BP 2014 – Jeunesse
Séance plénière des 19 et 20 décembre 2013
BP 2014 - Jeunesse
Intervention de Djamila Sonzogni
Monsieur le Président, chers collègues,
Encore une fois, et nous le regrettons, nous ne pourrons pas voter ce budget. La politique de la jeunesse n’est pas encore à la hauteur de la situation : un chômage des jeunes est supérieur à la moyenne nationale, des difficultés sociales et un nombre de décrocheurs qui augmentent.
Et dans cette situation, au lieu de renforcer des dispositifs existants et solides et les acteurs de terrains identifiés et implantés sur les territoires, - je parle des MLPAIO -, vous effectuez des choix qui les affaiblissent, en leur préférant une multiplication de mesurettes, d’actions ponctuelles, pour ne pas dire de communication, dont on n’arrive pas toujours à mesurer la pertinence.
Par exemple, d’un côté, on réduit les moyens de l’orientation professionnelle faite dans le cadre des MLPAIO. De l’autre côté, l’ « Oriente Express » attaque sa 4e tournée sans que l’on sache ce que ce dispositif apporte de plus que ce qui existe.
Toujours sur l’orientation professionnelle, concernant les jeunes les plus en difficulté, vous nous proposez un changement fondamental par une offre d’actions qui se verra essentiellement concentrée sur trois secteurs : l’industrie, le bâtiment et l’hôtellerie restauration. Les démarches d’orientation individuelles et personnalisées ne doivent pas se transformer en obligation de choisir entre l’un de ces trois secteurs, mais permettre à chacun de s’orienter vers un choix professionnel en accord ses aspirations et ses expériences propres. D’autant plus qu’une grande partie du public visé n’a pas accès à ces secteurs que vous dites prometteurs, car ils sont discriminés du fait de leur origine supposée ou réelle, ou de leur adresse, habitant des quartiers stigmatisés.
Vous annoncez vouloir « ne laisser aucun jeune en dehors d’un parcours accompagné », vous souhaitez « l’inclusion sociale et professionnelle de tous les jeunes alsaciens », c’est très bien !
Mais alors pourquoi diminuer constamment les financements des MLPAIO, tour à tour leur dotation puis les outils mis à leur disposition. La baisse est constante depuis 2011… Mais en plus de la baisse du budget, les conditions de financement sont durcies par l’obligation d’atteindre des objectifs et par de plus en plus de financements par projet.
Nous nous sommes déjà exprimés sur les 20 % de financement conditionnés par l’atteinte d’objectifs : ce taux est trop élevé mais surtout les objectifs sont inatteignables dans une période de crise où les entreprises ne recrutent pas. Cela ne fait qu’insécuriser les principales structures qui travaillent à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes.
Enfin, comment exiger des objectifs de placement en formation ou en emploi et en même temps, réduire les financements sur les outils permettant les immersions en entreprise, la création d’un réseau d’entreprises et le maintien dans l’entreprise. C’est un exemple de plus de l’incohérence de la politique jeunesse. D’ailleurs les entreprises que nous soutenons et qui en échange doivent soutenir des jeunes, que font elles concrètement ? Combien de contrats en apprentissage, de CUI, d’emplois d’avenir, de stages, de contrats en alternance, de visite de sites ? Cela serait bien de faire le bilan et de relancer les entreprises qui ne jouent pas le jeu.
Je ne commenterais pas une à une les autres mesures de la politique jeunesse, que ce soit les mini entreprises, les sacs à dos, le parlement des jeunes, le mois de l’autre… Certaines sont pertinentes. Vous l’aurez bien compris, ce qui nous intéresse, ce sont les actions sur le fond, faites par des acteurs compétents et implantés, qui peuvent peser fortement sur la situation des jeunes les plus en difficulté. Vous l’aurez compris, compte tenu de la situation économique et sociale difficile, des budgets serrés, il faut choisir une priorité. Cette priorité, c’est armer, soutenir et bien sûr évaluer les principaux acteurs qui agissent sur l’insertion sociale et professionnelle des jeunes en difficulté, notamment les missions locales (MLPAIO)…
Pour le reste, si ça peut se faire en plus, tant mieux. A condition que ça ne se fasse pas au détriment des dispositifs existants et pertinents.
Nous nous abstiendrons donc sur ce budget.
Je vous remercie.