Oui MES … MES non !

La question du MES (Mécanisme Européen de Stabilité 1) illustre une difficulté dans laquelle nous sommes assez souvent placés, que ce soit au niveau international, national ou local : une proposition comportant un caractère positif, empoisonné par des dispositions inacceptables et définie par des gens en qui on a appris à ne pas avoir confiance.

Le MES doit permettre (juridiquement et financièrement) d’intervenir en soutien à un pays de l’Union Européenne confronté à des difficultés, cas de la Grèce en ce moment. Et nous croyons effectivement que l’UE doit, entre autres, être un lieu de solidarité qui fasse barrage aux attaques spéculatives.

Mais ce traité porte la marque de ses concepteurs – essentiellement Mme Merkel et M. Sarkozy – en renforçant un fonctionnement de l’Europe inter-gouvernemental plutôt que communautaire, en écartant les solutions de solidarité de type eurobonds et en subordonnant les soutiens à des mesures d’austérité brutales aussi injustes qu’inefficaces (voir les explications de François de Rugy).

En gros le MES c’est : des aides financières sous condition d’austérité (règle d’or).

Se pose alors la question d’estimer si le verre est à moitié vide ou à moitié plein. Daniel Cohn Bendit le voit à moitié plein, car il sait qu’avec Mme Merkel et M. Sarkozy on aurait très bien pu avoir la règle d’or … et rien d’autre. On peut lui opposer que la droite, majoritaire, votant pour le traité, nous pouvons nous concentrer sur la dénonciation de ses insuffisances et de ses défauts.

À dire vrai, et quelque soit le positionnement tactique qu’on choisisse aujourd’hui, l’important est bien d’être d’accord sur ce qu’il faudrait faire en Europe : plus de régulation financière et d’intégration budgétaire via des ressources propres co-décidées par le Parlement Européen (taxe sur les transactions financières, une taxe carbone), dans un budget qui serait complété par l’émission d’euro-obligations dédiées au financement de projets d’intérêt général. Plus d’Europe, et mieux.

C’est l’avancée vers «Une Europe engagée sur la voie de la transformation écologique et sociale», comme l’explique EELV en pages 165 et suivantes de l’excellent petit livre vert «Vivre mieux, vers une société écologique» (éditions Les Petits Matins – 3 €), disponible aussi en téléchargement sur http://eelv.fr/le-projet/ (c’était ma minute réclame ;-).

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1 commentaire

  1. Avatar of Petitmaje (@petitmaje)

    Pour moi le verre est à moitié plein et même un peu plus.
    Il est normal et logique que EELV décrive la solution idéale qu’elle préfère.

    C’est également ce qui a été exposé à Paris lors de la réunion des Verts Européens.
    Mais il faut aussi avoir conscience des rapports de forces : une solution idéale franco-française n’a aucune chance d’être prise en compte en Europe avec une droite majoritaire et des sociaux démocrates et Verts européens, qui, de façon réaliste votent, sans état d’âme pour le MES car c’est nettement mieux que rien.

    Quand à la position « stratégique » invoquée pour masquer les divergences (nous ne pouvons pas voter car çà vient de Merkozy) et l’idée de répondre aux sommations de Melanchon en montrant que nous sommes aussi à gauche que lui je la trouve inepte.
    Autant je comprends que l’on puisse invoquer des raisons économiques et politiques pour être contre le MES autant je n’admet pas cette cuisine électorale et ce « plus à gauche que moi tu meurt ».

    Si Sarko dit que le soleil est plutôt jaune je ne voterai jamais contre sous prétexte que c’est lui qui l’a dit

    Quand à l’alignement sur les positions de la gauche radicale, ce n’est pas ma tasse de thé

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