Trop, c’est trop !

Vous trouverez ci-dessous un communiqué de presse de la commission LGBT des Verts au ton inhabituellement solennel et ciblé, une fois n’est pas coutume, vers un certain nombre d’associations et medias LGBT. Nous sommes amer-e-s, déçu-e-s et pour tout dire nous sentons assez remis-e-s en cause dans un militantisme qui date pour certain-e-s d’entre nous de plus de 10 ans et nous a parfois causé quelques problèmes, allant jusqu’à l’agression physique. La goutte d’eau qui a fait débordé le vase est l’invitation faite par flag ce lundi 16 au soir à 3 associations politiques (liées au PS, à l’UMP et à l’UDF) pour un débat sur la présidentielle excluant de fait les représentant d’autres candidats pourtant tout aussi légitimes nous semble-t-il à pouvoir s’exprimer. Mais ce n’est que la manifestation la plus récente d’une pratique qui tend à se généraliser dans cette fin de campagne présidentielle. La négation de plus en plus fréquente de notre existence même, outre le déni démocratique qu’elle représente dans la période, est ressentie par nous comme une insulte à ce que nous avons fait et faisons pour la cause de l’égalité des droits pour les personnes LGBT. D’où notre réaction de ce soir. Et probablement des conséquences que nous tirerons à moyen terme.

Bien cordialement Co-responsables de la commission LGBT des Verts Marie-Paule Lolo, Pierre Serne

Trop, c’est trop !

La Commission LGBT des Verts s’étonne de la tournure que prend la campagne électorale pour ce qui concerne les questions relatives aux droits des personnes lesbiennes, gaies, bi et trans. Il est, en effet, normal d’être attentif aux propositions de François Bayrou, Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy ; il n’est pas anormal de s’intéresser davantage aux positions défendues par des candidats qui semblent pouvoir accéder au second tour de l’élection présidentielle ; il est en revanche dangereux pour la démocratie et même pour les revendications des personnes LGBT de laisser s’organiser le débat autour de leurs seules propositions.

Ainsi, c’est une véritable amnésie qui caractérise ce débat. On semble avoir le plus souvent oublié l’apport décisif des Verts aux combats pour l’ouverture du mariage aux couples homosexuels : c’est le mariage célébré à Bègles par Noël Mamère en juin 2004, auquel Madame Royal s’était opposée en son temps, qui a permis d’imposer cette revendication en France.

Cette situation pose des problèmes démocratiques : en agisssant ainsi, on empêche les citoyens de choisir entre l’ensemble des projets, puisqu’on en sélectionne trois pour eux.

Cette situation pose des problèmes politiques évidents : en mettant le curseur entre ces trois candidats, on oublie des revendications capitales sous le prétexte qu’aucun des trois candidats en question ne les soutient. Ainsi, personne ne semble s’étonner du fait que Ségolène Royal refuse de s’engager sur l’autorisation de la Procréation Médicalement Assistée aux couples de femmes qui souhaitent y accéder dans les mêmes conditions que les couples hétérosexuels ; personne ne semble remarquer que la même candidate refuse de prendre le moindre engagement en faveur des personnes transexuelles (ni harmonisation des décisions des tribunaux, ni autorisation du changement d’état-civil sans chirurgie de réassignation sexuelle). Personne ne remarque que M. Bayrou est favorable au remboursement des soins reçus à l’étranger pour les personnes transexuelles alors que Madame Royal s’y oppose. Une fois de plus, il semble donc que la campagne se fasse sur le dos des lesbiennes et surtout des personnes transexuelles !

La commission LGBT des Verts appelle donc l’ensemble des associations et des media à rester mobilisés pour faire avancer l’ensemble des revendications. Et le meilleur moyen pour le faire n’est certainement pas de placer le curseur entre le PS et l’UMP : il s’agit d’être attentifs aux positions de l’ensemble des candidats, Verts y compris mais pas uniquement, et de se servir de l’ensemble des soutiens du mouvement LGBT pour obliger la candidate du Parti Socialiste à aller plus loin que ce qu’elle fait à ce jour et qui reste insuffisant.

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