Requalification du quartier de Thouars : mettre les attentes des habitants au cœur du projet
Le quartier de Thouars date des années 1970. Typiques de ces années, ces grands ensembles d'immeubles collectifs ont été construits pour répondre à une forte demande en logements... Si aménagement et rénovation des immeubles semblent une nécessité, on peut se poser la question de la gestion du projet d'ensemble, mené par le Maire.
Le projet municipal et son dossier de requalification du quartier traînent depuis des années. Sans attendre, les bailleurs sociaux ont effectué des aménagements dans les immeubles : ravalement de façades, installation de production d'eau chaude solaire, bacs de tri enterrés (qui n'ont pas tous été mis en service). Mais à l'orée des élections municipales, Alain Cazabonne a relancé le dossier et avance à marche forcée. Il achète à tout prix et toutes conditions les derniers fonds de commerce et lance les bulldozers. C'est la politique de la terre brûlée et du non-retour… Drôle de façon de concevoir la concertation tant vantée par le Maire !
Puisqu'il a été fait table rase, il est grand temps de tout remettre à plat et de lancer une véritable concertation pour construire ce projet avec les habitants. Notre attention portera sur le respect de trois grands principes : apaiser la circulation, embellir le quartier, soutenir le dynamisme économique.
Apaiser la circulation
Le Maire a pris ses désirs pour des réalités - ou manie communication et désinformation - et a annoncé des déviations de circulation sur Villenave d'Ornon alors que le maire de cette commune n'était semble-t-il pas avisé (il s'y est depuis opposé). Le flux de voitures venant de la rocade (plus de 18 500 véhicules chaque jour) ne peut pas être détourné et il paraît aberrant de le rediriger vers le cœur du quartier. Cet espace doit au contraire être rendu aux habitants. Par ailleurs, les quartiers aux alentours sont constitués de lotissements dont le cahier des charges s'oppose à ces modifications de flux de circulation.
Embellir le quartier
Les aménagements urbains et paysagers doivent être réalistes et respecter le souhait des riverains. Les habitants ont ainsi exprimé leur attachement à la butte, symbole visuel et lien physique entre les immeubles et le centre du quartier. L'arasement de la butte est un projet mégalo au coût exorbitant. Le maire ose pourtant communiquer sur la création de m² d'espaces verts ! Cette butte de verdure doit être réaménagée et embellie. Elle remplit plusieurs fonctions fondamentales pour la qualité de vie du quartier :
- elle canalise le flux traversant des voitures venant de la rocade en l'enterrant en tranchée dans la rue Racine,
- elle permet un cheminement piéton sécurisé et hors du flux des voitures pour rejoindre le centre commercial et l'avenue de Thouars,
- elle offre un espace vert pour se promener et jouer aux pieds des immeubles,
- enfin, elle assure un niveau intermédiaire et réduit ainsi la différence de hauteur entre les immeubles et le niveau de la rue.
Nous pourrions mettre en place une couverture complète de la rue Racine au pied des immeubles Lahire et Lancelot, ce qui permettrait de renforcer l'isolation phonique et offrirait un espace supplémentaire pour y installer des terrains de sport ouverts à tous. Les habitants souhaitent renforcer la qualité de vie de leur quartier en valorisant les circulations piétonnes à travers un espace vert. Ils veulent enfin enrichir et compléter le lien social par des commerces et services de proximité.
Soutenir le dynamisme économique
Puisque le Mutant a laissé un trou béant, réfléchissons à y installer des espaces qui seront ainsi naturellement isolés et qui peuvent se contenter de lumière artificielle. Parkings, lieu de stockage des commerces, serveurs informatiques, locaux techniques et centrale de chauffage collectif peuvent ainsi être enterrés sous une butte qui sera harmonieusement reconstituée au-dessus.
De même, la municipalité devra mettre une condition pour les commerces qui souhaitent s'installer, tant sur leurs objets que sur les emplois créés qui devront être en priorité recherchés parmi les habitants du quartier ou les Talençais, afin de réduire les parcours « travail-domicile ». Les « pas de porte » devront être réservés aux commerces et services de proximité, qui seront utiles aux habitants au quotidien et participeront à assurer une animation et du lien social dans un quartier vivant et où il fait bon vivre.
Après l'heure des promesses et des jolies présentations, viennent les travaux et les complications. Aujourd'hui encore, le budget n'est pas bouclé et les aménagements verts (qui ont tellement enthousiasmé les habitants) sont sacrifiés. Nous voulons faire de la requalification du quartier de Thouars un modèle de concertation et une réussite pour ses habitants et non pas une simple opération de communication comme le Maire sait si bien les faire.
Illustrations tirées de l'étude de recomposition urbaine Talence Thouars Février 2011, disponible ici.
Laisser un commentaire