Session du 26 juin - Discours de Pierre Pommarel sur le SRCAE
Par nicole rouaire le mercredi 27 juin 2012, 14:20 - Voeux, discours, communiqués - Lien permanent
Monsieur le Président, Chers Collègues,
Le SRCAE issu de la loi Grenelle 2 est d’une importance stratégique
considérable puisqu’il concerne des enjeux majeurs qui conditionnent notre
avenir :
● Le réchauffement climatique qui est une certitude et dont
l’incertitude de l’ampleur (entre 2 et 6° à la fin de ce siècle) n’est pas
rassurante, 5° étant l’ordre de grandeur de changement de la
température moyenne entre une période de glaciation et de réchauffement)
;
● L’épuisement des ressources énergétiques fossiles
:
- 40 ans pour les ressources pétrolières,
- 100 ans pour l’uranium, au rythme actuel de consommation.
L’énergie chère est donc une certitude de moyen terme, et il est urgent de
nous y préparer.
● Les effets sanitaires de la pollution atmosphérique
aujourd’hui encore mal appréhendés mais qui sont eux aussi parfaitement
démontrés, même s’ils demeurent difficiles à quantifier.
Les progrès de l’épidémiologie et de la recherche vont mettre en lumière
cette responsabilité qui n’aura rien de surprenant. Nous respirons un
demi-litre d’air 16 fois par minute, soit environ 11500 litres d’air par
jour ! C’est dire à quel point l’atmosphère est notre milieu de
vie.
L’actualité scientifique vient de confirmer les craintes anciennes des
écologistes en démontrant la nocivité des particules, et notamment de celles
émises par les véhicules diesel qui sont aujourd’hui clairement identifiées
comme cancérigènes, en particulier vis à vis du poumon et de la
vessie.
Sous la pression du lobby des constructeurs d’automobiles, la France a favorisé la diésélisation de son parc et est le pays le plus diésélisé du monde (3/4), grâce à une politique fiscale aberrante (gasoil nettement moins taxé que l’essence et bonus malus basé uniquement sur la consommation et pas sur la nocivité des émissions)
Le SRCAE de l’Auvergne fixe des objectifs qui paraissent ambitieux
en 2012.
Ainsi, à l’échéance 2020 : - 22% de consommation globale d’énergie, - 15% d’émissions de gaz à effet de serre, et 30% d’énergies renouvelables, peuvent apparaître comme un défi. En réalité, il s’agit d’un objectif raisonnable, atteignable sans révolution ni privation, ni effort surhumain, et compte tenu du niveau de motivation actuelle.
Mais il nous faudra aller bien plus loin et bien plus vite lorsque les
contraintes énergétiques, climatiques ou sanitaires vont devenir insoutenables.
Manifestement, la prise de conscience – qui heureusement progresse – n’est pas
du tout parvenue à la hauteur de l’enjeu et la tendance naturelle de l’humain à
préférer s’enfouir la tête dans le sable plutôt que d’oser anticiper l’avenir
est encore le principal frein à l’action.
Pour des politiques habitués à gérer des échéances n’excédant pas la durée
d’une mandature, soit autour de cinq ans, il n’est pas évident de tenter de se
projeter ne serait-ce qu’à une ou deux décennies, ce qui n’est pourtant
rien.
Prenons l’exemple de la taxe climat-énergie, c’est le plus
parlant. Aucun esprit responsable ne peut nier la double nécessité d’investir
massivement dans les alternatives et dans la sobriété énergétique, que ce soit
en matière d’infrastructures de transport, d’isolation dans le résidentiel, de
recherche, d’énergies renouvelables, etc. et d’autre part d’inciter citoyens et
acteurs économiques à consommer moins d’énergie. La taxe climat-énergie est
l’un des moyens les plus efficaces pour satisfaire cette double obligation.
Seulement, on a toujours de bonnes raisons de repousser cette mesure de salut
public à plus tard, à nos successeurs.
Et le citoyen n’est pas plus vertueux que le politique. Il est bien souvent
bien plus préoccupé par son petit confort actuel ou paralysé par inertie
culturelle que par la nécessité d’agir pour préserver l’avenir, y compris celui
de ses propres descendants. J’en prendrai seulement deux exemples
particulièrement éclairants :
- Le délire anti-éolien, heureusement très minoritaire, mais qui est
suffisamment bruyant pour entraver sérieusement le développement de cette
énergie renouvelable. Le durcissement des procédures, certes
nécessaire, mais qui a été bien au delà du raisonnable, en est le résultat.
Classer une éolienne comme une ICPE est exubérant alors que cette énergie ne
produit aucune émission gazeuse, aucune pollution, aucun déchet dangereux,
aucun effet sanitaire délétère !
Le Schéma éolien, élaboré principalement par les services de l’Etat, est très restrictif puisqu’il exclut les sites d’altitude les plus ventés.
Quand on superpose les différents zonages d’exclusion entre les sites dits
emblématiques et les zones d’exercice aérien, les zones propices à l’éolien
deviennent rares, d’autant qu’il faut maintenant s’éloigner de 500 mètres des
habitations. C’est pire qu’une installation Seveso !
- Autre exemple navrant, alors que le développement du fret
ferroviaire est hautement souhaitable, ici et là des comités se montent un peu
partout contre la réactivation ou la modernisation d’une voie ferrée, et chez
nous contre la réactivation du chantier marchandises des Gravanches, empêchant
ainsi le démarrage de l’OFP Ferovergne.
Je voudrais quand même conclure de façon plus optimiste. Ailleurs qu’en
France, ça bouge plus vite, pas parce qu’ils sont plus intelligents que nous,
mais parce qu’ils ont pragmatiques. Ainsi, pour la production d’électricité,
l’Allemagne aura fait passer la part d’électricité renouvelable de 4% en 1991 à
35% en 2020, quand la France sera passée dans le même temps de 11 à 20% !
Mais il ne tient qu’à nous de changer… Saluons par exemple l’initiative de 35
communs du Puy de Dôme d’éteindre l’éclairage municipal de minuit à 5 heures.
Ainsi, la ville d’Aulnat a réduit sa consommation d’éclairage public de 450.000
à 175.000 kwa depuis 2007. Quand on veut on peut !
Ce schéma régional nous montre la voie à suivre. Il comporte
indiscutablement des avancées très positives et je ne doute pas que notre
collectivité aura à cœur d’œuvrer activement à la réalisation des objectifs
qu’il contient. Ce ne sera pas forcément facile car il faudra, forcément, faire
des choix, en particulier budgétaires, mais aussi
politiques…
L’Etat étant co-élaborateur du schéma, il devra lui aussi revoir ses dogmes.
Par exemple, en matière de transports, puisque dans notre région le transport
routier est responsable de près de la moitié des émissions de CO2 contre un
tiers au niveau national. Un renversement des priorités budgétaires sera donc
nécessaire. Un second plan rail de 200 M€ coûterait le prix de 10 km de
2 fois 2 voies seulement !
Je vous remercie.