Incidents de Vichy : tant de questions sans réponse...
Par nicole rouaire le samedi 8 novembre 2008, 14:16 - Actu - Lien permanent
Après le contre sommet de Vichy, RONDEPIERRE Daniel (Verts Allier,
co-organisateur de la manifestation et du metting) nous transmet les questions
auxquelles le Préfet de l'Allier n'a pas accepté de répondre précisément
:
Nous étions 350 participants aux réunions-débats du contre-sommet tenu
dimanche à Cusset, et près de 4000 manifestants à Vichy lundi soir, puis 1000
participants au meeting unitaire de Cusset. Même si certainEs ont été fortement
incommodéEs par les lacrymos, il n'y a finalement pas eu de blessés à déplorer
parmi nous. Comme, bien que non-violents assumés, nous ne sommes pas totalement
naïfs, nous avons rédigé un certain nombre de questions à poser aux
responsables de l'ordre public, que la presse a évidemment refusé de publier
même dans une version édulcorée, mais que le secrétaire départemental de la FSU
03 a posées au Préfet lors du Comité Départemental de l'Education Nationale
(CDEN) de ce vendredi matin :
"M. le Préfet,
après en avoir discuté avec le collectif d'organisation du contre-sommet
européen de Vichy, suite aux évènements survenus notamment lundi dernier,
compte tenu de la gravité des questions posées et considérant qu'il relève
aussi d'un conseil départemental de l'éducation nationale d'avoir connaissance
de questions générales et de questions d'ordre public qui ne manquent et ne
manqueront pas d'avoir des répercussions dans le monde éducatif. Je vous pose
avec une certaine solennité les questions précises suivantes concernant les
faits survenus à Vichy et Cusset le lundi 3 novembre. Veuillez comprendre qu'il
n'y a nulle insinuation malveillante dans les questions qui vont suivre, mais
seulement la volonté déterminée que toute la lumière soit faite et la
transparence réalisée, ceci traduisant les questions que se posent les milliers
de personnes qui y ont assisté :
1. Pourquoi, contrairement à ce à quoi vous vous étiez engagé, la circulation
routière n'a-t-elle pas été bloquée sur le parcours de départ et autour de la
manifestation du 3 novembre à Vichy ?
2. Pourquoi, contrairement à ce à quoi vous vous étiez engagé, au lieu d'avoir
positionné les forces de sécurité au bas de la rue de Paris en position
"invisible de la manifestation", avoir organisé le contact entre ces forces et
la manifestation au croisement de la rue de Paris et des rues du Portugal et
Dejoux, point où vous saviez que la manifestation tournerait ?
3. Pourquoi, les forces de l'ordre à cet endroit là étant harcelées par des
groupes de casseurs, leur avoir donné l'ordre de "riposter" en bombardant en
profondeur la manifestation au moyen de grenades lacrymogènes ?
4. Quel était le gaz utilisé, manifestement puissant au point de produire des
syncopes, des vomissements et de graves incommodations perçues plusieurs heures
après par des centaines de manifestants pacifiques, dont des personnes âgées,
des enfants et des handicapés, et d'où venaient ces grenades ?
5. Pourquoi ordre a-t-il été donné, une fois que la manifestation était malgré
cette agression parvenue à se regrouper et à reprendre son parcours l'éloignant
désormais du centre de Vichy et retournant sur Cusset, au lieu d'isoler les
groupes de casseurs, de les pousser à distance en direction de la manifestation
tout en bombardant à nouveau celle-ci à plusieurs reprises, alors que le
responsable du collectif d'organisation en contact avec les RG les a appelés à
5 reprises pour se voir signifier une fin de non recevoir et s'entendre dire
qu'il n'était pas envisagé de séparer les casseurs de la manifestation, alors
même que ces casseurs se trouvaient à ce moment en queue de la manifestation
?
6. Pourquoi lorsque la manifestation s'est arrêtée et a commencé à se disperser
en bas des parkings du lycée de Presles et à l'entrée de l'avenue de Vichy à
Cusset, les forces de l'ordre ont-elles eu ordre, d'abord d'attendre alors que
des individus incendiaient plusieurs véhicules (dont certains appartenant à des
manifestants), puis de charger les manifestants eux-mêmes ?
7. Pourquoi ordre a-t-il été donné aux forces de l'ordre de pousser les
casseurs en faisant mine de les poursuivre jusqu'au lieu du meeting unitaire à
l'espace Chambon à Cusset, cela alors que le responsable de la manifestation en
contact avec les RG leur avait téléphoné pour leur dire qu'il ne fallait
surtout pas procéder ainsi car on allait au devant d'incidents dans les rues de
Cusset, les alentours de l'espace Chambon voire même l'espace Chambon lui-même,
et s'est vu communiquer encore une fin de non recevoir ?
8. Qui étaient les individus habillés comme les casseurs, avec la capuche de
rigueur, vus par plusieurs témoins entre 20h et 21h autour de véhicules de
police avenue de Vichy à Cusset et quel rôle ont-ils joué ?
9. A quoi pouvaient bien servir et quel a été le coût des survols en
hélicoptère de l'espace Chambon et des coups de projecteurs donnés à plusieurs
reprises sur les participants au meeting ?
10. Pourriez vous apporter des précisions sur la manière a priori un peu
surprenante dont les ultimes escarmouches et face à face entre casseurs et
police se sont terminés lundi soir, les premiers montant dans les véhicules des
seconds pour partir avec eux vers une destination que nous ignorons, mais qui à
l'évidence n'était pas le tribunal des flagrants délits où on ne les a pas vus
le lendemain ?
11. Je terminerai par deux questions qui, à la différence des précédentes, ne
sont pas factuelles mais relèvent de l'appréciation citoyenne que l'on est en
droit d'attendre des responsables censés représenter la République :
- que pensez-vous d'une organisation de la sécurité qui est capable de jouer à
transformer les rues de Vichy et Cusset en celles de Belfast voici trente ans
sans être capables par ailleurs de réguler la circulation routière au départ
d'une manifestation annoncée de longue date et au parcours dûment négocié
?
- et comment expliquez-vous que M. le ministre Hortefeux ait pu dire en
concluant l'entretien qu'il a eu le matin du 3 novembre avec une délégation de
représentants du collectif d'organisation du contre-sommet et de la
manifestation en leur disant sourire en coin : "En cas d'incidents mon
communiqué est déjà prêt" ?"
Le préfet a répondu :
1. naturellement que tout cela était hors sujet,
2. que les forces de l'ordre "ne prennent jamais d'engagement de quoi que ce
soit envers les organisateurs de manifestations". Dont acte : aucune
confiance ne serait donc possible envers les autorités préfectorales ?
3. que nous affirmions que "des ordres avaient été donnés" sans être en mesure
de le prouver, ce sur quoi je me suis naturellement étonné que M. le préfet
semble laisser entendre que lorsque les CRS opèrent tel ou tel mouvement, c'est
sans avoir reçu d'ordres ...
4. que "au moins 200 casseurs"' dont la venue était "connue de longue date" (ah
bon ! ) étaient dans Vichy et que face à cela les forces de l'ordre ont
"normalement riposté et normalement assuré l'ordre".
5. à une question complémentaire posée par Fred sur les effectifs mobilisés, il
a donné le chiffre incrédible de seulement 400 ...
6. enfin que toutes ces questions étaient autant d'affabulations malveillantes,
évidemment, ce à quoi je lui ai fait remarquer que la meilleure façon de
démontrer notre malveillance et nos affabulations serait de jouer la
transparence et d'y répondre point par point.
L'analyse que je fais est que malgré une velléité d'apparaître "au dessus", il
était assez sur la défensive ; compte tenu du caractère grave des
accusations que pourraient sous-entendre notre liste de questions, on ne peut
pas dire qu'il ait terriblement contre-attaqué. C'est donc à interpréter comme
un encouragement : nous reviendrons à la charge et on n'a pas fini
d'entendre parler du contre-sommet et de nous entendre exiger que les
représentants de l'Etat rendent compte.
...Il fallait faire le contre-sommet, et la manif, et le meeting. Et
nous l'avons fait. Merci,
Daniel
Commentaires
Oui, les autorités ont instrumentalisé la violence d'ahuris qui n'ont d'autre but que de semer la pagaille, et ça vous étonne?
"En cas d'incidents, mon communiqué est déjà prêt." Je fais une tentative de traduction: je vais vous b...., et il l'a fait!
Non, il ne faut pas continuer à parler de ces violences car elles ne font que mettre en exergue notre défaîte. Oui, il fallait faire le contre sommet et le meeting, mais non, il ne fallait pas faire la manif.
Hortefeux a gagné: un contre sommet sensible organisé pendant que tous les yeux sont tournés vers les USA. Son but était donc de mener à bien sa vision raciste des relations européenne-pays pauvres sans que les gens le voient, et deuxièmement, que toute opposition à sa politique soit perçue comme forcément violente. Enfin, les vichyssois choqués par tant de violence gratuite se jetteront dans ses bras aux européennes et aux régionales. Il a tout gagné, nous avons tout perdu, c'est à dire en fait, les immigrés ont tout perdu.
Il faut arrêter de croire que nous vivons chez les bisounours. C'était européen, donc rien à voir avec nos traditionnelles manif bourbonno-bourbonnaises! Oui, bien sûr, dès le départ, certains distribuaient des masques (le meilleur moyen de se mélanger aux pacifiques), certains distribuaient des textes (non signés) appelant à mots couverts à la violence, certains s'étaient déjà fait arrêtés dans la journée déguisés en déportés alors que la consigne était de ne faire aucune allusion à la période Vichysste, avant que la manif ne débute, certains assimilaient Sarkozy à Pétain ("Nicolas, nous voilà")... non, dès le début, on le sentait et je ne peux pas croire qu'en fêtant vos 40 ans de Mai 68 vous n'ayez pas senti tout cela si ce n'est par excès de confiance envers la nature humaine.
Pourquoi au point de blocage rue de Paris, aucun SO n'a fait en sorte de faire avancer les manifestants? ce qui se fait habituellement.
Pourquoi la tête du cortège était à la gare quand des manifestants pacifiques étaient encore bloqués rue de Paris?
Sur les médias nationaux (complices, forcément), on n'a vu qu'Hortefeux et en face des voitures brûlées... tout le travail des associations est passé inaperçu.
Je suis dégoûté et amer. Quand verrons-nous une gauche efficace et sérieuse? Quand verrons-nous une gauche qui maîtrise les stratégies de communication?
Quant au préfet... son silence montre une chose que vous semblez ne pas voir: ils ont GAGNE, donc on ne les inquiète pas! Continuez à concentrer votre énergie sur la complicité du pouvoir et vous les arrangerez!
Il y a une chose que vous pouvez faire: rendre publics les engagements écrits des autorités... et j'espère qu'il y en a eu, des écrits!!!