Intervention de Vincent Fristot sur le réacteur nucléaire Siloé

VF

Conseil municipal du 27 octobre 2014 – ENVIRONNEMENT : Avis de la Ville de Grenoble relatif au projet de déclassement de l’installation nucléaire de base (INB n°20) SILOE du CEA à Grenoble.

Les 3 réacteurs de recherche du CEA à Grenoble, qui ont fonctionné à l’uranium hautement enrichi (93%), ont terminé leur phase d’exploitation et sont en fin de démantèlement :

  • Mélusine (8MWth) utilisé jusqu’en 1988, radiée des INB en 2011 ;
  • Siloette (100kW) déclassé en 2007 ;
  • Il reste le cas du réacteur Siloé (35MW) en fin de démantèlement qui attend son déclassement (disparition administrative de l’INB). L’avis de la Ville de Grenoble est sollicité (selon les textes en vigueur) sur le dossier de déclassement. Le coût du démantèlement de Siloé s’élèverait à 100 millions d’euros.

4 ans de retard pour finir le démantèlement

Sur ce dossier, notre attention a été attirée par la durée du démantèlement de l’installation Siloé, prévu en 2005 par décret pour 5 ans. Ainsi, plusieurs décrets ont modifié la date de fin de démantèlement jusqu’en avril 2014.

Après une étude plus poussée des éléments du dossier, il s’avère que le CEA a d’abord envisagé de procéder au démantèlement de Siloé en 2 phases, laissant la partie radiée (plateforme sur laquelle repose le bâtiment) être démolie en filière classique. L’autorité de Sureté nucléaire n’a pas admis cette formule et a donc obligé le CEA à décontaminer, y compris le radié et la terre située en dessous qui avait fait l’objet de contamination.

Plusieurs pollutions lors du fonctionnement de ce réacteur de recherche

Selon le haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire, plusieurs événements notables ont affecté l’installation SILOE :

  • de 1965 à 1972, plusieurs défauts d’étanchéité du bloc piscine ont occasionné des fuites essentiellement composées de tritium ;
  • le 7 novembre 1967, l’Agence internationale de l’Energie Atomique (AIEA) signale une fusion partielle de pastilles de combustible de Siloé lors d’essais en mode surpuissance
  • 1986 : détection d’une fuite d’eau au travers du carrelage de la piscine principale de Siloé avec contamination du radié et fuite dans la nappe.

Il convient de demander que l’Etat fasse établir une expertise par un organisme indépendant des exploitants du nucléaire pour déterminer en toute transparence l’impact du fonctionnement de Siloé dans les eaux et les sols.

Une servitude d’utilité publique pour garder la mémoire

Il est essentiel qu’une servitude d’utilité publique soit établie par l’Etat sur cette parcelle et ne pas se limiter à une simple « restriction d’usage conventionnelle au profit de l’Etat ». Les citoyens disposeront ainsi d’une information claire et transparente sur l’histoire et l’état actuel du site.

Un niveau de décontamination qui manque de clarté

Le dossier manque de clarté à propos du niveau de seuil maximal de contamination admissible. Il convient de faire une analyse précise à l’aide d’une expertise indépendante. Nous avons demandé les résultats des contrôles radiamétriques imposés fin 2013 par l’ASN. Sur 30 prélèvements demandés par l’ASN, nous n’avons eu communication que de 4 résultats.

Conclusion

Il convient donc d’émettre un avis négatif sur le dossier de déclassement de l’installation INB N°20 présentée par le CEA à l’autorité de sûreté nucléaire.