Le SRCAE de l’Auvergne fixe des objectifs qui paraissent ambitieux en 2012.

Ainsi, à l’échéance 2020 : - 22% de consommation globale d’énergie, - 15% d’émissions de gaz à effet de serre, et 30% d’énergies renouvelables, peuvent apparaître comme un défi. En réalité, il s’agit d’un objectif raisonnable, atteignable sans révolution ni privation, ni effort surhumain, et compte tenu du niveau de motivation actuelle.

Mais il nous faudra aller bien plus loin et bien plus vite lorsque les contraintes énergétiques, climatiques ou sanitaires vont devenir insoutenables. Manifestement, la prise de conscience – qui heureusement progresse – n’est pas du tout parvenue à la hauteur de l’enjeu et la tendance naturelle de l’humain à préférer s’enfouir la tête dans le sable plutôt que d’oser anticiper l’avenir est encore le principal frein à l’action.

Pour des politiques habitués à gérer des échéances n’excédant pas la durée d’une mandature, soit autour de cinq ans, il n’est pas évident de tenter de se projeter ne serait-ce qu’à une ou deux décennies, ce qui n’est pourtant rien.

Prenons l’exemple de la taxe climat-énergie, c’est le plus parlant. Aucun esprit responsable ne peut nier la double nécessité d’investir massivement dans les alternatives et dans la sobriété énergétique, que ce soit en matière d’infrastructures de transport, d’isolation dans le résidentiel, de recherche, d’énergies renouvelables, etc. et d’autre part d’inciter citoyens et acteurs économiques à consommer moins d’énergie. La taxe climat-énergie est l’un des moyens les plus efficaces pour satisfaire cette double obligation. Seulement, on a toujours de bonnes raisons de repousser cette mesure de salut public à plus tard, à nos successeurs.

Et le citoyen n’est pas plus vertueux que le politique. Il est bien souvent bien plus préoccupé par son petit confort actuel ou paralysé par inertie culturelle que par la nécessité d’agir pour préserver l’avenir, y compris celui de ses propres descendants. J’en prendrai seulement deux exemples particulièrement éclairants :

- Le délire anti-éolien, heureusement très minoritaire, mais qui est suffisamment bruyant pour entraver sérieusement le développement de cette énergie renouvelable. Le durcissement des procédures, certes nécessaire, mais qui a été bien au delà du raisonnable, en est le résultat. Classer une éolienne comme une ICPE est exubérant alors que cette énergie ne produit aucune émission gazeuse, aucune pollution, aucun déchet dangereux, aucun effet sanitaire délétère !

Le Schéma éolien, élaboré principalement par les services de l’Etat, est très restrictif puisqu’il exclut les sites d’altitude les plus ventés.

Quand on superpose les différents zonages d’exclusion entre les sites dits emblématiques et les zones d’exercice aérien, les zones propices à l’éolien deviennent rares, d’autant qu’il faut maintenant s’éloigner de 500 mètres des habitations. C’est pire qu’une installation Seveso !

- Autre exemple navrant, alors que le développement du fret ferroviaire est hautement souhaitable, ici et là des comités se montent un peu partout contre la réactivation ou la modernisation d’une voie ferrée, et chez nous contre la réactivation du chantier marchandises des Gravanches, empêchant ainsi le démarrage de l’OFP Ferovergne.

Je voudrais quand même conclure de façon plus optimiste. Ailleurs qu’en France, ça bouge plus vite, pas parce qu’ils sont plus intelligents que nous, mais parce qu’ils ont pragmatiques. Ainsi, pour la production d’électricité, l’Allemagne aura fait passer la part d’électricité renouvelable de 4% en 1991 à 35% en 2020, quand la France sera passée dans le même temps de 11 à 20% ! Mais il ne tient qu’à nous de changer… Saluons par exemple l’initiative de 35 communs du Puy de Dôme d’éteindre l’éclairage municipal de minuit à 5 heures. Ainsi, la ville d’Aulnat a réduit sa consommation d’éclairage public de 450.000 à 175.000 kwa depuis 2007. Quand on veut on peut !

Ce schéma régional nous montre la voie à suivre. Il comporte indiscutablement des avancées très positives et je ne doute pas que notre collectivité aura à cœur d’œuvrer activement à la réalisation des objectifs qu’il contient. Ce ne sera pas forcément facile car il faudra, forcément, faire des choix, en particulier budgétaires, mais aussi politiques…

L’Etat étant co-élaborateur du schéma, il devra lui aussi revoir ses dogmes. Par exemple, en matière de transports, puisque dans notre région le transport routier est responsable de près de la moitié des émissions de CO2 contre un tiers au niveau national. Un renversement des priorités budgétaires sera donc nécessaire. Un second plan rail de 200 M€ coûterait le prix de 10 km de 2 fois 2 voies seulement !

Je vous remercie.