BP 2014 – Formation professionnelle continue
Séance plénière des 19 et 20 février 2013
BP 2014 - Formation professionnelle continue
Intervention de Jacques Fernique
Monsieur le Président, Madame la Vice-présidente, chers collègues,
Le budget de la formation continue a été régulièrement réduit, année après année, depuis le début de votre mandat. Nous étions à un niveau d’environ 62 M€ en 2009, ce qui nous avait permis de nous hisser juste en dessous de la moyenne des régions pour la formation professionnelle et l’apprentissage (fonctionnement et investissement) : 64 € par habitant pour l’Alsace contre 67 pour la moyenne des Régions. Nous étions donc à un niveau de 61,805 M€, nous avons baissé jusqu’à 51 millions en 2013. Alors oui, cette année une légère remontée, 1,8%, nous indique d’une certaine façon qu’il n’était pas possible de descendre plus bas.
Cette évolution des crédits sur la durée nous ne pouvons évidemment pas l’approuver. Elle est d’autant plus dommageable que la formation professionnelle est un levier majeur pour contenir les destructions de la crise, pour fortifier nos entreprises, pour engager les personnes en difficulté dans des parcours de réussite, aussi pour conforter les mutations de l’économie, de l’économie verte notamment. Cette évolution est d’autant plus dommageable qu’elle handicape une démarche régionale qui cherche à s’améliorer, qui vise à une meilleure efficacité et à une mise en cohérence des dispositifs qu’on souligne cette année. Elle est aussi dommageable parce qu’elle contrarie les avancées qui sont en cours sur la feuille de route du Contrat de Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles.
Oui, nous percevons dans l’action régionale, par la qualité de nos services au siège et sur le terrain par la démarche décrite dans votre document budgétaire, une réelle volonté de reprendre la main sur le front de l’orientation, de la formation et de l’emploi. Il y a des évolutions positives, des propositions qui ont été entendues : la meilleure prise en compte des « décrocheurs », des « perdus de vue » en lien avec la Commission Jeunesse ; la prise en compte des personnes les plus fragilisées ; la bonne prise en compte de la dimension transfrontalière ; l’accompagnement et les aides aux stagiaires de la formation continue (ainsi des demandeurs d’emploi non-indemnisés qui n’avaient jusqu’ici qu’un défraiement minimum accèderont cette année à de meilleures conditions de formation par une aide à la rémunération : c’est une réponse à un problème que nous pointions année après année).
On avance là-dessus. Il faudra aussi sans nul doute même si ce n’est pas notre compétence obligatoire, renforcer notre effort vers les salariés les moins qualifiés -ceux qui sont au travail aujourd’hui-, vers les secteurs et les entreprises les plus malmenés. La Région était d’ailleurs bien présente là-dessus par rapport aux autres régions dans le mandat précédent, il faudra je pense y revenir. Il faudra aussi, alors que le chômage des plus âgés pèse lourdement, trouver moyens d’agir encore plus efficacement pour y répondre.
Et enfin, il est nécessaire que notre politique de formation contribue aux évolutions vers l’économie verte, la transition énergétique, l’économie circulaire. Là sont les ressorts durables de la compétitivité. D’ailleurs, l’OREF, dans ses rapports de novembre 2012 et mars 2013 insiste la nécessité d’adapter notre formation professionnelle continue à ces nouveaux enjeux, potentiel important particulièrement en Alsace.Or, alors même que vous affichez vouloir faire de l’économie verte l’un des fers de lance de la stratégie de spécialisation intelligente S3, nous ne voyons pas sa traduction dans le budget de la formation. Il y a vraiment l’émergence de nouveaux marchés (bâtiments économes, sains et durables ; énergies renouvelables ; transports durables ; gestion de l’eau ; valorisation des déchets ; production agricole durable ; nouveaux biens d’équipement et machines-outils…), de nouveaux métiers, qui nécessitent nécessite plus que jamais d’adapter les compétences et les métiers existants. Cela passe par le développement de formateurs sensibilisés et qualifiés et des modules de formation adaptés quelque soit le niveau de qualification.
D’ailleurs, nous nous interrogeons sur le recentrage des chèques formations décidées cette année exclusivement vers les personnes les moins qualifiées (niveaux IV et V), ce qui se tient dans l’ensemble, nous sommes d’accord. Ceci dit, il nous apparaît nécessaire de ne pas être dogmatiques, parce qu’il faudra prévoir des exceptions, notamment dans ces secteurs verts ou « verdissants ». Car, actuellement, on constate en Alsace un problème d’adéquation entre formation et emploi dans ces domaines : les entreprises recherchent des personnes aux compétences transversales (gestion de projet, vision d’ensemble, polyvalence, nouvelles technologies, compétences commerciales) et ont des difficultés à recruter. Nous devons nous appuyer sur la Validation des Acquis de l'Expérience pour repérer les compétences vertes.
Nous devons changer la perception des jeunes sur les métiers verts pour les rendre plus attractifs. Enfin, nous devons avoir une stratégie qui dépasse le territoire régional pour ne pas saturer le marché et élargir le bassin d’emploi au Grand Est et au transfrontalier.Je vous remercie.