Route Centre Europe Atlantique : que les camions paient !
Par nicole rouaire le mardi 2 octobre 2012, 13:03 - Voeux, discours, communiqués - Lien permanent
La RCEA est une route surchargée de camions et les accidents y sont nombreux et graves.
A qui la faute ? Aux décideurs des années 90 (dont VGE) qui ont choisi de construire une autoroute -l'A89-sur un axe secondaire plus au sud alors que les flux est-ouest de marchandises transitaient déjà massivement par la RCEA, itinéraire de surcroît gratuit.
Résultat : l'autoroute est vide et la RCEA est un couloir à camions mortel.
Alors, inévitablement, se pose aujourd'hui la question du doublement de la RCEA en 2 fois 2 voies.
Problème cela coûterait la bagatelle de 1 milliards d'euros !
Si l'itinéraire reste une nationale à la charge de l'Etat, il n'est pas prêt d'être réalisé vu l'état des finances publiques.
A notre avis, la solution la plus sage et la plus juste serait la mise en concession avec perception d'un péage, essentiellement sur les camions puisqu'ils sont totalement responsables de la nécessité de cet aménagement. On pourrait en exonérer les automobilistes des départements traversés. Cette solution avait été retenue par le gouvernement précédent. Mais le péage fait peur et, en particulier, Arnaud Montebourg et le conseil général de Saône et Loire n'en veulent pas.
Ce dernier a donc fait une proposition alternative qui consiste à faire réaliser les travaux par une société publique qui s'endetterait à cet effet et qui rembourserait grâce aux recettes de l'Ecoredevance poids lourds perçue sur les sections concernées. Séduisant sur le papier mais totalement irréaliste!
En effet, l'Ecoredevance, qui devrait être acquittée par les plus de 3,5 tonnes à partir de juillet 2013, sur 10 000 km de routes nationales et 5000km de routes départementales, est prévue à un niveau très bas. Ainsi, à 0,12 euro par kilomètre parcouru en moyenne, un trafic moyen de 4000 camions par jour sur la RCEA, sur les 115 km restant à aménager en 2 fois 2 voies, entre Montmarault, Chalon et Mâcon, représente une recette annuelle de 19 millions d’euros par an.
Le coût de perception de la taxe (système technique GPS et société Ecomouv) représente 18% des recettes. Par ailleurs, il est prévu de reverser 23% des recettes aux sociétés d’autoroutes pour financer le surcoût du report de trafic des nationales sur les autoroutes. En définitive, les recettes utilisables représentent donc environ 60 % des péages perçus, soit 11,5 millions € par an.
Pour payer le milliard d'euro emprunté, il faudrait donc percevoir ladite taxe pendant 87 ans ! Ce n’est donc pas crédible quand la durée maximum habituelle des emprunts est de 30 ans… A moins de compter sur la multiplication des camions ?!
Le ministre des transports Fréderic Cuvillier vient de missionner le conseil général de l'environnement et du développement durable pour évaluer l'ensemble des solutions possibles, y compris le transfert pur et simple de cette charge aux départements, une solution encore plus irréaliste vu l’état de leurs finances !
Quant aux véritables alternatives, elles ne sont toujours pas près d'être étudiées sérieusement :
– l'interdiction du trafic PL de transit sur la RCEA et l'obligation d'utiliser l'A89 dont les travaux du barreau Balbigny - A6 sont en cours (plus d'1 milliard d'euros pour 50 km!)
– la création d'un axe fret ferroviaire Lyon-Tours-Nantes et Bordeaux sur les lignes ferroviaires existantes modernisées, via Roanne et via Chagny.
– Une vraie Ecotaxe Climat Energie, d'un niveau suffisant, non homéopathique cette fois, mettant fin à la sous tarification du transport routier, et permettant d'alimenter un fond dédié au développement des modes alternatifs à la route.
– Le développement volontariste des opérateurs ferroviaires de proximité (OFP), seule solution pour redonner au rail la compétitivité et la souplesse nécessaires pour reconquérir les trafics diffus, très largement dominants aujourd'hui.
Bref, quand va-t-on enfin se décider à traiter de façon responsable la question du transport des marchandises, à la fois sous l'angle du report modal et sous celui de la relocalisation de l'économie, évitant de facto les transports inutiles ? Pas demain la veille probablement...
Et pourtant le temps presse, car le prix de l'énergie va continuer de flamber et les « contraintes » environnementales nous exploser à la figure (climat, effets sanitaires de la pollution, consommation d'espaces naturels et agricoles...) !
Pierre Pommarel
****************************************************************** Pour
toutes ces raisons, le groupe EELV a refusé de participer au vote de la motion
d'urgence déposée par le groupe UPA lors de la Session du Conseil régional
d'Auvergne du 25 septembre 2012. Le Front de Gauche, le Parti Socialiste, et
l'UPA ont voté cette motion à l'unisson.
Cette motion visait à demander au Premier Ministre :
-de confirmer le caractère prioritaire de la mise à deux fois deux voies de la RCEA à l'Est de l'A71
- d'appeler l'attention du Ministre des transports sur la nécessité d'un financement à la fois respectueux des fonds déjà engagés par les collectivités et de l'obligation juridique de permettre une alternative gratuite à la circulation sur la RCEA dans l'hypothèse de la concession
=> Retrouver la motion présentée par le groupe UPA en pièce jointe