Transports : pour des investissements utiles et plus efficaces

gaelle_rougier« Si vous n’aviez pas les yeux rivés sur cet hypothétique aéroport à Notre-Dame-des-Landes, vous admettriez, avec nous, qu’il est possible d’allier grande vitesse, amélioration de l’existant et donc des lignes de proximité indispensables aux déplacements au quotidien. Une ligne nouvelle Rennes-Loudéac en lien avec l’ouverture du Triskel ferroviaire (St-Brieuc-Lorient-Auray via Loudéac et Pontivy) peut le permettre. A budget équivalent, avec un impact environnemental bien moindre puisqu’il s’agit avant tout de rénover l’existant, il est possible de raccourcir les temps de trajet depuis la pointe bretonne tout en réalisant des dessertes nouvelles par le Centre Bretagne.

Nous demandons donc qu’un scenario ferroviaire, sans aéroport à Notre Dame des Landes, soit étudié. »

Retrouvez ci-dessous les propositions d’EELV Bretagne pour un nouveau plan ferroviaire en Bretagne. Retrouvez aussi l’intégralité de l’intervention de Gaelle Rougier pour EELV sur les transports dans le cadre du débat budgétaire au Conseil régional.

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Je voudrais tout d’abord commencer par une inquiétude qui m’est venue hier en vous écoutant sur la question d’un droit d’usage sur le ferroviaire. Si nous saluons le nouveau tarif TER pour les jeunes, le train reste cher pour la plupart d’entre nous. Nous sommes plutôt défavorables à l’ouverture d’un droit d’usage ou surtaxe sur le billet de train assumé par l’usager, que vous défendiez hier M. le président. A l’heure ou la précarité énergétique se fait plus forte, il est urgent d’offrir des alternatives à la coûteuse voiture. Le train en est une et la question de son coût est centrale pour espérer un transfert des déplacements voiture vers le train. Nous préférons donc défendre le principe d’un Versement Transport régional, pris en charge par les entreprises du territoire afin de financer nos aménagements ferroviaires, car s’il n’est pas illogique selon vous, que les usagers concourent au financement des infrastructures de transport, il n’est pas illogique non plus que les entreprises bretonnes prennent leur part afin de financer les transports servant aussi aux déplacements domicile-travail.

Ceci nous semble plus juste socialement. Rappelons que le Versement Transport régional représenterait 40 millions par an pour la Région, manne non négligeable. Il serait enfin, de notre point de vue, une façon cohérente d’affirmer la Région comme véritable chef de file des transports.

C’est pourquoi nous souhaitons que notre vœu pour un Versement Transport régional connaisse une issue favorable, lors de cette session ou dans le cadre de notre travail sur la fiscalité régionale.

Ecologistes, nous sommes favorables aux investissements ferroviaires lorsqu’ils concourent à un aménagement équilibré du territoire et qu’ils sont utiles avant tout aux bretons, pour les besoins au quotidien. Nous saluons les aménagements visant à raccourcir les temps de trajet entre villes bretonnes, à sécuriser les voies, libérer des sillons, favoriser l’intermodalité. C’est un travail de fourmi peu visible mais oh combien indispensable. La demande sociale en matière de transport en commun explose. Il faut mettre cela en relation avec la paupérisation générale de population. Favoriser les déplacements du quotidien relève donc de l’urgence écologique mais aussi sociale.

Ainsi, si nous devions avoir un regret,ce serait celui de ne pas avoir anticiper plus tôt cet engouement pour le TER avec la saturation de lignes que l’on connaît aujourd’hui.

Mais la pomme de discorde dans cette mission n’est pas là. Elle est dans le programme 512 et elle s’appelle Bretagne Grande Vitesse 2 (BGV 2). M. le président, vous avez toujours eu notre soutien pour le projet Bretagne Grande Vitesse I, car il consistait en l’optimisation des lignes existantes Rennes-Brest, Rennes-Quimper, Brest-Quimper. Il nous paraissait primordial que ces lignes intra-bretonnes soient rénovées pour favoriser les dessertes de proximité. Ainsi nous avons œuvré avec vous afin que celles-ci soient inscrites de façon prioritaire à l’avant-projet de Schéma National des Infrastructures de Transports (SNIT) qui ne faisait la part belle qu’à la Ligne Grande Vitesse (LGV) à l’Est de la Bretagne.

Et puis est venue la session de juin 2012 où vous nous avez présenté les différents scénrii qui seraient soumis au débat public concernant une seconde phase de BGV, appelé BGV 2. Le scénario retenu par vous et qui s’impose petit à petit dans les documents soumis au débat au sein de ce Conseil, que vous avez portés auprès de la Commission Mobilité 21 qui doit plancher sur la révision du SNIT, qui figure dans ce budget, avant même que le débat public n’ait eu lieu, est désormais baptisé « Lignes Nouvelles Ouest Bretagne – Pays de La Loire » (scénario M-C1C) . Il s’articule autour des lignes sud bretonnes et d’une ligne nouvelle Rennes-Nantes via l’aéroport de Notre Dame des Landes.

Contrairement à ce qui a été dit hier, la réalisation d’une ligne centre bretonne, notamment St Brieuc-Loudéac-Auray, n’est pas dans le scénario qui a votre préférence et que vous avez défendu à Paris. Et dire que notre voix discordante sur ce sujet relève d’une volonté de « démarcation stérile » (Herri Gourmelen – UDB) ou de « polémique absconce » (Gaëlle Nique – PS), c’est ignorer qu’il s ‘agit là d’une différence de fond sur nos priorités en matière d’aménagement du territoire breton.

Vous nous vendez ce projet en affirmant qu’il va désaturer les lignes sud bretonnes et donc servir aussi les mobilités du quotidien sur des tronçons parmi les plus fréquentés de Bretagne. C’est vrai. C’est ce que vous appelez en langage très technocratique, le meilleur « rapport socio-économique ». Oui, il augmentera les vitesses sur Rennes-Brest et Rennes-Quimper par de nouvelles sections de ligne, dont on ne sait pas exactement ce qu’elles seront (doublement de lignes, doublement des voies). Sauf qu’à l’origine, le projet ouest breton de BGV consistait en la rénovation de l’existant. Mais aujourd’hui cela ne suffirait plus et il faudrait des sections de lignes nouvelles avec un budget, rappelons le, autrement plus conséquent ! Pour la rénovation nous sommes entre 3 et 10 millions quand une nouvelle section de ligne nous amène autour de 20 millions du kilomètre ! Et pour gagner 9 minutes entre Brest et Paris et 15 minutes entre Quimper et Paris ? C’est cher du kilomètre et cher de la minute.

Mais si vous n’aviez pas les yeux rivés sur cet hypothétique aéroport à NDDL, vous admettriez avec nous qu’il est possible d’allier grande vitesse, amélioration de l’existant et donc des lignes de proximité indispensables aux déplacements au quotidien. M. le président, une ligne nouvelle Rennes-Loudéac en lien avec l’ouverture du Triskel ferroviaire peut le permettre. A budget équivalent, avec un impact environnemental bien moindre puisqu’il s’agit avant tout de rénover l’existant, nous affirmons qu’il est possible de raccourcir les temps de trajet depuis la pointe bretonne tout en réalisant des dessertes nouvelles par le Centre Bretagne.

Ce scénario en Y, fait partie des scénarii qui seront mis au débat mais il semble que vous l’ayez d’ores et déjà rejeté. Une fois ce projet réalisé, il ouvre même des perspectives pour un second Y, c’est à dire Brest et Quimper reliés à une nouvelle ligne Chateaulin-Carhaix-Loudéac. Mais aujourd’hui, en l’état actuel des orientations retenues, ce doux rêve ne fait que s’éloigner encore un peu plus.

Bien-sûr dans notre scénario à nous, pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes mais une rénovation de Nantes- Atlantique et une réhabilitation des lignes Rennes-Redon pour la grande vitesse ou de Rennes-Châteaubriant-Nantes, permettant de désenclaver cette partie de l’Ille et Vilaine qui est un désert en matière d’infrastructure de transport.

Encore eut-il fallu que les régions Bretagne et Pays de la Loire travaillent de concert sur cette rénovation, et profitent de la réalisation d’un tram-train entre Nantes et Chateaubriant pour en faire un outil de rapprochements entre les deux capitales bretonnes. Au lieu de cela, Chateaubriant est une frontière ferroviaire. Il semble qu’en matière ferroviaire, la réunification bretonne intéresse peu.

Vous comprendrez, M. le président, que nous ne pouvions pas vous accompagner à Paris, défendre auprès de la commission mobilité 21 un texte qui pointait comme seules priorité pour la Bretagne un projet BGV dénaturé, articulé autour d’un projet d’aéroport que nous combattons et qui ne portait aucune revendication en matière de fret. Le fret est d’ailleurs le grand absent de ce budget, mais je réserve cela pour un autre débat. Toujours est il que nous demandons qu’un scenario ferroviaire breton, sans aéroport à Notre Dame des Landes, soit étudié.

 

2 commentaires pour “Transports : pour des investissements utiles et plus efficaces”

  1. Bonjour,
    Bravo pour vos démarches auprès du Conseil régional. J’aimerais que l’EELV s’intéresse aussi aux différents tarifs « Bus » appliqués sur le trajet Rennes – Ploërmel.
    Ci joint commentaires des utilisateurs du pays dans l’Ouest France – avec mes respects

    Ploërmel. Rennes en car 12,40 € en boutique, 17,50 € sur Internet !
    Ouest France – Transports lundi 28 janvier 2013

    17,50 € pour aller à Rennes ! Le billet ne coûte pourtant « que » 12,40€ (plein tarif) quand on l’achète en boutique SNCF…
    À la suite de notre dossier Les cars pour Vannes et Rennes au banc d’essai, les lecteurs réagissent.
    De 12,40 € à 17,50 € pour Rennes
    Rostam de Taupont nous fait remarquer que le billet plein tarif du car Ploërmel-Rennes n’est pas tout à fait le même selon qu’on l’achète dans une boutique SNCF (12,40 €) ou sur Internet : il vous faut alors débourser… 17,50 € !
    Brigitte qui habite près de Marseille mais vient régulièrement à Ploërmel rendre visite à sa mère, déplore le manque de correspondance entre les TGV en provenance de Marseille et le car au départ de Rennes. « Depuis le changement horaire des TGV, les horaires de car ne correspondent plus. Le car du matin ne permet plus d’arriver pour prendre le TGV du matin à Rennes. Il faut prendre celui du midi qui fait attendre plus de 2 h et le TGV de l’après-midi fait arriver très tard trop tard sur Marseille. »
    Quant à Krystina de Ploërmel, elle trouve le tarif du Ploërmel-Rennes « onéreux et le temps de trajet aussi long qu’en voiture ». Et elle rêve… « d’un transport qui se situerait au-dessus de la RN 24 avec une vitesse plus élevée. Rêvons, Rêvons, Rêvons !!! »

  2. Merci pour votre commentaire. Nous en prenons bonne note.

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