Le car a de l'avenir
Par nicole rouaire le mercredi 5 novembre 2008, 08:00 - Humeur... - Lien permanent
Dans de nombreux départements, avec le système du prix unique du billet (à 1
ou 2€), le car devient un moyen de transport alternatif très pertinent. Les
départements auvergnats sont à la traîne. La région peut être moteur en créant
un réseau armature reliant les villes principales non desservies par fer.
Après la Meurthe et Moselle, le Finistère, les Alpes-Maritimes, l'Eure, le
Tarn, la Loire, le Rhône, la Seine-Maritime, la Dordogne, le Nord, l'Orne, le
Loiret, les Ardennes, le Gard, etc. les Pyrénées-Orientales se lancent à leur
tour : le car départemental à 1 ou 2 euros. Le résultat habituel de cette
mesure, c'est le doublement de la fréquentation du réseau (et
même + 350 % en 4 ans en Meurthe et Moselle ! ). Le car départemental
devient un moyen de transport alternatif à la voiture, il n'est plus réservé
aux captifs scolaires principalement.
Le coût pour la collectivité est faible, tant que le service reste à moyens
constants, car la part des usagers autres que scolaires double ce qui compense
la baisse de recette unitaire, et d'autre part, l'essentiel du service est à
mettre sur le compte du transport scolaire qu'il fallait de toutes façon
obligatoirement assurer...
Le potentiel de clientèle est très important sur les liaisons intervilles non
reliées par fer et dans le grand périurbain. Pour pouvoir le capter
sérieusement, il faut de la fréquence et un service lisible et fiable (voir par
ex. les liaisons Albi-Castres (43 km) qui sont maintenant cadencées au 1/4
d'heure en heures de pointe, et dont les cars sont pleins...). S'il n'y avait
que 2 cars par jour, il n'y aurait que quelques "captifs" à bord et on dirait
qu'il n'y a pas de potentiel. Moralité = on n'attrape pas les mouches avec du
vinaigre !
Bref, il faut de l'audace ! Le car c'est pas ringard. Il n'y a pas que le
train pour capter les usagers actuels de l'automobile et réduire ses nuisances
et le car coûte 2€/km contre 12€ pour le train. Les transports de la vie
quotidienne sont un des principaux défis sociaux énergétiques et
environnementaux à relever. C'est plus important que le TGV et plus important
que la crémaillère du Puy de Dôme ! Espérons que les départements
auvergnats vont enfin se réveiller...
Quant au Conseil régional, il doit être moteur en créant un réseau
armature reliant les villes principales non desservies par fer,
connectant le réseau ferré et le complétant. Ainsi, comme je l'ai déjà dit et
écrit, des lignes telles Moulins/Montluçon, Montluçon/Châteauroux,
Aurillac/Rodez, Saint-Etienne/Saint-Agrève/Valence et Le Puy/Langogne/Mende par
exemple ont vocation à devenir des lignes TER... Et Bort/Mauriac/Aurillac
aurait dû le rester.
Cela fait moins fantasmer qu'un car express sur autoroute Clermont-Montpellier
(4 h15 de car sans rien desservir) mais ce serait plus utile aux Auvergnats
!
Le ministre Dominique Bussereau le dit lui aussi, le car a de l'avenir (si
le service est bon évidemment ...) et il ne faut pas l'oublier, à côté des
services du train et du transport à la demande, comme semble le faire René
Souchon !
Pierre Pommarel
LA PREUVE PAR L'EXEMPLE
Succès confirmé pour la ligne de car à haut niveau de service VESOUL
BESANÇON
Vesoul étant la seule Préfecture de Franche-Comté qui ne soit pas reliée par
fer à la capitale régionale, il y a plus de vingt ans qu'un car express assure
la liaison d'une soixantaine de kilomètres entre les deux villes, pour une
clientèle de salariés, d'étudiants et de scolaires.
En 2004, la Région Franche-Comté a décidé de rénover en profondeur la desserte
et la qualité du service, avec la création d'une identité propre et du nom
commercial «Livéo». Avec 14 allers-retours express quotidiens et une
demi-douzaine de semi-directs, la ligne offre aujourd'hui quasiment un
cadencement à la demie-heure en pointe, assuré par 7 véhicules haut de gamme
affectés à la ligne, confortables et climatisés. Les voyageurs trouvent à bord
la presse quotidienne et des magazines, ainsi que la diffusion d'informations
régionales. Ils peuvent aussi recevoir des informations sur leurs trajets par
SMS.
Le succès de Livéo s'explique aussi par les accords tarifaires passés avec la
SNCF et les réseaux urbains de Besançon et de Vesoul, permettant de voyager
avec un seul titre de transport ou des abonnements mensuels combinés. Depuis
2004, la clientèle a quasiment doublé atteignant aujourd'hui les 550 voyageurs
quotidiens. Le seul point noir reste l'entrée et la sortie des agglomérations
aux heures de pointe.
Le Conseil Régional, autorité organisatrice, a décliné le même principe de
ligne express en 2007 sur une ligne entre Besançon et Gray.