Accueil Thématiques Aménagement du territoire / développement durable / Transports / Tourisme / Agriculture / Habitat SRCE – « La pression d’une humanité aujourd’hui toute puissante sur la vie qui l’entoure peut casser la beauté du monde. »

SRCE – « La pression d’une humanité aujourd’hui toute puissante sur la vie qui l’entoure peut casser la beauté du monde. »

Séance plénière du Conseil Régional d’Alsace, 21 novembre 2014

Schéma Régional de Cohérence Écologique − Intervention d’Antoine WAECHTER

 

 

Chers collègues,

Le SRCE a pour ambition de préserver la diversité vivante de nos territoires. La stratégie que cet outil sert consiste à préserver des noyaux de biodiversité suffisamment dynamiques pour être capables d’alimenter la diffusion des espèces végétales et animales sur l’ensemble du territoire.

Cette diffusion de la vie n’est possible que si le territoire est perméable aux flux biologiques en étant irrigué par des corridors verts et bleus et débarrassé des obstacles qui le cloisonnent. De ce point de vue, le SRCE est le complément logique du réseau européen Natura 2000.

En nous engageant dans l’élaboration et la promotion de ce schéma, la région endosse un rôle politique comme elle devrait le faire plus souvent. Et pour reprendre un autre propos du préfet, c’est un acte majeur de la démocratie et lui-même en apposant une signature ne fera que signer un acte notarié. C’est bien la Région qui porte cette responsabilité. Plusieurs de nos collègues se sont impliqués pour convaincre les communes d’adopter ce schéma. Permettez à la minorité de remercier les membres de la majorité qui ont travaillé dans ce sens.

Mais un nombre au moins aussi important de nos collègues a promus ou voté des motions d’opposition à ce schéma. Ces attitudes paradoxales ont révélé que derrière les discours vertueux se cachent une absence d’appropriation de l’essence même de la démarche. « On veut bien protéger tant que cela ne modifie pas nos attitudes d’aménager à tout va ». C’est un peu ce que l’on a pu entendre dans telle ou telle assemblée où nous avions à défendre le projet.

Loin d’être perçu comme un outil au service d’un territoire de qualité, le SRCE comme le SCOT et parfois même le PLU, apparait pour beaucoup comme une contrainte, une entrave à la liberté de faire.

Rappelons que la nature embellit la terre. Toutes les images qui nous viennent de l’espace, de la lune, de mars ou de la comète nous montrent des mondes stériles où aucun de nous ne souhaite habiter. L’humain s’est construit en se confrontant à la nature. La curiosité qui est l’un des traits majeurs de notre espèce ne peut trouver sa satisfaction que dans la diversité que lui offre le monde naturel. L’homme s’ennuierait sur les planètes sans vie. Robert Hainard, naturaliste, philosophe, peintre et sculpteur suisse, expliquait que l’image nait de la pression de la gouge sur le bois, dans un équilibre entre la force du bras et la résistance du matériau. Une pression trop forte et c’est raté.

La pression d’une humanité aujourd’hui toute puissante sur la vie qui l’entoure peut casser la beauté du monde. Le SRCE est l’un des outils qui permet d’équilibrer la pression de nos volontés aménagistes sur la vie sauvage. La nature rend davantage de services que tous les équipements que nous construisons. Il est aussi légitime mais peut-être plus essentiel d’investir dans la préservation de notre environnement naturel que dans la construction d’une salle communale ou d’une route.

C’est pourquoi nous saluons l’adoption de ce schéma, en demandant que les projets comme le grand contournement ouest de Strasbourg, la deuxième tranche du TGV Rhin Rhône et les projets routiers sundgauviens soient revisités à l’aune du texte et de l’esprit de ce document.

Merci chers collègues.