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BP 2014 économie, agriculture et forêt

Séance plénière des 19 et 20 décembre 2013

budget primitif 2014 économie, agriculture et forêt

Intervention d'antoine Waechter

 

 

Monsieur le Président, chers collègues,

Nous pourrions nous satisfaire de certains dispositifs dans ce budget des interventions économiques et de l’emploi : crédits accordés à l’Économie sociale et Solidaire et moyens mis en œuvre pour les entreprises naissantes.

Pour autant, ce budget ne répond pas aux remarques que nous avons eu l’occasion de faire l’année dernière. Par exemple, l’absence de schéma régional de commerce, ou les subventions accordées à de grosses entreprises qui n’en n’ont pas besoin.

Le chômage est élevé, et le nombre de chômeurs alsacien évolue, à 0.1 point près, comme celui des autres régions, et du pays en général. Cette observation induit une conclusion que l’efficacité de notre politique est identique à celle des autres, c'est-à-dire proche de zéro. Mais peut-il en être autrement ?

La région ne dispose pas des leviers qui lui permettraient d’équilibrer les effets de la globalisation et les effets des gains permanents de productivité sur l’emploi. Le tableau des aides directes aux entreprises et à l’emploi est démonstratif. Qu’il s’agisse des embauches, des expertises, des investissements et de la reprise des entreprises en difficulté, tous les chiffres sont en baisse constante depuis 2010.

Plus significatif. Le nombre d’emplois concerné par cette démarche représente moins de 1 % du taux des embauches dans le secteur marchand en 2013, et guerre plus de 0.2 % de l’emploi salarié marchand dans le secteur régional : c’est donc de l’homéopathie. Et l’homéopathie économique, cela ne fonctionne pas.

Notre politique ne s’apparente-t-elle pas à un activisme qui nous donne bonne conscience mais ne sait pas répondre aux problèmes que nous prétendons résoudre. Bref, c’est une question existentielle pour ce type de politique. Vous remarquerez d’ailleurs que j’ai employé un « nous » collectif. C’est un « nous » d’humilité. Ce mot va réunir l’ensemble des groupes de cette assemblée, car je pense que nul ne peut prétendre aujourd’hui avoir la bonne recette. Et je l’avoue, les débats politiciens qui se nourrissent de l’échec collectif sur le chômage m’agacent. Parce qu’à paradigme constant, les facteurs externes déterminent à eux seuls l’évolution de la courbe.

Alors, essayons de changer de paradigme.

L’économie de demain sera probablement une économie partiellement relocalisée, avec des marchés de relative proximité. Elle sera nécessairement économe en ressources et en énergie, privilégiant la satisfaction des personnes en biens et services essentiels. L’industrie produira des objets plus durables, réparables, répondant à des critères de qualité et de convivialité au sens d’Illich. Plus chers certes à l’achat, moins onéreux sur leur durée de vie. La qualité est aujourd’hui l’arme la plus efficace face aux productions des pays émergents, et c’est probablement une des raisons pour laquelle l‘économie allemande réussit à faire sa place.

Ce modèle économique ne peut pas reposer sur l’obsolescence programmée, sur une infinie croissance de la consommation soutenue par les bas prix de la production chinoise. La création de postes de travail ne suffit pas à résorber le chômage. Il faut réussir à redistribuer correctement le travail et les richesses qu’il produit. Cet aspect doit solliciter de notre part un effort de créativité. Nous faisons probablement plus pour l’emploi en formant des jeunes (politique des lycées et de l’apprentissage) et en irriguant le territoire par le train quotidien, ou encore en valorisant nos paysages et notre patrimoine qui supportent la principale industrie alsacienne de tourisme.

La technique de l’appel à projet, qui est d’ailleurs encouragée aujourd’hui par l’Union Européenne, devrait être utilisée.

La politique des interventions économiques et de l’emploi que vous nous présentez aujourd’hui reste finalement classique. Elle n’a pas l’audace de sortir des politiques convenues et je ne prends sans doute aucun risque à parier qu’elle ne produira pas plus d’effet en 2014 que les années précédentes. C’est pourquoi elle ne peut recevoir notre agrément.

Il en va différemment de l’agriculture et de la forêt. La réforme de la Politique Agricole Commune, qui rééquilibre les aides au bénéfice des éleveurs, va dans la bonne direction. Le paysan est un élément essentiel de l’écosystème agraire.

Nous devons avoir le souci, à la fois de son existence, c'est-à-dire de la santé économique de son entreprise, mais aussi de l’équilibre entre ses fonctions de production alimentaire et de gestion du territoire et des ressources. La Convention régionale d’objectifs en faveur de l’agriculture alsacienne répond à ce souci et ce budget la met en œuvre. Néanmoins, la prochaine convention devra accentuer les démarches en faveur d’une réhabilitation de la biodiversité dans l’espace agricole et du développement des circuits courts. Je profite de l’occasion ici pour apporter notre soutien aux jeunes agriculteurs qui protestent contre les prélèvements de terres. A Fegersheim, sur le tracé du GCO, et de la LGV Rhin-Rhône, ou encore pour IKEA Mulhouse.

La stratégie en matière forestière sera cohérente avec nos autres politiques si nous vérifions que tous nos investissements répondent bien aux enjeux environnementaux et sociétaux, en particulier lorsqu’il est question d’améliorer l’accessibilité de la ressource ou dynamiser la récolte en forêt privée.

La modernisation des entreprises de récolte ne doit pas aboutir à une industrialisation de l’exploitation qui est la tendance actuelle. Le soutien aux scieries gagnerait à faciliter la valorisation des gros bois, facteurs de biodiversité en milieu forestier, de manière à éviter que les machines ne dictent un rajeunissement de nos peuplements.

Nous voterons les budgets agriculture et forêt.

Votes économie, emploi : Pour : Majorité Alsacienne ; Abstention : FN ; Contre : Europe Écologie Alsace, PS

Votes agriculture, forêt : Pour : unanimité