Lycées : en recul dans les priorités régionales
Les choix de gouvernance et d’organisation politique n’ont pas mis la compétence des lycées en avant. Ainsi, situation atypique par rapport aux autres régions, dans l’organigramme politique aucun vice-président membre de l’exécutif n’a eu délégation pour les lourdes responsabilités qui concernent les lycées : leur construction, leur entretien, leur équipement, leur fonctionnement, leur environnement numérique, l’accueil, la restauration, les internats… Jacques Fernique a critiqué cette carence : « Nos lycées ont besoin d’interlocuteurs résolus à l’exécutif régional, d’élus assidus et outillés dans leurs CA, d’une gouvernance avisée de la carte des formations, et d’efforts financiers à la hauteur ».
Au budget, les investissements pour la construction, la rénovation, la mise en sécurité de nos lycées ont subi un net fléchissement. Depuis 20 ans la Région avait maintenu des niveaux d’investissement élevés pour les lycées, jusqu’à 86 millions ; pour le mandat 2010-2015 ils seront restés sous les 40 millions. Certes un lycée neuf n’est plus à reconstruire les années suivantes, mais cette réduction forte n’a pas été sans conséquence : des travaux sont reportés et des projets sont mis de côté.
La mise des bâtiments aux normes de sécurité et surtout d'accessibilité pour tous les handicaps sont des impératifs lourds. Alors que certains élus considèrent celle-ci comme une contrainte superflue, nous pensons, nous, que c’est une avancée pour tout le monde, une vraie humanisation de nos services publics. La loi de 2005 n’aura pas atteint son objectif d’une accessibilité complète de tous les bâtiments publics pour 2015 : l’obligation légale a été desserrée puisqu’il s’agit maintenant de s’engager sur un calendrier précis des travaux nécessaires (33 millions à y consacrer entre 2014 et 2020).
Le chantier régional n°1 pour les 71 lycées publics, c’est leur réhabilitation thermique : un triple enjeu, budgétaire, climatique et bien sûr éducatif. Les chaufferies bois se développent, les travaux d’isolation et les dispositifs de régulation se mettent en œuvre. Les efforts pour l’économie d’énergie ont permis dans les lycées une baisse très significative des consommations. La mutualisation en marchés groupés permet en 2015 une baisse du coût du chauffage de l’ordre de 20%. Nous n’avons cependant pas obtenu que des postes régionaux d’« économes de flux » soient créés pour faire un travail de conseil, d’accompagnement, de mutualisation.
L’essentiel des avancées est mené pour 15 lycées prioritaires par un mécanisme de financement voté lors du mandat précédent : un partenariat public/privé avec le groupe Cofély-GDF-Suez. Le groupe écologiste, comme le groupe socialiste, ne s’est pas opposé à ce montage, estimant que ces CPE (Contrats de Performance Énergétique) permettaient dans ce contexte budgétaire de réaliser à temps les investissements thermiques nécessaires. Nous avons insisté pour que la Région ne relâche en rien son pilotage et ses exigences. Comme le dit Jacques Fernique, « ce n’est pas parce que nous externalisons une part de nos responsabilités que nous devons nous en désintéresser ». Nous sommes ainsi très exigeants sur la réalité du partenariat avec les responsables des établissements et pour l’accompagnement pédagogique confié à l’association Alter Alsace Énergie, selon notre souhait.
Nous avions obtenu lors du mandat précédent la mise en place d’une prime incitative aux économies d’énergie : en clair, une bonne part des économies résultant des efforts d’usage des locaux est reversée au budget du lycée. Ce mécanisme a été retravaillé pour être plus pertinent et plus juste : selon notre demande, il s’applique à tous les lycées. En effet, pour les personnels et pour les lycéens, la question énergétique doit être une préoccupation citoyenne, un objectif concret d’éducation, de comportement et de participation. Andrée Buchmann a demandé que les lycées soient mobilisés pour avancer sur les enjeux de la COP21, la conférence mondiale sur le climat : « penser global, agir local ».
Au-delà des efforts d’économies d’énergie, il faudrait inciter à de concrètes stratégies d’établissements (à l’instar des agendas 21 des lycées de Lorraine) : il s’agit, comme l’a proposé Jean-Marc Riebel, d’avancer sur les plans de déplacement, les achats responsables, la gestion des déchets, l’alimentation avec moins de gaspillage, la qualité de l’air intérieur, les éléments de biodiversité, de formation, d’accompagnement des personnels, d’éducation et de mobilisation des élèves.
Ces stratégies pourraient s’appuyer sur le bon modèle alsacien de contractualisation avec chaque lycée des moyens pour des actions d’animation, de citoyenneté, d’ouverture aux cultures, à la mémoire commune et à l’Europe. Le « Mois de l’Autre » est la figure de proue de cette démarche : il a été mis en place en 2004 pour répondre par une floraison de projets lycéens et d’interventions associatives au mauvais climat de racisme et de profanation. Djamila Sonzogni remarque qu'il a failli subir en 2011 une certaine forme de normalisation : le thème de l’homophobie, celui de la prostitution avaient été écartés ainsi que la démarche décapante du théâtre forum. « Nous sommes fermement intervenus pour que cette belle démarche reste ouverte, prenne des risques, bouscule les préjugés ». Depuis ces thématiques ont été rétablies et le Mois de l’Autre est resté « un espace libre d’effervescence et de débat » selon Djamila Sonzogni.
Aide aux lycéens En 2004, un des thèmes nationaux de la campagne des régionales était la prise en charge du coût des manuels des lycéens (et donc leur gratuité pour les familles). L’Alsace, seule Région UMP de métropole, a refusé cette perspective. En compensation elle a opté pour une prime à l’équipement professionnel pour les CAP-Bac pro et certains bacs technologiques et pour une Prime Régionale de Scolarité (PRS) en fonction des revenus des familles. Cette PRS qui n’a jamais vraiment pris son essor ne touche qu’un petit tiers des lycéens (car elle est compliquée à gérer et à porter à connaissance des parents). Les fédérations de parents d’élèves, suite aux changements de programme des lycées, ont obtenu le relèvement global de la PRS. Mais celle-ci a été financée au prix d’un désengagement net à l’égard du professionnel et du technologique. Nous avons obtenu qu’il soit un peu rattrapé. |
La Région est également responsable de la restauration scolaire et des internats. Depuis des années, l’effort a été engagé pour réduire les différences entre lycées : des tarifs (factures aux familles) qui allaient parfois du simple au double. « Cette harmonisation des tarifs n’est pas encore tout à fait achevée ; pour les écologistes l’étape suivante pourrait être la modulation selon le quotient familial » souligne Sylvie Grucker.