« Il s’agit pour nous d’associer tout le monde de Saint Louis à Wissembourg »
Séance plénière du Conseil Régional d’Alsace 27 Juin 2014
Intervention d’Andrée BUCHMANN, réforme territoriale – Identité, transfrontalier
Monsieur le Président, chers collègues,
Je pense que l’idée d’une hypothétique modification de périmètre géographique est totalement inaudible et génère peurs et repli, si on ne commence pas à sécuriser la question de l’identité, du bilinguisme et du droit local. Je dis bien sécuriser, et pas assumer. Comment faire ?
L’atelier « questions juridiques et institutionnelles » des Assises du bilinguisme, présidé par Jean Marie WOEHRLING, propose un établissement public de promotion de la langue régionale. Cela me semble une idée à creuser.
Mais, dans l’état actuel du projet de loi, qui retire aux régions la clause de compétence générale, une région Alsace-Lorraine n’aurait pas légalement compétence pour participer à un tel établissement, ou pour continuer de financer des classes bilingues associatives, ou pour subventionner l’Institut de droit local. Il faut que les textes soient modifiés pour développer la langue régionale et assurer un suivi scientifique et technique du droit local. La même chose vaut pour la coopération transfrontalière.
Si on ouvre vers la Lorraine, il est évident qu’il faut contrebalancer par une coopération plus structurée et plus démocratique avec le Rhin Supérieur. Il s’agit ainsi de renforcer la position de Strasbourg.
Par ailleurs, pour qu’un établissement public soit correctement financé dans le cadre d’une hypothétique future région Alsace Lorraine, il faudrait que les trois départements monolingues acceptent de payer pour les 3 départements bilingues (les élections continuant de se faire sur le plan départemental d’après les textes actuels). Reste la question du territoire de Belfort, dans la configuration (les députés écologistes sont très attachés à ce que la question du droit d’option entre dans la loi et vont se battre pour dans les semaines à venir).
Enfin, les structures, réseaux, entreprises, associations, qui ont l’habitude de travailler à une échelle plus large que l’Alsace, tout en conservant leur goût pour les cultures locales différenciées, pour la pratique du dialecte, démontrent qu’on peut être des alsaciens aux revendications fortes et à la culture déterminée et s’inscrire dans un territoire plus vaste qu’ils reconnaissent dans sa diversité et qui les reconnait dans leurs spécificités.
Concernant la relégation, ce ne sont pas seulement les secteurs les plus en difficultés économiques qui se sentent exclues. Il est des communes parmi les plus riches d’Alsace comme par exemple celles autour de Bâle qui ne se sentent pas considérées. Il s’agit pour nous de travailler de manière fine sur nos propres territoires et s’associer tout le monde de Saint Louis à Wissembourg.