Pour reconquérir la confiance
En mars 2014, la majorité présidentielle a été sévèrement déjugée lors des élections municipales. En conséquence, le Président de la République a décidé de changer de 1er Ministre, et lui a remis une feuille de route qui s’inscrit dans la continuité des deux dernières années. Si le discours de politique générale de ce nouveau 1er ministre, le 8 avril dernier, est énergique et cherche à bousculer, il affiche lui aussi une volonté de continuité. On note un changement de style, mais pas de fond.
Nous sommes nombreux à nous interroger sur le sens politique qui veut être donné à ce 2ème acte du quinquennat. Le pacte de responsabilité confirme de nouveaux avantages fiscaux pour les entreprises quelles que soient leurs tailles ou leurs activités (30 milliards), le pacte de solidarité est annoncé (5 milliards) mais ses modalités restent floues, la réforme territoriale est justifiée seulement par des raisons budgétaires, plutôt que par de vraies ambitions décentralisatrices qui recueilleraient l’adhésion, porteuses de valeurs et d’objectifs sociaux et économiques.
Alors ce 8 avril, avec ces interrogations, j’ai choisi, avec d’autres, de m’abstenir d’accorder d’emblée et par un vote à l’assemblée nationale ma confiance au gouvernement, dans l’attente d’obtenir des éléments complémentaires et des signes de nature à nous rassurer sur son ambition à proposer un projet qui ne se réduise pas à ce seul mot d’ordre: « restrictions budgétaires ».
Le 16 avril, le 1er Ministre a présenté les orientations budgétaires qui devraient être débattues fin avril au parlement.
– Moins 11 milliards pour les collectivités territoriales sans leur donner de moyens pour trouver des contreparties, fiscales par exemple
– Moins 11 milliards pour la sécurité sociale, susceptibles de modifier brutalement les usages et sans préciser les secteurs affectés
– Moins 10 milliards sur les prestations sociales qui impacteront de nombreuses familles déjà en difficulté
– Moins 18 milliards pour le budget de l’Etat, sans précision sur les secteurs impactés
A ce moment précis, mon abstention s’avère encore justifiée, tant ces annonces paraissent éloignées des engagements que nous avons pris devant les électeurs.
Pour autant, je ne veux pas l’échec de notre majorité. Cette majorité à laquelle j’appartiens, je souhaite sa réussite. Pour cela, nous sommes nombreux à implorer le gouvernement d’écouter les parlementaires et les élus locaux, en contact quotidien avec les habitants de leurs circonscriptions, qui manifestent leur inquiétude.
Pour créer de l’emploi, il faut qu’un soutien puissant soit apporté aux filières d’avenir, aux petites et moyennes entreprises en priorité, à la reconversion industrielle ciblée, au travers de l’investissement public et de mesures fiscales pour les entreprises qui réinvestissent leurs gains plutôt que de les distribuer à des actionnaires.
Pour combattre la finance, il faut soutenir un nouveau mode de développement, s’appuyant sur l’innovation sociale, technologique, ou culturelle, par exemple au travers du portage politique mieux affirmé du projet de loi visant un changement d’échelle de l’économie sociale et solidaire, proposé par le précèdent gouvernement et actuellement en débat à l’assemblée nationale.
Pour re-localiser l’économie, lui redonner un visage et une intention envers les demandes et besoins de nos concitoyens, nous voulons encourager les collectivités publiques locales, aidées de l’Europe, à investir, au travers d’une réforme territoriale et fiscale ambitieuse. Ce sont de ces reformes structurelles là dont le pays a besoin.
Une économie vivante et dynamique, respectueuse des êtres humains, des biens communs et économe en ressources non renouvelables, apportera ces recettes nécessaire dont l’Etat est en quête. Parce qu’au-delà des questions économiques, nous devons aller plus loin dans les réformes sociétales, pour adapter les droits sociaux aux modes de vie et aux aspirations d’aujourd’hui, nouvelles familles, nouvelles mobilités, liens intergénérationnels et fin de vie, libertés numériques, démocratie participative et mode de scrutins électoraux, recherche publique et sens des actions éducatives, formation tout au long de la vie…
Combattre la finance, créer de nouveaux emplois de qualité en réponse à des besoins avérés, relocaliser l’économie, réinventer la redistribution des richesses dans un monde globalisé, engager des réformes sociétales… sont autant de promesses du candidat Hollande que nous avons soutenu et porté lors des élections législatives. Celles-ci ont créé beaucoup d’attentes et d’espoir envers la capacité de la politique, et donc des citoyens au travers leurs élus, à reprendre la main. Il est urgent d’engager leur concrétisation d’ici la fin de ce quinquennat, c’est la seule voie pour affronter la montée des populismes.
Bravo! il faudrait que beaucoup de parlementaires pensent comme toi.
J Rodilla