Nous demandons l’union sacrée pour la langue bretonne
« Nous avons dix ans pour inverser la tendance au déclin de la langue bretonne. C’est maintenant qu’il nous faut construire les outils qui donneront à notre Région les capacités d’apporter des réponses à la hauteur des enjeux du maintien de la diversité linguistique et culturelle. Nous demandons ici l’union sacrée pour la langue bretonne et proposons que chaque Vice-président et délégué portent dans la politique qu’ils développent au moins une action forte pour la langue bretonne ou gallèse. »
Retrouvez, ci-dessous, l’intégralité de l’intervention de Yannik Bigouin pour EELV sur les langues lors de la session budgétaire du Conseil régional de Bretagne.
—
J’ai bien noté l’inscription dans ce budget de politique que nous avions voté comme la semaine de langue bretonne ou du gallo suite à une une proposition faite par la rapport Broudig.
Je remarque aussi que le budget augmente et c’est une bonne nouvelle même si il ne représente que 0,60 % du budget total. A quand le 1% pour les langues ! Comme les 10 francs donnés à Diwan à l’entrée des festoù noz il-y-a 30 ans.
Je rêve de voir des projets pour la langue toucher d’autres cercles que ceux des militants. Cela passe par des actions originales. Que les langues de Bretagne aillent là où on ne les attend pas, qu’elles traversent le monde économique et social. Ça n’en sera que mieux pour nous, pour elle, pour notre culture. Or, je remarque que c’est encore les ententes de pays qui portent les projets liés à la langue bretonne. Même si elles sont légitimes, je ne suis pas sur que cela permette de réaliser mon rêve.
Nous demandons ici l’union sacrée pour la langue bretonne. Pas une union de façade, pas une union d’intentions, pas de jolies phrases ou des vœux pieux. Non un véritable sursaut de l’exécutif pour donner sa chance à ce que nous sommes les seuls à posséder dans le monde : la dernière langue celtique continentale encore vivante.
Oui, j’aurai voulu voir l’union sacrée de tout l’exécutif régional et de l’opposition, toute tendance, debout – comme vous l’étiez tous devant le Premier ministre gallois – pour cette langue, pour nos langues. Nous avons proposé que chaque vice-président et délégué portent dans la politique qu’ils développent au moins une action forte pour la langue bretonne ou gallèse. Par exemple, intégrer des actions pour la langue bretonne dans les actions en faveur de la jeunesse, favoriser la transmission inter-générationnelle en finançant des actions permettant la rencontres entre locuteurs de naissance et néo-britophone ; soutenir les activités sportives en breton par la mise en place de diplômes de moniteurs bilingues ; expérimenter des cours en bretons, et non pas de breton, dans les écoles supérieures. Dans les transports, je me désespère d’entendre une annonce en breton dans nos TER M Lahellec. Dans la politique de formation : nous avons su créer un module de formation pour les auteurs en langue bretonne, alors, pourquoi pas, comme en Corse, une approche de la langue dans les formations sanitaires en sociales. Dans le cadre de nos actions économique, avec une promotion spécifique de la langue auprès des entreprises. Dans la politique des lycées, avec pourquoi pas l’intégration d’un volet linguistique dans le dispositif Karta. Hélas, non, rien, pas de transversalité de la politique linguistique. Vous restez dans vos cases. Pep hini e rank ! Pegen trist eo !
J’aurai voulu voir également une union sacrée auprès des dernier locuteurs pour une vraie politique publique porteuse de liens entre générations. Certes votre collègue, Président du Conseil général du Finistère ne voit pas la langue bretonne comme langue d’usage. Dans un sens, il a raison : la langue bretonne n’a plus la fonction sociale qu’elle a pu avoir en Bretagne, mais ce qu’il oublie, c’est qu’elle structure et porte tellement de ce qu’est la Bretagne que nous ne pouvons que donner encore plus de notre énergie et notre temps pour que cette langue puisse encore faire briller de ces feux les yeux des jeunes bretons. C’est une question de posture. Soit nous sommes dans une posture de reconquête linguistique, soit nous sommes dans une posture de sauvegarde d’un patrimoine immatériel, comme on dit maintenant. C’est cette dernière posture que le Président du Conseil général du Finistère 29 à choisi. Je le regrette. Pourtant, il-y-a eu des actions dans la politique linguistique du Conseil Général du Finistère vraiment intéressant comme l’opération « Quêteur de mémoire » qui permettait de faire rencontrer locuteurs de naissance et nouveaux locuteurs. Hélas depuis peu cela n’existe plus. Aussi, suite à ces déclarations du Président du Conseil général du Finistère, il nous faut affirmer notre posture de reconquête et réaffirmer que nous voulons voir l’institution Région devenir chef de file de la politique linguistique, avec un pouvoir prescriptif, et d’expérimenter au niveau régional une grande opération quêteur de mémoire (vous choisirez un autre nom si vous voulez) ? Car il manque dans cette politique linguistique toute une partie sur la transmission du breton populaire et le lien avec les brittophones de naissance.
Nous avons dix ans pour inverser la tendance au déclin de la langue bretonne. C’est maintenant qu’il nous faut construire les outils qui donneront à notre Région les capacités d’apporter des réponses à la hauteur des enjeux du maintien de la diversité linguistique et culturelle en Bretagne.