« Le GCO massacre un réservoir de biodiversité, en saccage un autre et s’approche dangereusement d’un troisième »
Séance plénière du Conseil Régional d’Alsace, 21 novembre 2014
Schéma Régional de Cohérence Écologique et Grand Contournement Ouest de Strasbourg − Intervention d’Andrée BUCHMANN
Monsieur le Président, chers collègues,
Je m’associe tout d’abord à Mme JUNG pour remercier les services qui ont vraiment beaucoup travaillé, avec beaucoup d’engagement, de bienveillance et de volonté de faire aboutir.
Comme l’a dit M WAECHTER de suite, nous sommes attachés à ce que le Schéma Régional de Cohérence Ecologique soit appliqué au niveau local, afin de préserver la biodiversité, les milieux naturels, la vie qui y réside. Nous nous sommes donc attelés au travail de confrontation du projet de Grand Contournement Ouest (GCO) au territoire qu’il impacterait s’il venait à être mis en œuvre. Certains d’entre vous nous rabâchent les oreilles en nous disant qu’il ne traverse que des champs de maïs ! D'autres disent qu'il permettra de renaturer des abords en transformant des champs de maïs en prairies fleuries, d'autres enfin, et non des moindres, veulent nous faire avaler que le GCO constituera un corridor écologique. Eh bien non! C'est faire l'impasse sur la nuisance bruit, sur la pollution de l'air, et sur la destruction du milieu et de la biodiversité.
Ainsi, selon la carte d’information numéro 8 du SRCE, nommée « points ou zones à enjeux liés aux infrastructures », le tracé du GCO fait une tranchée irréversible dans 6 corridors écologiques. Voici donc la carte, le GCO et les tranchées qui sont faites (Mme BUCHMANN montre la carte du SRCE correspondante, disponible sur le site de la DREAL Alsace, extrait page suivante). Donc 6 corridors sont impactés. Le GCO massacre un réservoir de biodiversité (vallée de la Bruche et Ried d’Altdorf), en saccage un autre (celui de la vallée de la Zorn) et s’approche dangereusement d’un troisième (site à crapaud vert).
Souhaitons-nous participer, M. Le Président, à la disparition de l’agrion de mercure, qui virevolte joyeusement le long des cours d’eau au printemps, voulons-nous le silence à la place de l’heureux chant de l’hypolaïs ictérine ? Priverions-nous nos contes et légendes de l’existence du déjà très rare crapaud vert ? Quid des azurés (des palus et de la sanguisorbe), qui papillonnent tout comme nous dans les champs aux premiers jours de printemps ?
Le réservoir d’importance régionale « de la vallée de la Bruche et du Ried d’Altdorf », par exemple, joue son rôle dans le maillage des trames vertes et bleues avec qui il est connecté. Il abrite de nombreuses espèces des cours d’eau et des milieux forestiers et ouverts humides, et est, outre pour les espèces citées, un enjeu pour le cerf (élaphe), le courlis cendré, le pique prune et plusieurs chênaies. Il fait l‘objet de divers inventaires et protections : ZNIEFF (zone humide remarquable), site du CSA, noyau d’un périmètre à enjeu SCAP (stratégie nationale de création d’aires protégées), cours d’eau classés importants pour la biodiversité. Donc il y a énormément de sites, de lieux et d’espèces qui sont impactées par ce GCO.
Est-il raisonnable de sacrifier tout cela pour une route qui sera largement sous-utilisée comme le sont toutes les routes du même acabit ? Quels ouvrages et à quels coûts mettrions-nous en œuvre les infrastructures qui permettraient de préserver un tel site ? C’est impossible.
Si vous regardez la carte et le tracé, quel est franchement l’intérêt de cette autoroute payante, rappelons-le, au beau milieu des champs et de la nature, autoroute destructrice de notre environnement alors qu’elle n’apporte pas de solution à notre problème d’engorgement strasbourgeois ?
Je vous remercie.