Le vœu déposé par notre groupe s’inscrivait dans la continuité des actions collectives menées ces dernières années par les trois groupes politiques composant la majorité du Conseil régional (PS, FdG, EELV), à savoir :

- le vote de plusieurs vœux et motions contre la politique d’immigration menée sous la présidence de N.Sarkozy,

- mais aussi et surtout, la co-organisation avec RESF d’une cérémonie de parrainage lors de la Session du 25 juin 2010 ; une cérémonie qui s’est tenue en dépit des intimidations du préfet, et qui a permis à 15 étudiants lycéens sans papiers menacés d’expulsion d’être parrainés par de nombreux conseillers régionaux de la majorité (6 élus du FdG, 9 du PS, et 5 d’EELV).

A ces actions collectives au sein du Conseil Régional, s’ajoutait bien évidemment la mobilisation individuelle de nombreux élus de la Région aux côtés de RESF et lors de manifestations locales en soutien des sans-papiers.

Mais le temps de l’unité sur la question des sans-papiers est visiblement révolu au Conseil Régional d’Auvergne.

Manifestement, il est désormais malvenu pour la majorité de nos collègues de gauche à la Région de rappeler à François Hollande ses engagements en matière de politique d’immigration, qu’ils apparaissent dans son programme présidentiel ou dans le courrier qu’il a pu transmettre le 20 février 2012 à RESF et à l’OEE . Il serait même visiblement déplacé pour les conseillers régionaux d’Auvergne de réclamer aujourd’hui la régularisation des sans-papiers et un moratoire sur les expulsions alors qu’ils le réclamaient hier lorsque la Droite était au pouvoir…

Pour le PS, cela mettrait le Président et son 1er ministre « en danger », allez comprendre pourquoi… Nous avons donc été sommés (pour rester poli) de retirer notre vœu, ou d’accepter les nombreux amendements - pour ne pas dire allègements - apportés par le groupe socialiste, ce que nous avons collectivement refusé au sein du groupe écologiste. Parmi ces amendements (en fichier attaché), outre le retrait de toute référence au moratoire et à la régularisation des sans-papiers qui travaillent, le groupe socialiste s’est borné à demander au gouvernement « d’intégrer », puis finalement dans une version définitive, « de prendre en compte les propositions du réseau éducation sans frontières », des propositions auxquelles François Hollande avait pourtant donné son aval il y a quelques mois.

Mais la bible des « 60 engagements » de François Hollande faisant définitivement foi, il est désormais d’usage, sachez-le, d’oublier toutes les promesses faites ici et là par le président de tous les socialistes. « 60 engagements, pas un de plus » nous-a-t-on rétorqué.

Pour le Front de Gauche, qui se targue de ne pas être lié à ce gouvernement, de ne pas être assujetti à la politique de François Hollande, et qui voudrait se réserver le monopole de la lutte contre la xénophobie et l’extrême droite, l’équation est encore plus difficile à résoudre. Deux membres du Parti de Gauche seulement ont voté notre vœu, alors que l’unanimité avait pourtant été annoncée par les 9 élus du Front de Gauche lors de la réunion à huis clos de la majorité.

Au final, notre vœu, n’a pas été adopté, et l’amendement déposé par les socialistes n'étant pas conforme au règlement de notre assemblée ne l'a pas été non plus. François Hollande peut dormir tranquille. Il ne sera pas inquiété par les activistes auvergnats, ni par la droite de Brice Hortefeux, car paraît-il, celle-ci aurait pu à terme instrumentaliser le vœu des écologistes. Et comme Manuel Valls vient de déclarer qu’il ne régularisera pas plus de sans-papiers que le gouvernement précédent, nos amis sans-papiers peuvent recommencer à se faire du souci, eux qui avaient repris espoir et salué la victoire socialiste.

Agnès Mollon, Présidente du Groupe Europe Ecologie les Verts au Conseil Régional d’Auvergne.


************************************************************************* Annexes :
- Voeu déposé par le groupe EELV
- Amendement par le groupe PS