Associations, politiques, pêcheurs, citoyens, se sont rassemblés lors d’une manifestation le samedi 14 mars 2015, jour de l’ouverture de la pêche ; tous espèrent que ce nouvel accident conduira l’exploitant et les pouvoirs publics à prendre enfin des mesures permettant de préserver durablement nos paysages et nos milieux de toute nouvelle catastrophe de ce genre.

A cet égard, compte-tenu de la très faible production énergétique de cet ouvrage et des évidentes difficultés d’exploitation du barrage de La Bourboule, la possibilité de son démantèlement, déjà évoquée il y a 10 ans dans le cadre du Contrat de Rivière Haute-Dordogne, est une piste qui doit être sérieusement étudiée.

Ainsi, le Conseil régional d’Auvergne se prononce en faveur de l’arasement du barrage de La Bourboule, seule et unique solution pour trouver une réponse définitive aux risques que cet ouvrage fait courir depuis des années aux usagers, à l’environnement, et de fait, à la notoriété et à l’attractivité de nos territoires.


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Le Front de Gauche ayant déposé également un voeu sur le sujet, ses conclusions étant "moins dures" pour reprendre les termes du PS, les 2 voeux ont donc été fusionnés. Le texte adopté par l'Assemblée régionale (un vote contre au PS, 3 votes contre à droite, le reste de la droite s'étant abstenue) est le suivant :

Le 13 février dernier, la vidange subite du barrage hydroélectrique de la Bourboule, situé sur le cours de la Dordogne, a entraîné la destruction de l’écosystème aquatique sur un linéaire d’une vingtaine de kilomètres. L’asphyxie des boues relâchées par le barrage, et le colmatage impressionnant du lit du cours d’eau, ont anéanti totalement ou partiellement la vie aquatique présente sur un cours d’eau aux qualités environnementales et piscicoles reconnues, source d’une importante activité touristique. Ajoutons à cet état de fait que la rupture, ou l’ouverture, des vannes de la retenue, est intervenue hors période d’ouverture de la pêche. Elle aurait pu faire de nombreuses victimes au regard de la hauteur et de la puissance de la vague ayant dévalé le lit de la Dordogne.

Un tel préjudice remet en question des années d’engagement au service de l’amélioration et de la valorisation du milieu aquatique, et notamment des efforts consentis à travers le SAGE Dordogne amont et le contrat territorial Haute-Dordogne, par tous les acteurs locaux sur un bassin versant classé « Réserve mondiale de Biosphère » par l’UNESCO depuis 2012.

A juste titre, les acteurs de la pêche et de la protection du milieu aquatique se sont indignés qu’une telle catastrophe environnementale n’ait que si peu de résonnance au regard du préjudice subi. La manifestation qu’ils ont organisée le 14 mars dernier avait ainsi pour objectif de dénoncer non seulement le préjudice environnemental subit, mais aussi les conditions de l’exploitation d’un tel ouvrage et son utilité. Cet évènement interroge en effet directement sur les conséquences de la privatisation et de la vente à des investisseurs privés d’ouvrages hydroélectriques comme celui de la Bourboule et exploité aujourd’hui par la société privée SOPRELEC. La rente financière procurée par le rachat de l’hydroélectricité produite ne peut exonérer les exploitants privés de leurs responsabilités dans l’entretien et le fonctionnement de leurs ouvrages au regard du droit de l’eau et du rétablissement des fonctionnalités écologiques des cours d’eau.

En conséquence, le Conseil Régional Auvergne:

- Demande que toute la lumière soit faite sur les causes de cette catastrophe écologique afin d’aboutir à une procédure de réparation, et que des moyens soient prévus pour assurer une reconquête rapide des capacités et de la qualité de ce cours d’eau emblématique ;

- Réaffirme le besoin d’une transition énergétique sous maîtrise publique, respectueuse des milieux naturels et garantissant une véritable sécurité dans la gestion des ouvrages ;

- Demande, en lien avec les propositions des acteurs de la pêche et de la protection du milieu aquatique, que soit posée la question de l’effacement de cet ouvrage privé au regard de sa sécurité et des impacts qu’il est susceptible de provoquer, alors que les exigences règlementaires se sont, à juste titre, renforcées, pour favoriser une reconquête de la qualité de l’eau et la continuité écologique de nos écosystèmes aquatiques.