Culture pour tous ?
A l’approche des élections municipales vont fleurir les discours généraux et généreux sur la grande culture pour tous. En revanche, la question des moyens pour y parvenir est rarement posée.
On peut, à Tours et dans l’agglomération, accéder à des lieux culturels gratuitement ou à faible coût : au Centre de Création Contemporaine –CCC-, aux expositions du château de Tours, au Musée des Beaux Arts, au Temps Machine, à tel ou tel monument du patrimoine…
Un ticket d’entrée d’abonné au cinéma Studio est moitié moins cher que celui d’un multiplexe.
Des dispositifs existent pour accéder gratuitement à des spectacles vivants.
Pourtant, une partie des tourangeaux ne se rendent jamais dans ces lieux. Une majorité ne pratique aucune activité artistique.
Ce n’est pas qu’un problème technique ou financier, mais avant tout une question de médiation culturelle, d’éducation, de formation à des expressions artistiques et…de volonté politique.
La peinture, la photographie, le théâtre, la musique, l’architecture, le cinéma… fonctionnent avec un langage, avec des codes qu’il faut s’approprier.
C’est bien entendu une des missions de l’école, c’est le rôle du tissu associatif mais c’est aussi pleinement celui d’une municipalité.
Développer des médiations auprès des publics exclus, par des actions qui ne sont pas toujours spectaculaires ou visibles et souvent difficiles à évaluer.
Bien des leviers peuvent être actionnés pour y parvenir.
Quelles pistes pour une autre politique culturelle ?
Sortir du centre ville et organiser des événements d’ampleur dans différents quartiers
Lier les grands évènements culturels (expo, festivals,..) à des pratiques artistiques, des moments de découvertes dans tous les quartiers de la ville. Mélanger pratiques amateurs et professionnelles
Dynamiser les lieux culturels en les ouvrant sur l’extérieur, en sortant les œuvres, en les rendant conviviaux (cafétéria, animations, dispositifs hors les murs…)
Mettre en place un lieu de création pour les artistes de la ville qui serait aussi un lieu de ressources (pratiques et offres culturelles)
Installer des lieux d’exposition et de pratiques artistiques dans les quartiers. S’intéresser aux pratiques des tourangeaux en donnant les moyens de les mettre en valeur.
Une partie de ces propositions ne fonctionneront que si des personnes qualifiées les portent au plus près des habitants.
L’embauche par la municipalité de médiateurs culturels est indispensable : pour faire vivre les propositions, pour accompagner, pour initier des pratiques, pour expliquer, faire découvrir, faire le lien avec les œuvres passées (histoire de l’art), donner l’envie de faire et d’explorer de nouveaux domaines…
Qu’est ce qu’un médiateur culturel ?
Derrière ce titre générique, se cachent des profils riches et variés. Tous ont cependant un objectif commun : assurer au plus grand nombre l’accès à la culture.
Qu’il exerce dans une bibliothèque, un musée, ou qu’il soit rattaché à un quartier… le médiateur culturel travaille toujours en concertation avec une équipe et au contact du public.
Sa formation : les écoles privées et les universités ont développé de nombreux cursus de management culturel ou de mise en œuvre et gestion de projets culturels. D’autres cursus sont plus tournés vers la pratique (le DUMI pour les intervenants musicaux par exemple).
Certains médiateurs peuvent intégrer à l’année des services de la ville (patrimoine, éducation…), d’autres peuvent être des ressources plus ponctuelles sur des évènements.
Quelques propositions de missions pour des médiateurs culturels à Tours :
Profiter du passage aux nouveaux rythmes scolaires pour mettre en place, dans la durée, de véritables projets de sensibilisation à l’art et au processus de création auprès des enfants des écoles,
Lier les expositions de photos du château de Tours à la mise en place sur le site même d’ateliers intergénérationnels de pratique photographique,
Faire vivre des ateliers ambulants de dessin à travers la ville,
Animer des ateliers de pratiques artistiques en lien avec un artiste en résidence dans un quartier,
Initier de vastes actions participatives qui créeront du lien entre les habitants,
Faire découvrir, par des animations, le patrimoine architectural ou naturel de la ville,
Pour que l’horizon culturel de nos enfants ne se cantonne pas au téléchargement au kilomètre de musiques ou d’images créées par les industries du divertissement, misons sur l’humain et envisageons la culture comme un bien commun de haute nécessité à explorer et surtout à partager.