L’opérateur Tepco a annoncé, mercredi 23 mars, une évacuation temporaire des ouvriers présents sur le site de Fukushima, alors qu’une colonne de fumée noire s’élève au-dessus du réacteur n° 3 de la centrale, indique la télévision NHK. Selon Tepco, la fumée émane de l’enceinte qui abrite le réacteur n° 3. La salle de contrôle du réacteur 3 est la première à avoir été partiellement remise sous tension mardi soir, grâce à une alimentation externe qui a remis en marche son éclairage.
La température est remontée dans le réacteur n° 1 de la centrale, a déclaré plut tôt dans la journée l’autorité japonaise de sûreté nucléaire, qui estime qu’il n’y a pas de danger immédiat. La température atteint près de 400 °C à l’intérieur de l’enceinte de confinement du réacteur, qui est normalement conçue pour fonctionner à 300 °C.
RADIOACTIVITÉ SUR LE SITE DE LA CENTRALE
Deux techniciens ont été blessés, mercredi, alors qu’ils tentaient de rétablir l’électricité dans le réacteur n° 1 de la centrale, rapportait plus tôt dans la matinée l’agence Kyodo, sans autres détails. Les techniciens qui s’efforcent de réparer le réacteur n° 2 de la centrale nucléaire endommagée ont dû interrompre leurs travaux mercredi en raison d’un niveau de radiation trop élevé, indiquait l’autorité japonaise de sûreté nucléaire. Le niveau de radiation a atteint 500 millisieverts par heure.
INTERDICTION DE PRODUITS ALIMENTAIRES
De nouveaux cas de contamination alimentaire renforcent l’inquiétude quant à l’impact sanitaire de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima. Le premier ministre japonais, Naoto Kan, a ordonné l’interdiction du lait et de légumes à feuilles vertes provenant des préfectures de Fukushima et d’Ibaraki (nord-est de Tokyo), en raison de taux élevés de radioactivité. M. Kan a demandé à la population de ne pas manger les légumes dans lesquels une radioactivité anormale a été détectée, notamment les épinards, les brocolis, les choux et les choux-fleurs. Il a en outre ordonné que les légumes à feuilles vertes de Fukushima et le lait cru et le persil d’Ibaraki ne soient plus vendus pour l’instant.
Par ailleurs, un taux d’iode radioactif dépassant la limite légale admise pour les bébés a été mesuré dans l’eau du robinet de Tokyo, annoncent les autorités de la capitale. Une concentration d’iode de 210 becquerels par kilogramme a été relevée sur des échantillons de l’eau courante, alors que la limite fixée par les autorités nippones est de 100 becquerels pour les bébés, explique un responsable du gouvernement métropolitain de Tokyo. Les autorités locales ont déconseillé de donner de l’eau du robinet aux bébés ou de l’utiliser pour préparer leurs biberons dans l’immédiat.
De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils interdisaient l’importation de certains produits alimentaires provenant du Japon. L’agence américaine de l’alimentation et des médicaments (FDA), qui régit les importations en matière alimentaire, a indiqué avoir émis une alerte concernant le lait, les produits laitiers, les légumes frais et les fruits provenant de certaines régions du Japon. Cela signifie qu’aucune denrée de ce type venant des préfectures de Fukushima, Ibaraki, Tochigi et Gunma ne peut entrer aux Etats-Unis avant d’avoir été déclarée saine. « De plus, la FDA continuera à surveiller toutes les importations du Japon afin de déterminer si elles viennent de la zone touchée » par l’accident nucléaire, indique-t-elle dans un communiqué.
En Europe, la France a demandé à la Commission européenne d’imposer un « contrôle systématique » sur les importations de produits frais japonais aux frontières de l’Union européenne. Paris a déjà décidé d’inspecter unilatéralement les coquillages et poissons en provenance du Japon. En Asie, les produits alimentaires japonais commencent à être délaissés par les consommateurs, qui se font également plus rares dans les restaurants nippons de plusieurs métropoles de la région, de Séoul à Manille en passant par Hongkong.