Monsieur le Président, Chers Collègues,

Salut à toi Gilbert Bros,
Salut à tous les « malfaisants d’écolos »,
Salut aussi à la « greluche bobo »,
Qui vient d’abandonner un ministère trop vert,
Rempli de « fanatiques, d’irresponsables et de doctrinaires, »
« De bobos souvent bien payés à ne rien faire »

Je m’arrête là pour ces quelques vers, quoique je ne résiste pas à la tentation de pousser une dernière petite chansonnette « Le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est… » Stop !

Vous aurez reconnu j’imagine dans mes propos la poésie et la finesse du président de la chambre d’agriculture de Haute-Loire ! Notre fameux Gilbert, distingué, plein de bon sens, remarquable pour son respect de la place des femmes dans notre société (voir la "greluche bobo" et autre "Messieurs les élus") vient non seulement de recevoir les insignes d’Officier dans l’Ordre National du Mérite, mais aussi de nous délivrer une véritable pierre de Rosette dans son édito paru dans le journal Haute-Loire Paysanne !

Cet homme du terroir, farouche défenseur de la profession agricole, n’a malheureusement compris qu’une partie du métier d’agriculteur, et c’est bien là où le bât blesse quand on prétend défendre les paysans ! Faire grandir la plante c’est une chose ; par contre, protéger sa terre nourricière, c’est une idée qu’il ne parviendra sans doute jamais à comprendre, encore moins à respecter.

Pour l’actuel Vice-Président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture, qu'importe l'état des eaux, des sols, de l'air, de la biodiversité, et même de la santé des hommes ? Le plus important c’est l'ivresse de la COM-PE-TI-TI-VI-TE !! Par « rapport au reste de l’Europe » en plus, il n’est pas fou Gilbert !

Espérons pour les webmasters des sites Internet de la Chambre et de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture, que Gilbert ne mette pas son nez dans les différents onglets dédiés :

- à l’agriculture bio
- à la gestion des déchets agricoles
- aux sites Natura 2000
- et même, tenez-vous bien, aux formations sur l’environnement dispensées par la Chambre !

Car ils ont osé déshonorer Gilbert en écrivant sur le site, « L’enjeu pour les années à venir sera de conjuguer encore davantage agriculture et biodiversité. Les Chambres d'agriculture, aux côtés des agriculteurs et avec l'appui des Pouvoirs Publics, s'engagent à encourager cette culture de la biodiversité ».

S’il voyait ça, Gilbert, il se réveillerait avec la gueule de bois, lui qui attend grand soir ou petit matin, pour faire, je le cite une dernière fois, « la révolution de tous ceux qui subissent la tyrannie des DREAL, des Agences régionales de Santé, et des écolos, qui voient leurs entreprises fermer ou leurs revenus diminuer »

Plus sérieusement, Monsieur le Président, mes chers collègues, je vous rappelle que nous finançons la chambre d’agriculture de Haute-Loire et que la dernière Commission Permanente de la Région lui a encore permis de toucher plus de 60 000€ au titre du dispositif Install Conseil.

Ainsi, il nous semblerait vraiment opportun, que la Région rappelle à l’ancien élu régional de l’UPA, que les chambres d’agriculture exercent une mission de service public, qu’elles sont censées être en capacité d’apporter conseils et accompagnements à TOUS les agriculteurs, je dis bien tous, et que la chambre de Haute Loire n’a donc pas besoin d’un président jouant les chefs d’un village peuplé d’irréductibles encroûtés opposés à l’environnement ! Notre groupe regrette que G.Bros par ses déclarations, fasse du tort à une profession qui commence à évoluer vers la prise en compte de l’environnement, et à l’appréhender comme un argument économique.

Par ailleurs, à moins qu’il ne s’agisse là aussi d’un coup fumeux d’un stagiaire mécontent, d’un chargé de mission agriculture bio de la Chambre, ou d’un webmaster en contrat précaire, il serait aussi certainement nécessaire de rappeler à Gilbert quelques-unes des valeurs affichées par sa Chambre : le respect, la responsabilité, l’objectivité, l’indépendance, et la performance durable par exemple, bien que cette dernière expression "performance durable" sonne un peu trop souvent comme un oxymore à notre goût d’écolos jusqu’au-boutiste !

Enfin, et j’en aurai fini avec ce droit de réponse à G.Bros, notre groupe songe aussi à l'associer à un autre brillant personnage, un sous-préfet du Limousin en l’occurrence ! En réponse à un agriculteur soucieux des effets des épandages des pesticides sur la santé, le sous-préfet a conseillé au père de famille d’enfermer ses enfants pendant 48h ! C'est aussi ce qu'on conseille aux enfants de Fukushima. Charme, tact et volupté !

Le « séminaire de réflexion Elevage et Changements Climatiques », organisé par l’INRA le 7 février dernier, a permis de rappeler à tous ces gens que l’agriculture de demain, c’est l’agriculture autonome, celle qui saura s’adapter aux enjeux climatiques, énergétiques et environnementaux. Celle qui a d’ores et déjà compris qu’il fallait en finir avec l’aliénation des pesticides de plus en plus coûteux, et qu’il n’y a rien de bon dans la manipulation du vivant.

Cette agriculture autonome, c’est celle qui présente déjà une meilleure viabilité économique, qui dégage des salaires plus sûrs aux producteurs, et qui délivre des qualités nutritionnelles et une flaveur supérieure aux consommateurs. Comme quoi, les écolos ne sont pas des réac’, mais plutôt des prospectivistes !

Des écolos, des prospectivistes, il y en avait 60 000 ce week-end, dont 3 conseillers régionaux d'Auvergne, pour manifester leur rejet du nucléaire. Plus de 10 cars sont partis d’Auvergne en ce jour anniversaire de la catastrophe de Fukushima pour rejoindre non Villepinte mais la Vallée du Rhône et constituer une chaîne humaine contre le nucléaire.

Depuis les années 1950, la filière nucléaire dans son ensemble a coûté la bagatelle de 228 milliards d’euros selon le dernier rapport de la Cour des Comptes. Après l’identification et le chiffrage des dépenses passées et actuelles, la Cour des Comptes a également tenté de se livrer à un exercice à haut risque : prévoir le montant des investissements à venir, cerner les coûts futurs du démantèlement des centrales et de la gestion des déchets radioactifs ! Mission impossible ou presque, tant la nucléocratie française vit dans l’opacité.

- Le coût du démantèlement des centrales serait de 18 milliards d’€, mais celui de la centrale de Brennilis montre que ce chiffre est largement sous-estimé.
- Ajouter 28 milliards d’€ pour la gestion à long terme des déchets et 55 pour les investissements de maintenance. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour l’illusoire sûreté des centrales !

Bref, avec ce rapport, le mythe de l’électricité bon marché s’effondre. Au-delà des risques écologiques et sanitaires qu’il nous fait encourir, le nucléaire est un gouffre financier. Il le sera de plus en plus et il est temps d’en sortir !

Nous proposerons aujourd’hui un vœu pour l’extension des Plans particuliers d’intervention (PPI), à l’ensemble des communes françaises, afin que des mesures de protection de la population soient mises en place et testées pour tous.

Aujourd’hui, les plans de gestion de crise en cas d’accident nucléaire grave sont complètement inadaptés à la hauteur de l’enjeu. Ils prévoient uniquement des actions d’urgence de protection des riverains dans un périmètre maximum de 10 km autour de l’installation accidenté, alors que les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima ont montré malheureusement que les zones de contamination radioactive pouvaient s’étendre sur des centaines de kilomètres ! Je vous rappelle que la centrale nucléaire de ST ALBAN DU RHONE se situe à moins de 100 km de l’Auvergne et que si les nuages radioactifs s'arrêtent aux frontières de la France aucune ne protège les contreforts d'Auvergne !

Ainsi, ni la conception de nos 58 réacteurs, ni notre organisation de gestion de crise, ne prennent en compte le risque d’accident grave et majeur à la hauteur de l’enjeu.

Pour finir, le groupe écologiste souhaiterait apporter publiquement 3 soutiens :

Le premier, au Forum alternatif mondial de l’eau, dont les organisateurs et les participants -des associations, des politiques, des citoyens - militent comme nous écologistes, pour une gestion publique et durable de l’eau.

A l’inverse, une partie des responsables et des entreprises participantes au Forum mondial de l’eau n’ont qu’un objectif en tête : la privatisation d’une ressource naturelle qu’ils perçoivent comme de « l’or bleu ». La gouvernance du conseil mondial de l’eau, à l’origine du Forum mondial de l’eau, est d’ailleurs entachée d’un grave conflit d’intérêt : le président est PDG de la société des eaux de Marseille, filiale de grands groupes privés. Le vice-président est de son côté un ardent défenseur de la privatisation des services publics au Brésil.

Ainsi, par l’intermédiaire du vœu que nous avons déposé, nous souhaitons que le Conseil Régional affirme haut et fort, que l’eau est un bien public et non une marchandise. Elle doit par conséquent rester sous contrôle public, le seul mode de gestion à même de servir l’intérêt général, et de garantir une gestion durable, transparente, juste et équitable de l’eau.

Notre deuxième pensée est pour Jacob Ba, footballeur du stade Aurillacois, dont la situation administrative, comme pour beaucoup d’expulsés, était en cours de régularisation avant son arrestation et son placement en centre de rétention à Lyon. Finalement libéré grâce une forte mobilisation, Jacob Ba n’a pas reçu la visite de David Douillet, lors de son déplacement en Auvergne ! Etonnant n’est-ce pas ? Alors que la droite accuse aujourd’hui la gauche de vouloir taxer les millionnaires et les footballeurs, la droite fait de la surenchère, elle tente d’expulser des joueurs de foot qui jouent dans les championnats amateurs !

Enfin, le dernier mot de soutien du groupe écologiste est pour les salariés des pépinières et roseraies de Delbard dans l’Allier, un fleuron du monde horticole français qui risque de disparaître, et dont les 124 salariés pourraient se retrouver au chômage.

Je vous remercie.

Une petite ou une grosse envie de réagir aux propos de G.Bros ? Ecrivez-lui !

Monsieur le Président Gilbert Bros
Chambre d'agriculture de la Haute-Loire
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