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Budget primitif 2014 – Recherche, innovation et enseignement supérieur

Séance plénière des 19 et 20 décembre 2013

Budget primitif 2014 - Recherche, innovation et enseignement supérieur

Intervention d’Andrée Buchmann

 

 

Monsieur le Président, Madame la Présidente, chers collègues,

Nous ne pouvons que partager le constat de la nécessité de soutenir la capacité à innover et nous approuvons globalement les dispositifs présentés, que ce soit sur S3, sur la promotion de l’Alsace à l’International ou sur les démarches collaboratives.

J’aimerais faire un point particulier sur les démarches collaboratives. J’en ai parlé avec M. LOOS avant, c’est dommage qu’il ne soit pas là, il portait cela aussi à l’ADEME. J’aimerais dire que j’ai l’impression que l’on soutient beaucoup ce qui existe déjà et que nous confortons ce qui existe, mais que l’on n’est pas très souvent dans la possibilité d’être dans la quintessence du jaillissement. J’ai le sentiment que nous sommes en retrait par rapport à la réalité même de la conscience, des réflexions et des projets actuels des acteurs de notre territoire et des nouveaux paradigmes, dont on a beaucoup parlé ce matin déjà.

Il est surprenant que dans ce document de base pour le budget 2014, mais qui nous engage aussi plus loin, notamment à travers la S3 (Smart Specialisation Strategy), il ne soit évoqué à aucun moment l’économie circulaire. C’est quelque chose qui peut apparaitre aussi dans l’ESS effectivement, c’est quelque chose qui est assez neuf mais où ne sommes pas malheureusement présents de façon organisée.

Il s’agit certes d’un concept encore récent. L’Union Européenne a défini une stratégie, adoptée le 20 septembre 2011, dans laquelle s’inscrit la France. L’Institut de l’Économie circulaire a été créé en mars 2013. La Conférence environnementale de septembre a consacré son atelier numéro 1 au sujet, atelier auquel ont participé trois ministres, celui de l’environnement, celui de la consommation et celui du redressement productif. Enfin, le 17 décembre a été lancé à Gardanne, par le ministre de l’environnement, dans la circonscription du député qui préside l’Institut, François-Michel Lambert, la Conférence de mise en œuvre de l’économie circulaire. Le 18 décembre, le Conseil National de l’Industrie s’est déterminé sur les actions qu’il lancera dès le début 2014. Il y a déjà aussi un certain nombre d’acteurs sur notre territoire qui travaillent déjà avec un grand enthousiasme dans ce secteur et qui sont mobilisés.

La Jeune Chambre Économique l’a adoptée comme priorité 2014. Le Congrès 2014 de la CCI sera consacré à l’économie circulaire, le travail collaboratif de 17 entreprises du Port Autonome a été évoqué ce matin. Il a été lancé en juin 2013, soutenu par la CUS, et cette démarche s’inscrit dans l’approche de l’écologie industrielle. Les 560 éco-entreprises alsaciennes se sont saisies du sujet, l’économie de la fonctionnalité se développe rapidement, par exemple l’auto partage ou les bureaux partagés, et des citoyens se sont engagés dans cette direction, j’en veux pour preuve par exemple la dynamique de l’association des Colibris. Ce sera aussi le thème des 20 ans de l’association Europe et Environnement qui auront lieu le 24 juin en présence du député Lambert déjà cité, mais aussi de l’auteur de l’ouvrage qui a jeté les bases de l’économie circulaire, Michael Braungart, et il y aura peut être une présence indirecte de Ellen Mac Arthur, présidente de la fondation éponyme, qui n’est pas disponible ce jour-là. Donc, malgré un intérêt très manifeste de notre territoire, dans les documents de la Région, c’est silence radio. Je trouve cela très dommage.

Je souhaiterais, Monsieur le Président, que notre Région s’ouvre largement à la problématique, accompagne les acteurs de son territoire et participe à la démarche au niveau national, voire international.

Lundi dernier, les participants de la Conférence de mise en œuvre de l’économie circulaire du 16 décembre se sont accordés sur :

  • un engagement des secteurs industriels. Le CNI lance ses travaux dès le début 2014 ;
  • l’ouverture d’une réflexion sur la gestion des ressources stratégiques françaises ;
  • des stratégies régionales d économie circulaire.

Dès 2014, en lien avec l’Association des Régions de France et l’ADEME, une étude sera lancée pour proposer aux régions qui le souhaitent un cadre et une méthodologie commune. Les retours d’expérience des régions pionnières nourriront cette réflexion et je pense que nous avons le potentiel de devenir une région pionnière.

Donc, j’espère que nous ferons partie des dix régions pionnières et que nous participerons le 17 juin 2014 aux premières Assises Nationales de l’Economie circulaire.

Il s’agit en effet d’aborder un sujet essentiel qui est celui des ressources. Chacun d’entre nous consomme 22 tonnes de produits et ressources par an. Selon Mac Kinsley, l’économie circulaire permettrait une économie, au niveau européen, de 380 milliards de dollars par an en matières premières.

De plus, certaines ressources dont nous avons besoin pour notre niveau et mode de vie sont en train de se tarir. Les pays qui disposent de certaines d’entre elles, comme la Chine, sont en train de limiter les exportations, d’autres redoutent la multiplication des conflits pour l’accès aux ressources.

S’engager dans l’économie circulaire nécessite une mobilisation forte de la pensée. Car il s’agit de chercher comment faire, comment y arriver, comment réorganiser le travail et les outils de production. Il s’agit d’adapter le contenu de nos formations initiales et continues.
Nous avons un grand chantier devant nous, enthousiasmant, et je voudrais dire qu’il s’agit là de mettre en œuvre l’économie heureuse.

Annexe :

Définition de Wikipedia : l'économie circulaire est une expression générique désignant un concept économique qui s'inscrit dans le cadre du développement durable et s'inspirant notamment des notions d'économie verte, d’économie de l'usage ou de l'économie de la fonctionnalité, de l'économie de la performance et de l'écologie industrielle (laquelle veut que le déchet d'une industrie soit recyclé en matière première d'une autre industrie ou de la même). Son objectif est de produire des biens et service tout en limitant fortement la consommation et le gaspillage des matières premières, et des sources d'énergies non renouvelables.

Selon la fondation Ellen Mac Arthur (créée pour promouvoir l'économie circulaire), il s'agit d'une économie industrielle qui est, à dessein ou par intention, réparatrice et dans laquelle les flux de matières sont de deux types bien séparés ; les nutriments biologiques, destinés à ré-entrer dans la biosphère en toute sécurité, et des intrants techniques (« technical nutrients »), conçus pour être recyclés en restant à haut niveau de qualité, sans entrer dans la biosphère.

Histoire : Elle s'inspire notamment de Michael Braungart et de William McDonough ou plus exactement de leur formulation de la théorie du "Cradle to Cradle" (formalisée en 2002). Le premier livre sur l'économie circulaire en langue française paraît en 2009 (Économie circulaire: l'urgence écologique écrit par Jean-Claude Lévy), et attire alors l'attention des écologistes et des médias.