanime en le pointant comme un complot, présentation d’un point de vue politiquement orienté sous la forme d’un compromis raisonnable. Joël Cheval répète en boucle ces formules.

« Y a-t-il un changement climatique ? (…) La deuxième question : est-ce que les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine et leur augmentation vont entraîner mécaniquement un changement climatique ? […] Je ne crois pas que notre planète va mourir sous les coups répétés des émissions de gaz carbonique de l’activité humaine.[…] Nous ne voulons pas participer à cette entreprise de culpabilisation. Nous ne nous considérons pas comme des affreux pollueurs et l’on peut aimer utiliser sa voiture », le 21/10/2010.

Plus généralement, M. Cheval s’oppose à tous les combats écologistes : « Est-il responsable de s’interdire de rechercher sur les OGM […] ? Je ne crois pas, effectivement, comme M. Luc Ferry ou M. Claude Allègre, que c’est en limitant notre propre développement, en nous interdisant de produire, de rechercher, de découvrir de nouvelles technologies et des solutions écologiques et énergétiques, que nous résoudrons nos difficultés et trouverons des solutions de substitution. » (même date).

 

Christophe Boudot

boudotPatron du FN dans le Rhône, Boudot est secrétaire départemental du FN dans le Rhône et candidat aux municipales à Lyon en 2014. Pendant la campagne, il défend la « liberté d’expression » du journal Minute qui avait comparé une ministre à un singe.

Il affirme « partager des idées » et « avoir de bonnes relations » avec Rebeyne, les jeunes identitaires lyonnais qui manifestaient en 2012 contre l’« islamo-racaille » et qui organisent des camps où ils pratiquent un entraînement quasiment militaire : boxe, course de fond… En avril 2011, Rebeyne a ouvert son local dans le Vieux Lyon. Depuis cette date, les commerçants et les habitants de ce quartier dénoncent la multiplication d’agressions et de dégradations : slogans islamophobes, saluts nazis, saccage de restaurants orientaux…

Selon un militant de Rebeyne cité dans la presse, le FN du Rhône aurait essayé de contacter le mouvement en vue des élections municipales de 2014, car le parti peinerait à trouver des candidats.

Laïc et républicain, Christophe Boudot ? « La laïcité a été instaurée en France au début du siècle dernier, sous la pression conjointe des mouvements anticléricaux et des réseaux maçonniques, qui souhaitaient poursuivre ce qu’ils considéraient comme la grande œuvre civilisatrice de la terreur révolutionnaire. » Christophe Boudot, le 26/05/2011

 

Liliane Boury

bouryLa dame patronesse du FN développe au fil de ses interventions une vision bien à elle de la culture, ne trouvant pas de mots assez durs pour condamner l’art contemporain et promouvoir des formes d’art qui, selon elle, n’existent quasiment plus. La puissance publique doit pour elle subventionner ce qui, selon une formule curieuse, « tend objectivement au beau », et ce qui « magnifie la nature ». Elle veut que le politique puisse définir ce qui est du domaine du bon goût, et mettre à l’écart tout ce qu’elle définit comme « scatologique ».

Pour qualifier l’art d’aujourd’hui, la prude dame Boury aime manier la métaphore scatologique, estimant que l’art contemporain dans son ensemble est « au stade anal de la construction de la conscience ». Pas très loin de l’« art dégénéré » exposé à Munich en 1937 pour le discréditer.

Catholique fondamentaliste, Liliane Boury a rappelé en séance plénière du conseil régional « que la religion chrétienne a, depuis 2 000 ans, mis la moitié de l’humanité à genoux devant une femme, la Vierge Marie » et « que c’est le Front National qui rassemble chaque année, autour de son président [de l’époque] Jean-Marie Le Pen, des milliers de personnes pour vénérer la mémoire d’une femme, la Sainte et l’héroïne de la Patrie, Jeanne d’Arc ».

 

Gabriel de Peyrecave

de-peyrecaveNé dans une famille proche du Front National, il y adhère très jeune. Gabriel de Peyrecave est candidat à toutes les élections depuis 2001. En 2010, il est élu Conseiller régional Rhône-Alpes pour le groupe FN.

En 2014, il est tête de liste du FN à Saint-Etienne. « Certains endroits sont devenus des lieux de rencontre pour la racaille dont nous connaissons l’origine commune » déclare-t-il au journal L’Essor, le 13 novembre 2013.

 

Mireille d’Ornano

d'ornanoL’Iséroise Mireille d’Ornano préside l’association Fraternité Française, qui vient en aide aux « Français dans la misère ». De la charité bien ordonnée qui applique la théorie de la préférence nationale à l’action sociale. Elle n’est pas sans rappeler la « prime de naissance » versée aux seules familles françaises par la mairie FN de Vitrolles en 1998, et qui avait valu à Catherine Mégret une condamnation pour « discrimination » et « incitation à la discrimination ».

Ce n’est donc pas un hasard si au conseil régional, Mireille d’Ornano s’illustre par des prises de position virulentes contre les politiques de lutte contre les discriminations. Elle s’attache aussi à défendre une vision traditionnelle du rôle de la femme, s’insurgeant des politiques en faveur de l’égalité hommes-femmes.

 

Sophie Robert

robert« Plus que jamais en ces temps troublés où notre société perd tout repère, et particulièrement les jeunes générations sous l’influence conjuguée d’un totalitarisme sexuel débridé et d’un hédonisme dévastateur, il nous faut revenir aux fondamentaux de la loi naturelle. » Sophie Robert, le 25/06/2011.

Ce concept préoccupant de « loi naturelle » qui devrait s’appliquer à la société avait été développé par Bruno Mégret tenu lors d’un colloque du FN sur « l’écologie » à Lyon en 1996 : « Lorsque votre chien aboie en voyant passer un étranger devant votre clôture, en quoi son mobile diffère-t-il de celui qui vous a poussé à la construire ? La nature, ce sont nos instincts élémentaires : instinct territorial, instinct d’agressivité, instinct d’identité… Il nous appartient d’ordonner ces instincts en nous souciant de préserver l’espèce qui nous tient le plus à cœur : le peuple français. »

 

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