11 mars 2011 FUKUSHIMA commémoration dimanche 11 mars Courseulles-sur-mer

Il y a un an, le 11 mars 2011, un terrible séisme ravageait le Japon, déclenchant l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, dans un pays pourtant réputé comme l’un des plus sûrs.

Afin d’honorer la mémoire des victimes de cet événement dramatique, Europe Écologie – Les Verts Basse-Normandie appelle à une commémoration en solidarité au peuple japonais sur la jetée de Courseulles-sur-Mer, lieu symbolique car futur site d’implantation d’éoliennes en mer, en présence d’élus écologistes, de responsables associatifs, de militants et de citoyens.

Commémoration de la catastrophe de Fukushima Dimanche11 mars à 11h30
Jetée de Courseulles-sur-mer (à côté de la Maison de la mer)
Dépôt d’une gerbe à la mer en mémoire des victimes Prise de paroles d’élus Europe Ecologie – Les Verts et de responsables associatifs

CATASTROPHES NUCLEAIRES : ce n’est plus possible!

CATASTROPHES NUCLEAIRES : Ce n’est plus possible !

Par Bruno Bertoli, Europe Ecologie – Les Verts, Orne

 

A l’heure où nous publions ce billet l’accident vient d’être requalifié. Il était encore, il y a quelques heures, de niveau 4. Il est maintenant de niveau 6. La catastrophe de Tchernobyl était classée au niveau 7, dernier et ultime stade…

 

 

Chaque fois qu’il y a un accident nucléaire, on observe toujours les mêmes réactions des autorités françaises :

On réduit le problème. On atténue la portée de l’événement et des dysfonctionnements (naturalisation des défaillances, par exemple : c’est le séisme, pas le système, qui a provoqué l’accident) 

On exporte le problème. On explique que les raisons de la catastrophe sont spécifiques à un pays ou à une technologie défaillante. Donc ce risque n’est pas possible chez nous, il n’est pas « transférable » en France, nous affirme t’on. Ce fut le cas pour Tchernobyl (présenté comme une catastrophe soviétique davantage que comme une catastrophe nucléaire). Pourtant dans la catastrophe de Fukushima l’environnement technologique et de sécurité japonais est très proche de ce qu’il est en France.

 

BESSON, ALLEGRE, ROYAL sont la caricature de ce type d’arguments

 

En vérité, face à la possibilité d’une telle catastrophe, c’est que nous ne savons pas vraiment nous représenter mentalement les conséquences.

La radioactivité c’est abstrait, invisible, inodore. Personne, aucun/aucune d’entre nous, ne peut spontanément imaginer ce que signifie concrètement que des territoires vont être contaminés pour plusieurs milliers d’années, que les arbres qui vont pousser, les fruits et les légumes, les animaux, les gens qui vont naître, vont avoir à subir les effets de la catastrophe pendant plusieurs générations.

  • L’iode 131 se fixe dans la glande thyroïde et peut y induire des cancers.

  • Le césium 137 se fixe dans les muscles dont le cœur et peut entraîner cancers et arrêts cardiaques.

  • Le strontium 90 qui fixe dans les os à la place du calcium et peut provoquer cancers des os et leucémies, la moelle osseuse étant à l’origine de la formation de cellules sanguines.

On ne peut pas vraiment se représenter mentalement cela. D’une certaine façon c’est comme les effets du dérèglement climatique : personne ne peut imaginer ce qu’est un monde sans la banquise, et personne ne sait spontanément imaginer ce que peut être dans les territoires contaminés de Biélorussie, autour de Tchernobyl.

 

Mais nous savons quand même que c’est nous, notre puissance, notre orgueil, notre croyance aveugle dans la technologie, qui a produit ça.

 

Le problème n’est pas d’avoir confiance dans la sécurité nucléaire ou non, mais d’admettre que le meilleur système de sécurité ne peut pas à 100% empêcher une faille, une anomalie, une erreur technique ou humaine, une malveillance, bref, le surgissement du grain de sable qui fait tout dérailler.

 

Et quand ce qui était impossible devient possible, les effets, avec le nucléaire, se mesurent sur des générations.

 

Il faut quand même une dose incroyable de confiance en soi pour prendre de telles responsabilités.

 

Le problème n’est pas de savoir si on peut « faire confiance » aux systèmes de sécurité du nucléaire français, ou si cet accident est possible en France demain : le problème avec le nucléaire c’est précisément qu’il suffit d’une seule fois. Personne ne dit : « demain, la centrale X ou Y va exploser ».

 

Simplement, ce que répètent inlassablement les écologistes, c’est qu’il est impossible de garantir, justement, que ça n’arrivera pas, jamais.

 

Donc ça peut arriver. Il y a ce risque. Et ce risque, nous ne savons pas vraiment le gérer.

 

Voilà. C’est aussi simple que ça !

 

Est-ce que ce risque là, nous pouvons le « mettre en balance » avec les avantages ? Est-ce que nous pouvons considérer que, parce que le nucléaire assure notre approvisionnement électrique, que c’est son utilité et qu’il répond à ça, on peut en échange assumer les risques qu’il présente ?

 

C’est ça la question.

 

Jusqu’ici, les gouvernements de notre pays ont répondu « Oui, en échange de notre approvisionnement électrique, on peut courir ce risque ». 

Peut-être, et même probablement, il faudra se reposer la question, à froid, après cet accident.


Il est trop tôt pour savoir ce que seront les retombées durables de la catastrophe de Fukushima.

Il est au moins, dès aujourd’hui, un constat que nous devons méditer : l’accident nucléaire de Fukushima fera partie, après tant d’autres catastrophes, du patrimoine noir de notre humanité. Il sera une part de l’héritage que nous laissons au monde qui vient.

 

Ce constat, brutal, appelle à reconnaître que cette catastrophe, comme celles qui l’ont précédé, n’avait rien d’imprévisible.

Qu’elle n’est, hélas, ni le résultat d’un hasard ni le produit d’une catastrophe naturelle.

 

Que la manière que nous avons de conduire notre développement, sans égards pour les risques qu’il entraine, nous plonge dans la perspective de revivre de nouvelles catastrophes, de nouvelles pertes, d’autres deuils.

 

C’est cela que les écologistes ont tenté, depuis si longtemps, de faire entendre. Et c’est en ce sens que nous poursuivrons nos efforts, malgré la surdité persistante de ceux qui ne veulent pas voir venir les catastrophes et les laissent advenir.

Nous devons cet effort non seulement aux victimes, mais à l’idée que nous nous faisons d’un monde qui doit rester habitable.

 

Notre indignation et notre remise en question du nucléaire, à la veille d’une des plus grande catastrophe planétaire, n’a rien d’indécent.

Ce n’est pas nous qui faisons les calendriers des catastrophes nucléaires.

Ils s’imposent à nous comme à l’ensemble de l’humanité.