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BP 2014 – Transports

Séance plénière des 19 et 20 décembre 2013

Budget primitif 2014 - Transports

Intervention d'Antoine WAECHTER

 

 

Monsieur le Président, chers collègues,

Le service ferroviaire est excellent en Alsace. Notre ambition ne peut pas, cependant, se borner à transporter les personnes qui ont l’habitude de prendre le train. Pour lutter contre la dérive du climat, optimiser la consommation d’énergie et d’espace liée à la mobilité, réduire les pollutions multiples liées au trafic routier, il nous faut convaincre en effet les automobilistes de quitter leur véhicule.

Cette ambition suppose d’accroître notre capacité de transport, aujourd’hui à saturation aux heures de pointe, ainsi que d’étoffer l’irrigation du territoire par la réalisation de la troisième voie nord sud et la réactivation des lignes fermés dans les années 1960, particulièrement dans le secteur Ensisheim – Colmar et dans le Sundgau. La commande de nouvelles rames Régiolis et la promesse de mise en service de la liaison Bollwiller - Guebwiller amorce cette direction.

Je suggère de redonner aux comités de ligne une ambition qu’elles ont perdue, semble-t-il. A l’origine leur objectif était de mobiliser les élus concernés et les usagers intéressés dans le développement du ferroviaire, c'est-à-dire d’être capables d’engager des démarches de communication locale visant à convaincre les concitoyens d’utiliser le train.
Je note avec satisfaction, mais en espérant que cela ne soit pas de ma part une erreur d’interprétation, qu’il n’est plus question de la deuxième tranche du TGV Rhin-Rhône. Je ne la vois pas dans les documents budgétaires aujourd’hui, je ne la vois davantage dans le Contrat de Plan Etat Région. C’est évidemment une satisfaction. J’aimerais bien être assuré que mon interprétation est correcte.

Par contre, le Grand Contournement Ouest de Strasbourg pour nous est rédhibitoire, et c’est bien dommage puisque l’essentiel de ce que je viens d’évoquer représente 95 % de ce budget, ce sont finalement les 5 % restants, qui font la différence et qui nous rendent impossible le vote de la politique des transports. Le GCO, en effet, n’effacera pas les engorgements à l’entrée de Strasbourg comme le confirment tous les rapports sur le sujet. Il déplacera les émissions de polluants, mais ne les réduira pas, loin de là. Il alimentera la poursuite de la consommation foncière. Il traduit une vision différente de la mobilité et de l’exigence de cohérence entre les différentes politiques que conduit la Région. Si l’on en croit les chiffres du dernier rapport, une prise en charge de 14 % du trafic par le GCO et une augmentation de ce même trafic de 2 % par an, au bout de 7 ans on est revenu à la situation originelle.

Autre divergence : la rocade sud de Strasbourg. Rocade sud qui va passer dans un noyau de population du grand hamster, et qui peut induire une nouvelle urbanisation. Le projet a malheureusement toutes les probabilités de favoriser encore davantage l’étalement urbain. La réhabilitation de la Vigie suffirait à répondre aux objectifs affectés à la rocade sud.

La mobilité n’est pas un bénéfice en soit, sauf lorsqu’elle répond à la liberté des piétons. La mobilité motorisée est un facteur d’inégalité sociale, de multiplication des obstacles au développement des êtres vivants terrestres, de stérilisation d’espaces fertiles et contribue à assombrir l’avenir de la planète par la dérive du climat. C’est la raison pour laquelle nous devons développer une politique de la mobilité qui essaie de transférer l’essentiel des déplacements motorisés sur le rail.

La contradiction de cette politique devient caricaturale lorsque l’on évoque l’aéroport d’Entzheim, car enfin nous avons accepté et parfois même d’ailleurs souhaité la réalisation de la première tranche du TGV Est parce que pour nous, c’était l’occasion de transférer le trafic aérien sur le rail et donc de réduire l’impact environnemental de cette liaison vers Paris. Aujourd’hui, on est dans la situation de produire le contraire, c'est-à-dire d’essayer de sauver l’aéroport d’Entzheim et d’espérer la reprise d’un trafic aérien.
Entendons-nous bien, nous comprenons très bien qu’il faille un aéroport pour Strasbourg Capitale Européenne. Mais il est nécessaire, nous semble-t-il, de relier la démarche en faveur d’Entzheim dans une complémentarité avec l’aéroport de Bâle-Mulhouse, surtout si l’on réalise une liaison ferroviaire directe avec Bâle-Mulhouse.

Donner du sens et de l’ambition à notre politique dans le cadre d’un Schéma Régional des Mobilités que nous appelons de nos voeux serait une manière de faire des arbitrages intelligents sur les investissements ou les soutiens politiques que nous apportons à tel ou tel projet. Pour l’heure, je le répète, malheureusement, ce budget transport comporte deux ou trois éléments que nous ne pouvons pas soutenir.

Merci.

Votes :
Pour : Majorité alsacienne
Abstention :
Contre : EEA, FN