Nous poursuivons la diffusion du rapport de la Cour des Comptes sur le nucléaire avec deux articles sur les évolutions possibles, du point de vue, bien sur, des partisans de la poursuite du nucléaire. Les écologistes savent que d’autres évolutions sont possibles. Et souhaitables.
Le chiffrage des dépenses futures, très incertain, est dépendant d’hypothèses à faire sur la durée de vie des centrales, le cout des réacteurs EPR pour remplacer les anciens, la gestion des combustibles en cas de mise en place d’une filière de 4éme génération
Durée de vie des centrales
L’âge moyen des centrales est de 25 ans. D’ici 10 ans 24 réacteurs sur 58 auront atteint une durée de fonctionnement de 40 ans.
Or les composants d’un réacteur nucléaire subissent des conditions extrêmes avec des composants qu’il faut remplacer régulièrement (générateurs de vapeur, tuyauterie) et d’autres qui ne sont pas remplaçables (cuve du réacteur, enceintes de confinement).
A cela s’ajoute, et c’est heureux, des exigences croissantes en matière de sécurité.
Les coûts de maintenance s’accroissent donc avec le temps.
La réglementation française ne prévoit pas de durée dans le temps à l’exploitation d’une centrale mais repose sur des réexamens de sureté périodiques tous les dix ans effectués par l’ASN qui préconise aux ministères concernés les mesures nécessaires pour poursuivre (ou non) l’exploitation.
EDF a prévu une durée de fonctionnement de 40 ans. Cette durée correspond, avec une activité de 80%,à la durée pendant laquelle les parois en acier des cuves peuvent être irradiées sans perdre l’essentiel de leurs caractéristiques en matière de sécurité.
Aux Etats Unis la licence d’exploitation est de 40 ans avec une prolongation possible de 20 ans.
Il y a actuellement 104 réacteurs dont 60 ont obtenu une prolongation de vie de 20 ans et 8 ont dépassé la période initiale des 40 ans.
Par ailleurs 30 réacteurs ont été arrêtés après 25 ans d’exploitation, car les investissements nécessaires pour une mise aux normes auraient affecté leur rentabilité économique.
La maintenance
Les investissements de maintenance ont connu une période de ralentissement entre 2003 et 2006
EDF considère que ce ralentissement a été source d’avaries et de perte de performance.
Depuis les investissements ont repris, notamment à cause des changements de générateurs à vapeur
Les prévisions ont rapidement évolué à la hausse, passant, sur une durée de 15 ans, de 23 milliards d’euros en 2008 à 50 milliards début 2011 et à 55 milliards après réactualisation Fukushima
Ce qui présente une moyenne de 3,7 milliards d’euros par an, presque le double du chiffre de 2011, déjà en forte augmentation.
Ces prévisions sont faites par EDF dans la perspective d’une prolongation de la durée de vie jusqu’à 60 ans, la plus favorabl en termes financiers pour EDF, sans que l’on sache quelle est la part de la maintenance ordinaire et celle de la prolongation de vie, sachant que tout n’est pas remplaçable (cuve des réacteurs)
Les recherches futures
Un milliard d’euro de subvention est dégagé pour « le nucléaire de demain ». Il s’agit :
- Du réacteur de 4éme génération ASTRID (Réacteur à neutron rapide refroidi au sodium), un cousin de Superphénix (y en a qui sont tétus), présenté comme plus sécurisé. Le but recherché est d’arriver à une utilisation récurrente de l’uranium et du plutonium contenus dans le MOX usés. Le prototype devrait être opérationnel en 2017 pour un déploiement industriel à partir de 2040.
- Du réacteur expérimental Jules Horowitz visant à étudier le comportement des matériaux sous irradiation. Prévu pour 2018 il devrait également produire 50% de la production européenne de nucléides à usage médical
- De 75 millions d’eurodébloqués pour valoriser les déchets faiblement radioactifs et mettre au point des procédés innovants de traitements des déchets radioactifs chimiquement réactifs dans le but de les rendre inertes et de la stocker. Bizarrement, on ne voit rien concernant les déchets hautement radioactifs.
- De 50 millions d’euro prévus pour améliorer la sécurité et la radio protection.
Enfin il faut mentionner le projet hypothétique international ITER, dont le but est d’étudier la fusion d’atomes légers dans un confinement magnétique.
Le coût du projet est de 21 milliards d’euros dont 1,1 à la charge de la France.